Le Cygne, C. Baudelaire
Par Ninoka • 1 Novembre 2018 • 1 760 Mots (8 Pages) • 694 Vues
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- la négresse = figure d’exilée rongée par la maladie, anonyme. Constitue une transition vers tous les exilés anonymes. Le vers 43 évoque un paysage africain « absent[s] » qui s’oppose à « la muraille immense du brouillard urbain » (métaphore de la "muraille" qui traduit l'impossible retour)
- L’évocation des exilés s’élargit ensuite dans les deux dernières strophes à des figures anonymes qui ont subi une perte : tournures généralisantes "A quiconque", "à ceux qui" + pluriels ("maigres orphelins", "matelots", "captifs", "vaincus"…) Des figures de plus en plus anonymes et de moins en moins développées (plusieurs strophes pour Andromaque ou le cygne, 1 strophe pour la négresse, 1 vers pour les orphelins ou les matelots, les mentions "captifs", "vaincus", ne connaîtront pas d'expansion), comme si le poète s'éloignait dans la "forêt" de sa rêverie.
=> v. 45 : perte absolue comme l’indique la répétition « Jamais, jamais ! » soulignée par l'exclamation et le rejet)
=> qui connaissent une souffrance extrême (personnification de la Douleur v. 47, allusion à l’histoire de Rémus et Romulus, les deux ennemis mythiques élevés par une louve aux vers 47/48, « oubliés dans une île » v. 51 = référence à Hugo ?).
- 2. L'exilé, une figure allégorique de la condition humaine et du poète
2.1. une représentation du poète et des fonctions de la poésie
Les figures d’exilés représentent la condition du poète : l’exil spatial d’Andromaque et de la négresse, l’exil temporel de Baudelaire, l’exil du cygne deviennent des allégories de la condition du poète, exilé dans un monde où il souffre, dans un monde qui ne correspond pas à ses aspirations.
- Le poète « ridicule et sublime », déchiré entre les contingences terrestres et sa quête d'idéal.
Poème bâti sur des antithèses et des oxymores dans la description des exilés :
- éléments marquant un abaissement des exilés : « gestes fous », « ridicule », « tombée », « vil bétail » / « auprès d'un tombeau vide en extase courbée » et "l'œil hagard" suggérant des êtres que la raison a désertés.
- éléments marquant la grandeur des exilés : « grand cygne », « sublime », « extase », « superbe Afrique »
cf. poème « L’Albatros » : « Le Poète est semblable au prince des nuées / Qui hante la tempête et se rit de l'archer; / Exilé sur le sol au milieu des huées, / Ses ailes de géant l'empêchent de marcher. »
=> tous les exilés ont la nostalgie d'un monde perdu : il s'agit d'une référence à une forme de « paradis perdu », à une « vie antérieure » (cf. poème du même nom), plus simplement, c'est une référence à L'Idéal perdu baudelairien.
=> poète solidaire, à côté de ceux qui souffrent, de ceux qui sont rejetés (cf. aussi poème « Bénédiction) => fraternité du malheur (cf. image du poète souffrant et maudit, idée chère aux romantiques) ; connotation affective de l'adj. possessif « mon grand cygne » v.34)
- Les pouvoirs du poète et de la poésie
- capacité de résister au temps, à la disparition (poète fixe dans l’éternité les figures oubliées (v.32 « roc » évoque l’immuabilité, l’éternité, la pierre) [cf. « l’art est un anti-destin » de Malraux]
- pouvoir créateur du poète capable de déchiffrer les « symboles » du monde et d’en faire des allégories : homonymie « cygne » / « signe », v.31 « tout pour moi devient allégorie », théorie des correspondances
- Le monde visible devenait l'allégorie du monde invisible, que seul le poète est capable de déchiffrer.
(cf. poème « Correspondances » : « La Nature est un temple où de vivants piliers / Laissent parfois sortir de confuses paroles / L'homme y passe à travers des forêts de symboles ») => illustration de la démarche poétique de Baudelaire.
2.2. Une méditation sur la condition humaine
- Le statut d’exilé, l’inadaptation de l’homme au monde devient inhérent à la condition humaine : énumération ouverte des deux dernières strophes…
- Réflexion sur le destin et les causes et le sens de la souffrance (à travers l'interprétation symbolique de la tête du cygne tournée vers le ciel, homme en quête de Dieu, d'un sens à l'existence).
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