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La poésie est-elle faite pour être lue à voix haute?

Par   •  7 Décembre 2018  •  1 499 Mots (6 Pages)  •  935 Vues

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Nous pouvons donc bien confirmer par le travail du langage, par les fonctions engagées, mais aussi par son origine, que la poésie est faite pour être lue à voix haute. Pour autant, de nombreux mouvements depuis sa création suggère une nouvelle approche de la poésie, où certains poèmes gagnent à être lus silencieusement.

En premier lieu, certains poèmes perdent tout intérêt à être écoutés, puisqu’ils gâchent l’esthétique visuelle de l’œuvre. Le calligramme, agréable mélange de poésie et de dessin, sort du modèle conventionnel en accordant une place très importante à la présentation du texte. Oraliser un calligramme dénue en général le poème de sens. On le voit dans « L’autruche » de Vette de Fonclare, si l’on prononce les vers aux niveaux des plumes, le rendu oral sera absurde. L’acrostiche, quant à lui, permet de délivrer un message caché, qu’on ne pourrait point distinguer à l’oral. Certains sont vraiment subtils, et ajoutent du sens au texte. On peut citer, dans « Le dormeur du val » de Rimbaud, un acrostiche aux 3 derniers vers réalisé avec les lettres [L] [I] [T] accentue l'idée que le soldat est allongé dans un lit de nature et dort. D’autre part, la forme générale du poème n’est pas anodine et contribue à l’aspect visuel de l’œuvre. On retrouve une grande importance de la disposition des strophes dans « Les pluies à Mélenn » de Xavier Grall, où la pluie est formée de différentes strophes, qui s’apparente d’ailleurs à de la calligraphie.

De plus, même si le poème s’accommode à une lecture à voix haute, la lecture silencieuse permet au lecteur de mieux appréhender et d’apprécier l’œuvre. Ecouter un texte très long peut parfois mener à une incompréhension partielle ou totale du texte. C’est pourquoi lire silencieusement permet au lecteur qui souhaite mieux comprendre le texte le relire. Des textes comme « Le pain » ont plusieurs sens différents, qu’ils soient en première approche d’une leçon, ensuite d’une description puis d’un sens caché, que le lecteur aura pour plaisir à comprendre. Les textes à chutes, invitent à la relecture du poème. Dans « Le Dormeur du Val » de Rimbaud, on ne s’attend guère à une fin funeste pour le soldat, et l’on cherche donc pourquoi et comment avons-nous été piégés, et ainsi le texte n’est plus vu de la même manière. Par ailleurs, certains textes doivent être relus pour bien comprendre le sens implicite. C’est le cas dans le texte en prose « Les fenêtres » de Charles Baudelaire, où la description est en réalité prétexte à une définition implicite de la poésie et à une méditation sur la condition humaine. Mais encore, certains poèmes, complexes seraient plus adaptés à la lecture silencieuse. « L’apparition » de Mallarmé est fait de termes aussi compliqués que poétiques, et de métaphores dont le sens reste mystérieux. Le lire attentivement permet de le comprendre là où l’entendre n’aurait pas suffi.

Enfin, certains poèmes, notamment lyriques, gagnent à être lus pour soi dans l’intimité de l’acte de lecture. Le lyrisme est tout d’abord l’expression des sentiments personnels ou intimes des poètes mais la poésie lyrique se doit également de renvoyer les sentiments éprouvés par tous. Ainsi on privilégiera la lecture silencieuse pour les poèmes lyriques, qui parlent de sentiments forts qui touchent le lecteur en sa personne. Le poème lyrique « Ma morte vivante» de Paul Eluard transcrit son désespoir, son amour s’étant brisé, il pense à la mort d’une très mauvais augure et en fait part au lecteur. On ressent de la peine et éprouvons de la pitié à son égard. La peur de perdre son être cher (de quelque façon qu’elle soit) prend de court le lecteur et l’intrigue. Ensuite les poèmes sensuels voire à caractère sexuel ne sont quasiment destinés qu’à une lecture silencieuse, au calme. Des poèmes choquants tels que ceux censurés du recueil « Les Fleurs Du Mal » ne devraient pas être portés à l’oral.

Ainsi, nous avons vu que d’une part, la poésie est adaptée à la lecture à voix haute grâce à ses liens avec la musique et son pouvoir de transmission puissant mais qu’elle pouvait, dans le cas de poésies jouant sur un aspect visuel ou alors sentimental, être plus appropriée à une lecture silencieuse. L’intérêt de la poésie est alors là : elle est accessible au plus grand nombre, le lecteur lui qu’il préfère la lecture à voix ou la lecture silencieuse, y trouvera son bonheur.

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