L'abbaye de Thélème - Rabelais
Par Ninoka • 4 Décembre 2017 • 1 539 Mots (7 Pages) • 620 Vues
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mignonnement engantelé * portaient chacune ou un épervier, ou un laneret*, ou un émerillon*; les hommes portaient les autres oiseaux. » faire remarquer l’abondance des rythmes ternaires (compléments ou noms groupés par trois) qui montrent l’excellence et la perfection ; l’abondance des adjectifs et des adverbes pour souligner la délicatesse et la beauté de tout ceci. on croirait une tapisserie ou une fresque de la renaissance décrivant la beauté d’une chasse. Chasse très courtoise où hommes et femmes vont ensemble.
- l’émulation, le désir de paraître aussi bien aux yeux des autres (le sens de l’honneur). « c’est ce qu’ils nommaient l’honneur. »
- l’éducation, la culture . Et c’est ici l’apothéose de la culture humaniste : une connaissance encyclopédique et harmonieuse, créatrice (savoir écrire, savoir composer ), ouverte (connaître les langues). Il faut souligner que l’éducation est mixte : hommes et femmes (même s’ils connaissent chacun des travaux respectifs : armes et exploits physiques / travaux de toile) partagent une éducation soignée du point de vue des connaissances, de l’écriture, des « humanités » . connaître leur futur mari ; ici c’est le contraire : l’affection durera toujours car elle se fondera sur une connaissance mutuelle, sur le sens de la courtoisie et du respect (le dévot = le chevalier servant) et sur le choix fait par les jeunes gens eux-mêmes.
3- Les pensionnaires de l’abbaye décrits comme des êtres exceptionnels, parés de toutes les grâces, de toutes les qualités : le parallélisme « Jamais ne furent vus …. Jamais ne furent vues …. » suivi d’adjectifs plus que laudatifs montrent ce côté volontairement utopistes : on a choisi les plus beaux, les plus gracieux et gracieuses ….
III- Un texte qui ne manque pas d’un certain humour comme pour empêcher que le lecteur y croie trop à la lettre
1- unanimité un peu excessive et qui en devient humoristique : tous ….. (« Si l’un ou l’une disait : " Buvons ", tous buvaient. S’il disait: "Jouons ", tous jouaient. S’il disait: " Allons nous ébattre dans les champs ", tous y allaient. Si c’était pour chasser, … « ) Vision utopique qui repose sur le plaisir de faire plaisir, de ne pas s’attacher à un égoïsme personnel mais d’entrer collectivement dans le plaisir formulé par l’un des Thélémites.
2- la sortie de Thélème (lieu de rencontres et de mariage) comme un conte ! Les jeunes filles entraient au couvent et en sortaient pour se marier sans connaître leur futur mari ; ici c’est le contraire : l’affection durera toujours car elle se fondera sur une connaissance mutuelle, sur le sens de la courtoisie et du respect (le dévot = le chevalier servant) et sur le choix fait par les jeunes gens eux-mêmes.
3- Les pensionnaires de l’abbaye décrits comme des êtres exceptionnels, parés de toutes les grâces, de toutes les qualités : le parallélisme « Jamais ne furent vus …. Jamais ne furent vues …. » suivi d’adjectifs plus que laudatifs montrent ce côté volontairement utopistes : on a choisi les plus beaux, les plus gracieux et gracieuses ….
CONCLUSION
Texte qui établit une nouvelle manière de vivre : loin des formes contraignantes imposées par une religion et des mœurs que Rabelais condamne, une vision libre et libérée de l’existence. Critique d’une religion qui ne serait que lois et décrets et codes, vision épanouie d’un art de vivre renaissance, où le plaisir, la beauté ont toute leur place.
Superbe rêve humaniste (et élitiste) qui est évidemment perçu comme tel par Rabelais, conscient (et avec humour) de la dimension utopique d’un tel lieu (ne serait-ce que sur la splendeur des bâtiments, voir les tentatives de reconstitution graphique effectuées à l’aide des indications données par Rabelais pour la description de Thélème).
Espérance envers l’essor de l’humanité, en particulier grâce à l’éducation et à la culture, vectrices d’une amélioration morale de l’homme. Une thèse importante, qui demeure celle que défendent les « humanistes » d’aujourd’hui qui croient en l’amélioration possible de l’homme, notamment par le biais de la culture, des arts, de la civilisation . Et pourtant, l’Allemagne nazie et la culture exceptionnelle en langue allemande (philosophes, poètes, musiciens …) …
Lieu où les humanistes pourraient se réfugier, en cas où la société évoluerait de façon négative, vers la censure, l’interdiction, l’intolérance (les guerres de religion ne vont pas tarder à commencer). Du reste, sur l’inscription placée à la porte d’entrée de l’abbaye, il est écrit : « Bastille pour les Evangélistes » = lieu où pourront se réfugier ceux qui cherchent à penser la religion autrement.
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