Gargantua, Rabelais, Le prologue (1534)
Par Matt • 5 Janvier 2018 • 1 593 Mots (7 Pages) • 938 Vues
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- Le trajet du discours contestable
Au lieu de présenter un discours argumentatif très ferme, Rabelais propose à son lecteur un trajet du discours contestable. 2 techniques qui faussent la linéarité du propos :
• « Le coq à l’âne » : changement de sujet
« buveurs » -> « Alcibiade de Platon » -> « Silènes » -> Silènes précepteur de Bacchus -> Alcibiade -> Œuvre de Rabelais.
Glissement obtenus, soit par unité de sens (vin -> banquet), ou soit par homonymie (se dit pareil, mais pas pareil) (Silènes et Silène : boîte et personnage mythologique).
• La fatrasie : l’art de mélanger au XVIe s. un certain nombre d’éléments :
- Mélange d’abord qui se voit au fait que Rabelais place à la même hauteur des sujets élevés et des sujets bas.
- A côté de références culturelles incontestables et la dialectique du Banquet, se trouvent des références mythologiques polémiques (satyre -> personnage démystificateur et obscène, harpies -> personnage scatologique)
Il va jusqu’à l’amalgame grossier : De la Dignité des braguettes = titre de la Dignité de l’Homme de Pie de la Mirandole.
La fatrasie à proprement parler (->lister les éléments / les dires = énumération)
L. 5 : fermeture des boîtes
L. 7 : Contenu même des boîtes
L. 11 : Portrait physique de Socrate
L. 15 : Portrait morale de Socrate
L. 21 : Les œuvres de Rabelais
Ccl. partielle : Et les aphorismes (fausse vérité universelle ou vérité personnelle) -> voir moine et cape espagnole.
L’humaniste qu’est Rabelais veut éduquer son public, aussi cherche-t-il l’intérêt de son lecteur par le rire. Il ne déroge pas pourtant à ses objectifs.
II) Le sérieux derrière le frivolité
Intro. partielle : L’humanisme tend à l’éducation de son lecteur. Pour cette raison, Rabelais, dans un prologue qui fonctionne comme une préface, met en place un propos sérieux derrière la frivolité.
- Un texte construit _
Le texte est présenté comme un prologue c. à d. un avant-propos qui détermine l’orientation du discours. Le discours de Rabelais repose sur une thématique : la dualité (Caractère de ce qui est double en soi).
• Dualité / boîtes : les boîtes sont d’abord laides
Ensuite l’ornement parait inutile « frivoles » (adj. Connoté [en indiquant une valeur à un mot en plus de sa signification première]). Contradiction : elles sont en réalité utiles : « fines », épithète qui renvoie à la qualité de remède.
• Même dualité entre extérieur et intérieur chez Socrate :
Aspect extérieur repoussant : physique ingrat « laid » / tenue « rustique » -> épithètes négatifs
Manque de sagesse apparent : comparaison à un « fol » et à un élément sans valeur « pelure d’oignon ».
En réalité, personnage attachant et intellectuel : « Le prince des philosophes » = périphrase + série de qualificatifs qui relève de l’éloge « prodigieux », « invisible », « divin », « céleste » = savoir au-delà du commun.
Le texte fait apparaitre une structure qui repose sur la métaphore filée de la boîte.
- Unité de sens
Le texte de Rabelais est argumentatif et repose sur une thèse qui se trouve en fin de passage : « les matières traitées ici ne sont pas si frivoles ».
Le raisonnement suivi relève du syllogisme (Raisonnement déductif appliqué à trois propositions logiquement impliquées): les choses peuvent être laides ou inutiles or les apparences sont trompeuses, donc mon livre est utile. -> 1ère conclusion
Le texte est construit selon les lois de la rhétorique : thèse à la dernière phrase
Argument : apparence « avec désinvolture » = aucune analyse.
Références qui servent d’exemples : philosophes grecs Alcibiade, Socrate et Platon.
Rabelais prend le prologue comme une manière d’expliquer ses attentes et ses visées au lecteur.
Ccl. partielle : L’humanisme de Rabelais a un caractère édifiant (= éduquer à la morale spirituelle) puisque le lecteur comme Gargantua évolue en passant de l’être grossier à un être intellectuel. Le prologue montre comment ce passage s’effectue au travers d’un livre qui aussi lui-même oscille entre deux pôles. Ce jeu du texte le rend ambiguë avec le lecteur.
III) Le culte du paradoxe
Intro. partielle : L’humanisme est un mouvement dont l’intention première est de faire progresser l’Homme. Rabelais y parvient en pratiquant le culte du paradoxe.
- Ambiguïté du prologue
Le prologue a d’abord :
- Un statut indéfini :
• Statut externe : le titre est isolé du reste du texte + prologue qui ne fait pas parti directement du roman. Pro logos : « qui parle avant » ⬄introduction
• Statut interne : L’auteur se regarde l’écrire : « coup d’envoi » (autre translation « coup d’essai ») -> Expression familière chargée d’évaluer le travail fournit.
- Fonction indéfinie elle aussi :
• Dimension ludique « pour inciter les gens à rie » -> comp. cir. de but. L’auteur ferait pareil que celui des boîtes.
Recours aux termes ou même de « prélude »
• Dimension stratégique : rôle normal du prologue = persuader ⬄ prise à parti du lecteur
« c’est à vous que je m’adresse », emphase (Exagération
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