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Incipit, Un barrage contre le pacifique, Marguerite Duras

Par   •  15 Octobre 2018  •  3 082 Mots (13 Pages)  •  1 014 Vues

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sont enfermés : allitération de la dentale « dans la solitude et la stérilité de toujours » traduit l’impossibilité des personnages à sortir de cet enfermement.

-Jeux de contrastes entre :

la plaine close / désertique

et le monde extérieur

-Jeu de contraste entre :

Article défini généralisant « au monde extérieur »

Le déterminant possessif « leur coin de plaine »

-Isolement par rapport à ce monde souligné par la ponctuation : apposition « de ce monde » 2 espaces clos impossibles à relier.

-Isolement géographique, doublé d’un isolement social : parallélisme des périphrases « ceux qui vivent ailleurs, à ceux qui sont du monde » : impossible communication ; montre met en perspective la notion même de frontière, de barrage qui existe entre leur monde à eux, celui où vivent les autres.

-Isolement familial : répété X fois « à tous les trois » = cercle familial est aussi resserré : impression d’une cellule familiale indissoluble.

Ram : signifie « hauteur » lieu où se trouve la tombe de Rachelle (Ancien testament, mère du peuple Israélien enterrée près de de Rama, à 8 KM de Jérusalem. Mère emblématique d’un peuple élu // mère de tous les enfants de la plaine. // la mère peine sur les massacres des innocents // .. de la mère enfant de la plaine.

-Contraste entre la plaine et la ville : contraste qui fera l’objet d’une description détaillée, contraste marqué par la mention de Ram : usage de la prolepse  « tous les trois le lendemain à Ram… » et «  c’est le lendemain à Ram ».

-Symboliquement la ville de Ram apparait comme une rupture avec cet isolement de la plaine, un lieu qui modifiera leur destin. Rupture aussi par le changement de paragraphe / passage à la fin de la ligne + alinéa.

Conclusion partielle : incipit qui met en place les lieux importants pour la suite, qui serait les théâtres où s’accomplira les désirs des personnages, sur un mode programmatique (usage de la prolepse) . Ram : lieu de la rencontre s’oppose à la plaine lieu de la solitude.

B) la temporalité du récit

-Une temporalité imprécise à reconstruire

-Jeux des temps verbaux qui font se mêler plusieurs temporalités narratives qui permettent de reconstruire l’histoire :

Usage du plus que parfait « avait semblé », retour sur un événement antérieur prolongé à l’événement de l’action principale : phénomène de cause à effet qui est exprimé : ils ont acheté un cheval / il est mort.

Usage de connecteurs logiques qui retracent le récit de l’action antérieure. « d’abord », « puis ».

Indice de temps marqué par son imprécision : « Cela dura 8 jours »

Retour au temps du récit : passé simple, action ponctuelle « essaya », « creva » marque une rupture temporelle par contraste avec le passé duratif.

-Prolepse : projection dans le futur : « c’est le lendemain » : intérêt = créer une effet d’attente, suspense pour le lecteur, car événement qui marque une rupture.

Conclusion partielle : temporalité certes imprécise mais le savant jeu des temporalité permet de mettre en perspective : passé, présent du récit, futur = concentration de toutes les formes de temporalité qui ressert avec force le destin, lui-même scellé des personnages ; une telle concentration des temporalités confère un caractère spectaculaire au récit.

2)L’originalité de la présentation des personnages.

-Même refus de la description des personnages (aucun portrait physique, moral, psychologique précis donné au lecteur).

-Effets de flou marqué par l’usage non directement référentiel des pronoms + pronoms englobant « leur » / « tous les 3 », « eux trois »

-Volonté de mettre en avant non l’individualité mais plutôt le groupe familial qu’ils forment = accent mis sur le caractère fusionnel « ils se sentaient moins seuls »

-Deux figures se distinguent du groupe, contrairement à 1 autre qui reste par contraste volontairement dans l’ombre.

Joseph : onomastique: prénom / effet de familiarité / mais aucune connaissance à part qu’il fume.

« La mère » : restreinte à son rôle maternelle, pas d’individualisation., usage de la comparaison avec le cheval.

Texte truffé de références à la triade : relative isolation des personnages, symbolique refus de la singularisation « pronom indéfini collectif + maintien des pluriels collectifs.

-Accent davantage mis sur leurs conditions de vie.

-Conditions difficiles évoquées par des procédés :

La voix narrative modalisante « ça prouvait qu’ils pouvait.. » l’adverbe « encore » + « Homme de même capable » = capacité non évidente qui souligne la difficulté, l’absence de force.

Accumulation de termes relevant de l’isotopie de la petitesse « quelque chose » «  moins » « grand-chose » le restrictif négatif « ne que »

Mise en perspective de la situation de dénuement « même si c’était misérable » mise en perspective par le présentatif + tournure concessive.

Image de personnages en quête de miettes.

-Syntaxe durassienne = reformulation intra-phrastique qui cherche la surenchère sous le prétexte de la précision dans l’expression du dénuement, de l’échec, de l’action entreprise. La conjonction de subordination « même si » la phrase en s’étirant, s’étiole.

-Dans le dernier paragraphe : « même si …entrepris de travers », « échoue » = montre que l’action des personnages a une portée minime.

II)L’écriture déroutante, particulière

1)Une langue courante et simple qui donne à voir la scène, et qui nous plonge dans une écriture novatrice, en apparence familiaire mais en réalité très travaillée.

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