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Histoire de la littérature française du XXe siècle

Par   •  23 Septembre 2018  •  3 980 Mots (16 Pages)  •  479 Vues

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P. 19 : La crise de la culture : Dès la fin des hostilités, nombreuses sont les questions que se posent les milieux intellectuels. En 1919, Valéry sonne l’alarme : « Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Cette phrase, qui commence son article « Sur la crise de l’esprit », reflète le point de vue de l’Européen vivant dans ce qui avait été jusqu’alors pour lui « le cerveau d’un vaste corps », s’inquiétant de la « fragilité d’une civilisation » dont il ne contestait pas la valeur. Par ailleurs, Gide et La Nouvelle Revue Française travaillaient à la « démobilisation de l’esprit » dont le jugement avait été obscurci par les passions de la guerre.

P. 20 : Cependant, pour nombre de démobilisés, l’insertion dans la société d’après-guerre s’avère difficile. L’image de la civilisation dont ils avaient hérité et l’expérience de la guerre des tranchées n’étaient pas conciliables. En 1919, dans l’avant-propos d’une collection d’essais, Carnaval est mort, Jean-Richard Bloch posait le problème de la sclérose d’une civilisation, lorsque comme le dira Bernanos, « elle n’entretient plus avec le monde que des rapports de vocabulaire » : « Epouvantés de ce qu’ils avaient fait, les hommes se sont pris à examiner la grande idéologie sur laquelle ils se reposent avec confiance, l’idéologie civilisation ».

P. 21 : La guerre a brisé les liens entre les valeurs culturelles traditionnelles et la réalité que ces jeunes gens ont vécue. Ils oscillent entre le repli sur la vie intérieure et l’inquiétude devant l’avenir collectif des masses.

P. 22 : C’est contre la collusion parisienne de l’art, du divertissement, de l’argent et des personnalités à la mode autant que contre la société et la littérature établies, que s’oriente la « volonté de saccage » du groupe de jeunes qui se rassemblent autour d’André Breton. La petite chapelle littéraire qui s’était formée à l’ombre d’Apollinaire et de Reverdy passera, en une demi-douzaine d’années, à Dada puis au Surréalisme. Un besoin de défi l’anime : « Le grand ennemi, c’était le public. Il fallait l’atteindre par tous les moyens [...] il fallait faire scandale [...] Pourquoi ne pas avouer que nous avons passionnément aimé le scandale ? Il fut une raison d’exister. Nous voulions scandaliser et nous scandalisions. ». De Janvier à Avril en 1920 et de nouveau en 1921, Dada provoque et scandalise Paris par des manifestations et des bagarres dont la plus efficace, parce qu’elle touchait à un des pontifes de la littérature, fut la mise en accusation de Barrès. Trois ans plus tard, le groupe récidive. Au moment d’Anatole France, il lance un pamphlet provocateur, Un Cadavre, attaquant la mystique qui faisait de l’écrivain un objet de vénération et dénonçant les complaisances de la rhétorique officielle qui le transformait en bien culturel sacré. Le dernier des grands esclandres déclenchés par le groupe éclatera en 1925 à un banquet littéraire en l’honneur du poète Saint-Pol Roux. Mais il prend une nouvelle direction nouvelle ; il ne s’agit plus seulement de « transformer la vie » à la manière de Rimbaud mais en même temps, de « changer le monde » : on ne tournera vers Marx et la politique envahira le monde des lettres.

P. 23 : A partir de 1925, ce sera une pierre d’achoppement pour les Surréalistes : parmi les jeunes intellectuels, les « groupes » prolifèrent qui débattent la question de l’action politique.

P. 24 : La génération précoce des années vingt- celle des Aragon, Drieu, Eluard et de bien d’autres – découvre l’action révolutionnaire à travers l’engagement politique.

P. 24 : Devant l’échec de la Société des Nations, la crise économique de 1929, puis la montée des fascismes et les succès nazis, les intellectuels ne voient de salut que dans l’action violente, la révolution qui donnerait naissance à un « homme nouveau » intégré à une « société nouvelle », libérée des erreurs du passé. La violence, comme le notera Sartre, plus tard, fait partie de leur « imaginaire ». Après 1930, deux options s’offrent : l’engagement fasciste ou l’engagement marxiste. Cependant, malgré les désaccords les plus âpres, le milieu littéraire, centré à Paris, conserve une certaine homogénéité. Breton dialogue avec Gide et travaille à la revue de luxe, Commerce, avec Valery Larbaud et Valéry.

P. 25 : De 1936 à 1952, le choc provoqué par les évènements collectifs ébranle la conscience intellectuelle du pays. [...] Le milieu littéraire se dissocie et se disloque ; les critères qui avaient prévalu jusqu’alors dans le monde des lettres sont dévalorisés, sinon abandonnés. La mobilisation d’abord, puis l’exode et l’Occupation dispersent la société française et avec elle, les écrivains.

P. 29 : Les écrivains « nouveaux », issus de la Résistance proclament leur volonté de donner un nouveau statut à la littérature. C’est dans ce contexte que Sartre dès 1945, soulève la question de la littérature engagée et entreprend de redéfinir la situation et les responsabilités de l’écrivain.

P. 30 : Pour les jeunes, le renversement brutal et contradictoire des valeurs enseignées – en 1940, au moment de la défaite, puis au cœur des paradoxes tragiques de l’Occupation, suivis de ceux de la Libération – est particulièrement déconcertant. [...] Autour du Flore et des Deux Magots où se retrouve dès 1942, le Tout-Paris littéraire « anti-collabo » de la zone occupée, les jeunes se pressent heureux dans leur désarroi d’y retrouver Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, parfois Camus et Mouloudji ou encore Jacques Prévert et Raymond Queneau. Entre 1944 et 1947, s’ouvrent les « caves existentialistes », le Tabou et la Rose Rouge où Juliette Gréco chante les poèmes de Jacques Prévert.

P. 52 : En 1920, une avant-garde de jeunes poètes – les futurs surréalistes – animateurs de la revue Littérature, multiplie les manifestations contre les maîtres reconnus. [...] l’exposition des « jeunes peintres français » montre que le cubisme perdant son hégémonie, une nouvelle avant-garde apparaît, où collaborent plus étroitement que par le passé, peintres, écrivains et compositeurs. Cette collaboration s’intensifie au cours des années vingt, puis diminue mais n’en reste pas moins un des traits fondamentaux de l’époque : Jean Cocteau, écrivain est cinéaste et dessinateur. Jean Arp, peintre et sculpteur est aussi poète. Henri Michaux, poète est peintre. Et les rencontres entre écrivains et artistes sont célèbres : Paul Eluard et Max Ernst, Breton et pendant un

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