Analyse Prologue Citizen Kane
Par Andrea • 30 Septembre 2017 • 1 671 Mots (7 Pages) • 971 Vues
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La lumière est également importante dans ce que l'on perçoit ce prologue comme étant mystérieux. Elle est travaillée en accord avec les valeurs de plans, de sorte que plusieurs éléments architecturaux de la demeure nous apparaissant plusieurs fois n'aient jamais le même aspect. Le portail, le manoir, la fenêtre, le rideau ne sembleront jamais avoir le même aspect. On note en outre la constante présence de brume, qui, couplé à la musique produit un climat de mystère et d'angoisse.
On dit parfois de la première scène d'un film qu'elle doit résumer la totalité de l'intrigue. Si Orson Welles ne faillit pas à la règle, il utilise une narration inédite : Durant les trois dernières minutes de sa vie, nous voyons tout le destin de Kane défiler, sans que jamais le flash-back ne soit utilisé ! Pour cela il a trois armes : Le symbole dans l'image, le montage et le rythme.
Le tout premier indice de ce système de narration est le travelling vers le haut qu'enchainent trois plans, liées entre eux par des fondues qui ont valeur d'ellipse : Cette montée « vers le ciel » est clairement symbole de montée dans l'échelle hiérarchique avec le grillage qui se complexifie par trois fois pour devenir un portail sculpté en fer forgé : En même temps que Kane évolue, son habitat (sa prison) évolue avec lui.
Notable aussi, le château de plus en plus imposant à l'image, plans également reliés par des fondus-ellipses, la boule à neige qui figure la maison de son enfance et le mystérieux « Rosebud » qui est le nom de la luge de sa jeunesse. Le rythme est également très lent lors de ce flash-back virtuel, pour marquer les années qui passent. Il est soudainement beaucoup plus rapide à l'instant T de la mort de Kane, comme si nous retournions soudain au temps présent. Cela est amplifié par une série de cut en rupture avec les images précédentes. Au son, ce changement de rythme est également marqué par l'évocation orale du « Rosebud » qui marque un intermède dans la musique et dont la transition est si bien réalisée qu'il faut se concentrer pour entendre la musique s'arrêter puis reprendre.
Le prologue de Citizen Kane, mine de trouvailles, nous offre donc presque autant d'entrée vers l'intrigue qu'on peut trouver de niveaux de lectures, et nous offre même l'immense privilège de pouvoir emprunter plusieurs portes en même temps.
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