Fonctions du théatre

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Le théâtre miroir déformant : si le théâtre est miroir, il ne se contente pas, comme toute oeuvre d’art, de refléter platement la réalité. L’art, c’est la vérité choisie, a dit Vigny. Cet aphorisme se révèle encore plus vrai lorsqu’il s’agit de théâtre que de roman. D’où le paradoxe du théâtre que souligne J. Giraudoux.

Dans son Impromptu de Paris, il donne une piquante définition du théâtre : « C’est d’une simplicité enfantine, le théâtre, c’est d’être réel dans l’irréel. »

En effet, le théâtre aura beau tendre vers le vraisemblable, il n’atteindra jamais le degré d’illusion du cinéma. Il devra donc tendre vers un réel stylisé, épuré, voire onirique qui sera plus proche de la vérité que le vraisemblable étroit que prônait Boileau dans son Art Poétique. Ce réel « sublimé » du spectacle dramatique se nourrit en fait de conventions et c’est en jouant sur le clavier des conventions que l’auteur variera sa partition. Aussi, paradoxalement, le théâtre est-il l’ascèse de la vérité.

3.- LA FONCTION CATHARTIQUE

La catharsis (cf. Aristote) est la purgation des passions et que le théâtre, en particulier, réalise mieux que tout autre art cette « saignée psychologique ».

a.- La catharsis de l’auteur : Sans tomber dans le biographisme dont nous avons souligné les dangers, il n’est pas interdit de voir dans certaines oeuvres, surtout lorsque l’auteur vous y invite, l’expression de ses fantasmes intérieurs. Il importe cependant d’être prudent dans ce genre d’interprétations car on manque souvent d’éléments pour l’étayer d’une part, et d’autre part, la genèse d’une oeuvre fait intervenir bien d’autres facteurs.

b.- La catharsis du spectateur : Il n’y a pas que la notion de « défoulement » dans le concept de catharsis. Il y a aussi celles de prise de conscience et de maîtrise de soi. Le processus de la catharsis utilise presque toujours le mécanisme psychologique élémentaire de l’identification. C’est ce qui fait que certains caractères sont intemporels car ils sont des archétypes* dans lesquels nous pouvons nous glisser et nous connaître.

4.- LA FONCTION LUDIQUE

La fonction première et naturelle du théâtre n’est-elle pas, avant tout, de divertir au sens le plus habituel du terme comme au sens « pascalien » ? Le théâtre doit donc et d’abord être un « spectacle » un enchantement des sens autant que de l’esprit.

5. LA FONCTION CULTURELLE

Le théâtre est un des moyens de transmission du patrimoine. Plus que le livre car, si on ne lit plus guère les oeuvres du siècle de Louis XIV on joue toujours, et beaucoup, les pièces de Molière, Corneille, Racine. Et l’on voit toujours avec plaisir l’Antigone de Sophocle autant que celle d’Anouilh…