Extrait d'anthologie Alphonse de Lamartine
Par Plum05 • 21 Avril 2018 • 2 831 Mots (12 Pages) • 707 Vues
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Il coule, et nous passons ! "
- Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?
- Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !
- Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?
- Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !
- Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.
- Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.
- Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé.
Une Larme, ou Consolation
Ce poème fait partie du livre premier des Harmonies poétiques et religieuses. La plupart des poèmes de ce recueil ont été conçues en Italie. Malgré ses moments de dépression, de déception sentimentale ou intellectuelle, le poète exprime sa confiance dans la Providence, dans Son Consolateur.
- Tombez, larmes silencieuses,
Sur une terre sans pitié;
Non plus entre des mains pieuses,
Ni sur le sein de l'amitié !
- Tombez comme une aride pluie
Qui rejaillit sur le rocher,
Que nul rayon du ciel n'essuie,
Que nul souffle ne vient sécher.[pic 5]
- Qu'importe à ces hommes mes frères
Le cœur brisé d'un malheureux ?
Trop au-dessus de mes misères,
Mon infortune est si loin d'eux !
- Jamais sans doute aucunes larmes
N'obscurciront pour eux le ciel ;
Leur avenir n'a point d'alarmes,
Leur coupe n'aura point de fiel.
- Jamais cette foule frivole
Qui passe en riant devant moi
N'aura besoin qu'une parole
Lui dise : Je pleure avec toi ![pic 6]
- Eh bien ! ne cherchons plus sans cesse
La vaine pitié des humains;
Nourrissons-nous de ma tristesse,
Et cachons mon front dans mes mains.
- A l'heure où l'âme solitaire
S'enveloppe d'un crêpe noir,
Et n'attend plus rien de la terre,
Veuve de son dernier espoir ;
- Lorsque l'amitié qui l'oublie
Se détourne de son chemin,
Que son dernier bâton, qui plie,
Se brise et déchire sa main;
- Quand l'homme faible, et qui redoute
La contagion du malheur,
Nous laisse seul sur notre route
Face à face avec la douleur ;
- Quand l'avenir n'a plus de charmes
Qui fassent désirer demain,
Et que l'amertume des larmes
Est le seul goût de notre pain ;
- C'est alors que ta voix s'élève
Dans le silence de mon cœur,
Et que ta main, mon Dieu ! soulève
Le poids glacé de ma douleur.
- On sent que ta tendre parole
À d'autres ne peut se mêler,
Seigneur ! et qu'elle ne console
Que ceux qu'on n'a pu consoler.
- Ton bras céleste nous attire
Comme un ami contre son cœur,
Le monde, qui nous voit sourire,
Se dit : D'où leur vient ce bonheur ?
- Et l'âme se fond en prière
Et
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