Entraînement au Bac de Français

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Mais ces poèmes ne sont pas seulement provocateurs par le choix de leurs sujets. Ils veulent en effet faire réagir le lecteur, et prendre à parti. Leur provocation est à la fois esthétique et sociale: chez Baudelaire, la provocation esthétique se retrouve dans l'utilisation de figures de style. Les antithèses et les rimes antisémantiques : « beau matin d’été si doux » , « charogne infâme » + « mon âme » désignent la femme et rime avec « infâme ». L'oxymore a un effet ironique « carcasse superbe » . L'antithèse crée des chocs d’atmosphère et marque la distance ironique : « soleil rayonnait sur cette pourriture ». Chez Lautréamont, le champ lexical de la maladie « vomissent » (v1), « lèpre » « pus jaunatre » (v2), « champignon » (v3) ainsi que les nombreux adjectifs qui qualifient Maldoror montrent la provocation esthétique. Dans «Cahier d'un retour au pays natal », c'est la description physique du nègre qui provoque. Enfin, dans le poème « Ode inachevée à la boue », la personnification de la boue, par son aspect moral ainsi que sa description, qui ressemble à celle d'une femme renforce le côté provocateur du poème.

Ces poèmes sont provocateurs à la fois esthétiquement mais aussi socialement. Leur but est de prendre à parti. Tous les poèmes de ce corpus critiquent fortement la bourgeoisie de l'époque ainsi que la religion catholique, ou encore s'attaquent à des sujets sensibles des sociétés de l'époque. Baudelaire parvient à ironiser des vieilles expressions romantiques en les détournant, comme par exemple « mon âme » (v1), « etoile de mes yeux » « soleil de ma nature » (v39) ou encore « mon ange et ma passion » (v40). Dans le poème de Lautréamont, Maldoror défie les Dieux et les hommes. Son corps est en cours de métamorphose : il est transformé en monstre, en cadavre. Maldoror fait référence à la sexualité et la met en relation avec l'obscénité (crabes qui rentrent dans l'anus, référence à la sodomie, donc provocation religieuse). Enfin, dans les deux derniers poèmes, les deux auteurs visent à critiquer la bourgeoisie et les préjugés des sociétés. Césaire dénonce le racisme du peuple noir, véritable problème de société. Quant à Ponge, il critique avec ironie les bourgeoisie « cœurs nobles ».

Les provocations esthétique et sociale font de ces poèmes des poèmes provocateurs. Mais il est important de signaler que ces poèmes rompent avec la tradition lyrique. L'absence d'un lexique d'affectivité est l'un des premiers éléments qui rompt le lyrisme. De plus, la musicalité habituellement présente dans la poésie classique disparaît hormis pour le poème « Une Charogne » qui respecte les règles de la versification. Les trois autres poèmes sont écrits en prose, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas disposés en vers mais ils comportent un rythme et de nombreuses figures de styles (antithèses, anaphore, comparaison,....).

De plus, les thèmes abordés généralement dans l'écriture lyrique ne se retrouvent pas dans ces poèmes et c'est ici leur principale différence. Par ailleurs, l'emploi du « je » narratif, qui, usuellement été utilisé pour que le poète se mette en scène est néanmoins respecté . Ici, Lautréamont est le seul auteur a ne pas respecté cette règle. Néanmoins tous ces poèmes présentent quelques éléments de la poésie lyrique comme la ponctuation ou encore les figures de style. Malgré cela, ils présentent un décalage avec la tradition lyrique du fait du choix de leur thématique.

Ainsi, nous avons pu voir que ces poèmes étaient provocateurs par le choix de leur sujet, qui est sans aucun doute surprenant, parfois même dégoûtant voire anticonformiste. De plus, les poètes cherchent la provocation quelle soit esthétique ou sociale et recherche par la même occasion le point de vue du lecteur. Enfin, le fait que ces poèmes soient en rupture avec la tradition lyrique renforcent le fait qu'ils soient considérés comme provocateurs.