Electre est-elle une « tragédie bourgeoise » ?

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- Une tragédie authentique

- Le « bourgeois » : révélateur du tragique

L’aspect « bourgeois » de la pièce n’est pas une dégradation de la tragédie : il en est au contraire le véhicule et la révélation. La scène de ménage chez les bourgeois Théocathoclès remplit une fonction de dévoilement et de préfiguration. La « chanson des époux » qu’entonne Agathe annonce et prépare les aveux de Clytemnestre. C’est en entendant Agathe qu’Electre devine la vérité, les dissensions entre ses parents : « Ecoute, mère ! Ecoute-toi ! C’est toi qui parle ! » (II, 6). Et quand Clytemnestre dira la vérité sur son mariage, elle commence ainsi : « Oui, après vingt ans, je vais m’offrir la joie que s’est offerte Agathe ». La « machinerie infernale » (Cocteau) de la tragédie se met en marche grâce au couple burlesque des bourgeois.

- L’universalité du tragique

Dans son lamento, le jardinier précisait que le tragique est partout, mais qu’il est chez les rois d’une « pureté » plus absolue, plus radicale. Loin de s’opposer au tragique, le caractère bourgeois de la pièce souligne son universalité.

Seule l’intensité varie, ainsi que l’ampleur des conséquences. L’assassinat du président Théocathoclès serait moins dramatique pour Argos que ne l’est la mort d’Egisthe.

- Un tragique renouvelé

Voir cours sur le tragique.

« Tragédie bourgeoise », Electre l’est donc assurément. Mais à condition de ne pas tenir ces deux termes pour contradictoires. L’expression n’est un oxymore qu’en apparence. L’examen de la pièce de la pièce montre que le qualificatif de « bourgeois » ne signifie nullement un affaiblissement de la dimension « tragique ».