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Dissertation theatre cas

Par   •  4 Mars 2018  •  1 449 Mots (6 Pages)  •  768 Vues

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Marianne s’adresse à elle-même, au public mais aussi à un personnage absent (Claudio) car elle n’a pas encore évacué la colère qui est en elle. Nous pouvons également ajouter à cela, les nombreuses phrases exclamatives et interrogatives dans Phèdre de Racine qui montrent bien la jalousie de celle-ci. La violence des sentiments est ainsi mis en avant ainsi que sa haine envers Aricie, l’amante d’Hyppolite devenue sa rivale. Il n’est pas nécessaire de se rendre sur la scène pour comprendre cette jalousie. La représentation apparaît donc comme un support visuel et auditif.

De plus, la lecture d’un texte théâtral peut laisser au lecteur un espace de liberté. Il n’y a pas de contraintes de temps et il peut revenir en arrière pour relire un passage qu’il n’a pas saisi. Le lecteur est aussi libre d’imaginer sa propre mise en scène sans se voir imposer l’interprétation particulière d’un metteur en scène. Ce plaisir de l’imagination peut expliquer l’obstination que nous mettons à aborder le théâtre par la lecture. En laissant libre cours à son imagination, le texte écrit peut donc plaire à la lecture. Par exemple, lors du dénouement de Dom Juan de Molière, la mort de ce dernier est décrite par des éclairs s’abattant sur lui. L’imagination a ici toute sa place alors que, pour mettre en scène ce passage, il faut faire preuve de beaucoup de réflexion. Cela apparait tout de suite plus compliqué, alors que mentalement le décor s’imagine aisément. Nous pouvons aussi citer à cet effet le dénouement des Caprices de Marianne : la mort de Coelio n’est pas décrite explicitement. Dans la scène qui suit, le lecteur se retrouve directement dans un cimetière. Il peut donc donner libre cours à son imagination en ce qui concerne les circonstances de la mort de Coelio. En outre, nous pouvons également citer Le Soulier de Satin, de Claudel. Cette pièce fut jouée dans son intégralité en 1987 lors de la mise en scène d’Antoine Vitez. Le public du festival d’Avignon passa alors la nuit entière au théâtre, le spectacle se déroulant de neuf heures du soir à neuf heures du matin ! Le temps de la représentation peut donc, ici, nous pousser à préférer l’œuvre écrite plutôt que le spectacle, car il est possible de choisir de s’arrêter durant la lecture. Or dans ce cas précis, il faut rester concentré douze heures de suite pour bien comprendre la pièce, ce qui peut s’avérer très fatiguant.

Enfin, l’illusion théâtrale fait de la représentation un moment factice et imaginaire. Cela se sent lorsque l’on assiste à une représentation. Même si nous décidons de croire à ce que nous voyons, nous sentons dans une certaine mesure que le jeu des acteurs et que le décor manquent de naturel. Cela peut même aller jusqu’à dévaloriser le sens de l’œuvre. Les éléments de la représentation sont empruntés au monde réel pour tenter de le reproduire. Par exemple, les scènes du Cid de Corneille se déroulent sur la place publique, au palais et dans la chambre de Chimène, lieux évoquant des situations réelles et pouvant être difficiles à reproduire sur scène. D’autant plus que les acteurs, comme l’énonce le Paradoxe du comédien de Diderot, sont obligés de simuler des sentiments qu’ils ne ressentent pas. Leur jeu peut donc parfois ne pas être très convaincant. Il n’est donc pas nécessaire, dans une certaine mesure, d’assister à une représentation pour apprécier le texte théâtral.

Cette possibilité que nous avons d’aborder le texte théâtral par la lecture tient au rôle essentiel que jouent les répliques du personnages dans le théâtre traditionnel tout du moins : en effet les caractères des personnages, leurs relations, les développements de l’intrigue etc. sont parfaitement compréhensibles à travers les répliques Bien plus, au théâtre, ce sont souvent les mots prononcés qui constituent des actes et qui font progresser l’intrigue (cf. le célèbre « Sortez » de Roxane dans Bajazet de Racine qui équivaut à une véritable mise à mort, les nombreuses scènes d’aveu, de duel verbal etc.) : au théâtre, l’action passe par la parole. les délices de l’analyse psychologique (analyse des actions et des motivations du personnage) sont dont tout à fait accessibles au lecteur, notamment en ce qui concerne le théâtre classique au sens large, dans lequel les éléments scénographiques jouent un rôle plus modeste que dans le théâtre contemporain.

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