Commentaire tirade Yvan de la pièce de théâtre "ART" (yasmina reza)
Par Andrea • 4 Mars 2018 • 1 736 Mots (7 Pages) • 6 599 Vues
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La future épouse d’Yvan s’appelle Catherine, elle apparait comme une femme paranoïaque, elle manque de confiance en son mari, elle est très curieuse et veut tout savoir car elle surveille la conversation téléphonique de son futur époux : « Qu’est-ce qu’elle a dit sur le mariage » et « Catherine à l’écouteur » (l.32). Catherine apparait comme une femme excessive et agressive car elle ne parle pas avec calme, elle ne s’exprime qu’avec des cris : « Catherine a hurlé » et « s’écrie Catherine ». Elle fait aussi du chantage, elle est manipulatrice « la pauvre, la délicatesse même » (l.30), elle fait semblant de s’apitoyer sur le sort de sa belle-mère pour manipuler Yvan. Nous pouvons remarquer que Catherine semble être la copie conforme de la mère d’Yvan, car elles ont les mêmes traits de caractères, elles sont toutes les deux manipulatrices, elles font du chantage, elles sont excessives et elles malmènent ce pauvre Yvan. Le fait que sa future femme semble identique en tout point à sa future épouse, nous rapporte au « complexe d’Œdipe ».
L’un des enjeux les plus importants de cette tirade est de faire rire. Dans ce passage, le comique provient de l’afflux important de paroles qui sont rapides et en continues, qui ne s’arrête pas. Le discours de cette tirade porte sur un objet qui est le carton d’invitation, cet objet dérisoire est peu important. Le fait que cet objet ne soit pas important et que le discours soit très long renforce le comique de la situation. Cette tirade est tout le contraire d’une tirade classique car le discours n’a aucun intérêt, il est confus. De plus, ce discours n’a pas réellement de fin, car elle se termine brusquement avec des « … », il n’y a toujours pas de solution au problème. Les deux autres personnages restent sur leur faim et demanderont « et alors ? », à la fin de ce discours la situation familiale et conjugale en est toujours au même point, rien a avancé et Yvan laisse de suspens. Ici, c’est donc le sujet du discours qui fait rire.
Yvan qualifie cet événement de dramatique à deux reprises comme nous pouvons le voir à la toute première ligne : « Alors dramatique, problème insoluble, dramatique », mais en réalité le problème n’a rien de dramatique car il dramatise sur des détails concernant la présence des noms des belles-mères sur les cartons d’invitations du mariage. Ce problème l’obsède mais le réel problème c’est sa difficulté à s’imposer, sa faiblesse face aux femmes et à sa mère plus particulièrement, comme nous l’avons vu dans la partie précédente. Le comique est renforcé avec l’insistance sur l’âge des mariés : « nous n’avons plus vingt ans », pourtant, malgré l’âge d’Yvan, sa mère le traite comme un enfant : « mon petit » (l.47). Face aux femmes Yvan change souvent d’avis : « je finis par me laisser convaincre », cela fait rire le lecteur, car c’est un homme qui n’a pas réellement d’avis, qui change toutes les deux minutes d’avis et qui ne s’impose pas face aux femmes, tel un enfant devant une mère.
Il y a aussi autre chose qui apporte un effet comique, nous pouvons observer un discours indirect car Yvan rapporte à la fois les paroles de sa femme et de sa mère. Ce discours indirect libre créé un mélange de plusieurs voix de personnes différentes car l’acteur doit alterner, ses paroles, celles de sa mère et celles de sa fiancée. Le fait d’alterner des paroles comme cela est un exercice très complexe pour l’acteur et nous pouvons voir dans la mise en scène de cette pièce que l’acteur qui joue Yvan (Pierre Arditi) arrive à faire rire les spectateurs grâce à son jeu d’acteur. Le fait de rapporter toutes ces paroles avec rapidité créé un enchainement de phrases haletant qui produit un effet comique sur le spectateur.
En conclusion, cette tirade a trois enjeux principaux. Tout d’abord, elle nous fait parvenir les émotions d’Yvan en nous montrant que c’est un homme stressé et énervé, c’est aussi un homme qui perd pied face aux femmes. Ensuite, cette tirade nous fait le portrait de deux femmes qui se ressemble dans leur caractère. Enfin, ce long texte fait rire car le sujet de la tirade est ridicule et minime, c’est un carton d’invitation. De plus, l’attitude d’Yvan face aux femmes fait rire car il se laisse faire comme un enfant qui n’ose pas imposer son avis face à sa mère.
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