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Commentaire composé Indiana

Par   •  1 Avril 2018  •  1 561 Mots (7 Pages)  •  691 Vues

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En effet, à travers la force d’âme de son héroïne, G. Sand opère dans cette scène un retournement de situation paradoxal : Indiana montre à son mari que, malgré les apparences, elle conserve toute sa liberté intérieure. Alors que la loi fait du mari le « maître» et le « seigneur » de sa femme, son pouvoir est finalement limité : il n’a même pas réussi à enfermer sa femme qui s’est enfuie, et surtout Indiana montre ici que si elle se voit contrainte physiquement et matériellement, elle demeure libre intérieurement. C’est ce qu’elle souligne à travers une série d’antithèses opposant l’extérieur et l’intérieur : « Vous pouvez lier mon corps [...] ; mais sur ma volonté, monsieur, vous ne pouvez rien », « Vous pouvez m’imposer silence, mais non m’empêcher de penser ». Les limites de cet « empire dérisoire » de l’homme sont marquées ici par le fait que toutes les prétentions du colonel sont vouées à l’échec : il n’obtiendra aucune réponse à sa question initiale, ne parviendra pas à lui faire peur par la menace, ne tirera d’elle aucun mot de soumission, au contraire. Indiana reste totalement libre dans sa conscience et sa volonté intérieure : « vous n’êtes pas moralement mon maître et [...] je ne dépends que de moi sur la terre ». La seule autorité qu’elle reconnaisse est celle de Dieu « Dieu seul peut la courber et la réduire» et la sienne propre « je n’obéirai jamais qu’à moi-même ».

Pour finir, nous constatons que les prétendus droits du mari sont réduit à néant, car ils n'ont aucune légitimité puisqu’ils se résument purement et simplement au « droit du plus fort », et que le recours à la violence et à la contrainte leur ôte toute valeur: «vous en avez perdu le droit dès que vous avez voulu y prétendre par la force ». Dans sa dernière réplique, elle signifie à son mari que son retour résulte non pas de l’obéissance qu’elle lui devrait mais d’un choix délibéré de sa part, de nouveau à travers une série d’antithèses : « accompagnée / non pas ramenée », « voulu / contraindre », « votre volonté / mon intention». Cette affirmation constante du Je en position de sujet (« je veux, j’ai passé, je dépends, j’ai réfléchi, je devais, je suis prête, j’obéirai... ») souligne bien qu’Indiana a pris sa décision en toute liberté et non sous la contrainte: c’est à son « devoir » et à sa « conscience » qu’elle obéit, c’est-à-dire aux règles qu’elle s’est données à elle-même et non à celles qui lui sont imposées par la société ou son mari.

C’est donc Indiana qui a le dernier mot, à tous points de vue: en affirmant « je n’obéirai jamais qu’à moi-même », l’héroïne montre clairement qu’elle a gagné la partie en affirmant sa liberté intérieure

À travers cette scène tendue et même violente, George Sand met ses lecteurs face à ce que le mariage tel qu’il est conçu à son époque a d’odieux et de profondément injuste pour l’épouse soumise à l’arbitraire total de l’homme. Le personnage d’Indiana, avec son courage et sa détermination, incarne les valeurs de liberté de l’auteur. Mais G.Sand montre ici quelle force d’âme exceptionnelle il faut à la femme pour résister à l’anéantissement de sa personnalité : tant que l’égalité n’est pas reconnue dans le couple, la seule liberté que puisse conserver la femme est celle de sa conscience .

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