Commentaire avec méthode d'un extrait des Liaisons dangereuses (lXXXI)
Par Ramy • 10 Octobre 2018 • 2 826 Mots (12 Pages) • 781 Vues
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- « Je suis mon ouvrage » : sujet et objet de ses paroles
- Participes passés passifs : donnés, reçus, suivis : les autres femmes sont passives, elles subissent.
- Au hasard, sans examen, par habitude : trois expressions péjoratives qui montre que les autres femmes n'ont pas de liberté, ne réfléchissent pas, et sont enfermées dans leurs habitudes.
- Dans « je les ai créés » (ou ailleurs) : elle est sujet souvent de verbes d'action, elle adopte une démarche active
- champ lexical de la volonté avec « dessein », « volonté », « gré » + répétition de volonté : elle est déterminée.
- métaphore du bouquet dans « je recueillais avec soin » qui montre une manière d'être particulière, une esthétique : les mots secrets sont de fleurs qu'elle recueille, des fleurs indispensables pour vivre selon elle dans la société.
Là j'ai trois sous-parties qui se dessinent (trois couleurs différentes) :
- présence, analyse et orgueil du personnage
- critique des femmes, différence, active, supériorité
- se moque des autres, plaisir, sa manière d'être libre de tout individu, déterminée
1) un moi égocentrique qui s'analyse[pic 1]
2) Une femme différente et supérieure Le 1
3) Une libertine déterminée
(deux lignes entre l'introduction et le développement)
L'extrait de la lettre LXXXI se présente avant tout comme l'affirmation d'un moi omnipotent et libre, où le « je » s'analyse pour manifester sa supériorité et sa détermination libertine.
Tout d'abord, dans ce passage, la marquise s'analyse avec un réel égocentrisme. En effet, l'extrait multiplie les formes de la première personne et cette omniprésence souligne d'abord la solitude dans laquelle se trouve la marquise dans le chemin de vie qu'elle s'est elle-même tracée. Cependant, la présence du pronom « je » à la fois sujet et objet s'avère être aussi la marque de l'orgueil du personnage. Tout tourne autour de la marquise et elle est à la fois le sujet et l'objet de son propos. La tournure pronominale « je me suis travaillée » ou la tournure renforcée « ce travail sur moi-même » révèlent cette auto-entreprise. Il s'agit en réalité pour elle d'analyser son être, et l'extrait nous livre finalement un champ d'investigation, d'expérience d'un « je » sur lui-même. La répétition « je dis mes principes, et je le dis à dessein » affirme l'idée d'un être centré avec acharnement sur lui et la conclusion pleine d’orgueil de la fin du premier paragraphe « je puis dire que je suis mon ouvrage » montre un « moi » qui rivalise avec le créateur. Aussi, a-t-on véritablement dans cet extrait l'analyse personnelle de la marquise de Merteuil sur elle-même.
Ensuite, cette analyse lui permet de montrer à la fois sa différence et sa supériorité. En effet, cette affirmation « imprègne » le premier paragraphe et le dernier. La première question, par la conjonction de coordination et la mise en relief du pronom sujet employé sous sa forme tonique « Mais moi » revendique d’emblée une différence radicale entre la marquise d’une part et « ces femmes », rejetées en fin de phrase et dévalorisées par l’adjectif péjoratif « inconsidérées » dans lequel transparaît tout le mépris de la marquise. Elle va jusqu’à revendiquer son unicité en se distinguant « des autres femmes » par le procédé de la comparaison, toutes cette fois-ci, dont elle méprise la passivité avec les 3 participes « donnés, reçus, suivis » en forme passive et l’irréflexion soulignée par les 3 compléments « au hasard, sans examen, par habitude ». Le rythme ternaire montre la réflexion et la rigueur de l'émettrice, son examen méthodique de la société et d'elle-même, ce qui s'oppose au manque d’esprit critique de ces femmes. Elle s’est livrée à de « profondes réflexions » , adoptant une démarche active, puisqu'elle est en position sujet dans « je les ai créés », pour se construire, laisser mûrir comme un « fruit » ses principes de conduite. Aussi la supériorité affirmée de la marquise est-elle manifeste dans ses propos.
Enfin, nous assistons à une véritable profession de foi libertine. En effet, le champ lexical du plaisir contamine le texte avec et révèle déjà le sourire immoral du personnage. Par ailleurs, dans le deuxième paragraphe, elle passe tour à tour d'objet en apparence à sujet véritable avec « j'étais vouée » et « j'ai su » puis « on me croyait » et « je recueillais ». D'objet donc en apparence avec le terme « me croyait » dans la subordonnée circonstancielle d'opposition introduit par « tandis que », elle passe sujet. Elle se définit alors comme un être actif qui n'agit que pour soi en se moquant des paroles d'autrui. Elle était d'ailleurs perçue en antithèse avec les autres femmes, mais elle est également en antithèse avec le reste du monde, avec ce « on » impersonnel. Cette volonté d'être libre, nous la remarquons également dans le champ lexical de la persévérance avec « volonté », « dessein », « gré » et la répétition du terme « volonté ». Déterminée, elle a alors conçu elle-même un plan d'action pour à la fois intégrer ce monde en toute intelligence mais aussi s'en démarquer par sa différence. Il y a même chez la Marquise un esthétisme particulier. La métaphore du bouquet dans « je recueillais avec soin » montrait déjà une manière d'être particulière. Les mots secrets, cachés étaient autant de fleurs qu'elle recueillait, de fleurs indispensables pour vivre selon elle dans la société. Mais le « regard distrait » dont se vante la marquise dans l'expression hyperbolique « loué si souvent » participe à la fois à une posture physique et à un désintéressement du monde qui l'entoure, comme si elle n'était pas liée à ce dernier, comme si elle en était complètement libérée. Il y a donc bien dans ce passage la déclaration d'une libertine déterminée.
(1 ligne entre le premier axe et la transition)
Nous
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