Commentaire Caligula acte IV, scène 14
Par Raze • 9 Novembre 2018 • 1 224 Mots (5 Pages) • 1 412 Vues
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Comme nous l'avons vu cette scène apporte d'abord un dénouement à la folie de Caligula, à travers sa réflexion face à lui même et face au miroir. Mais cette scène est avant tout une scène d'action, qui vient mettre fin à la vie de l'empereur fou.
La pression monte au fur et à mesure durant toute la scène : « des bruits d'armes ! » ; « des bruits d'armes et des chuchotements s'entendent en coulisse » à nouveau des didascalies qui montrent que la menace est hors de la pièce.
L'action attendue se déroule en deux temps : Hélicon surgit sur scène en criant « garde toi, Caïus ! Garde toi ! » Il brise donc le calme de l'attente en annonçant directement à Caligula que la menace est très imminente. La mise en garde répétée et désespérée, la ponctuation exclamative montrent qu'Hélicon est fidèle jusqu'au bout, jusqu'à en perdre sa vie par sa loyauté, car il est poignardé « par une main invisible ». La lâcheté du meurtre d'un innocent est mise en valeur par le mot « invisible ».
Caligula ne se défend pas et ses dernières actions et répliques sont d'autres signes de sa folie. On peut interpréter cette dernière scène comme un suicide de la part de Caligula car celui ci ne se défend pas, et surtout à cause du miroir qu'il brise lorsqu’il lance une chaise dessus : il brise cet objet qui symbolise son double, lui même. Les deux dernières répliques de la pièce sont difficiles à interpréter et elles peuvent avoir plusieurs sens.
« A l’histoire, Caligula, à l’histoire ! » alors qu'il lance la chaise sur son reflet, Caligula prononce cette phrase exclamative qui peut avoir plusieurs sens : elle pourrait être un autre signe de sa folie s’il suppose que l'histoire se souviendra de lui mais on peut noter que le « h » est minuscule. Ou cette réplique peut être une supposition de Caligula qui pense que l'avenir lui donnera raison, justifiera ses actes et se souviendra de la lâcheté des assassins.
« Je suis encore vivant ! » : l'ultime réplique de l'empereur fou qui pourrait soit être un signe de sa folie qui le pousse à ignorer sa propre mort, soit qui pourrait être plus profonde et qui serait une indication de Camus qui témoigne que la cruauté absurde qui a consumé Caligula et que Caligula représente est enfouie dans tous les hommes. La seconde interprétation est la plus probable et elle nous rappellera la fin de La peste du même auteur.
Pour conclure, les fonctions de cette scène finale sont donc celles d'une scène de dénouement classique tragique : l'intrigue est terminée par le meurtre et par le brisement de la glace, ce qui symbolise la fin de la folie de Caligula. Le sort des personnages est par la même réglé : la mort est attendue et elle vient dans cette scène avec une violence et une théâtralité qui sont, elles, modernes. Le succès de la conjuration est une touche positive : la révolte triomphe sur l'absurde, personnalisé par Caligula. Mais la dernière phrase nous oriente plus sur une piste plus réaliste, sur une mise en garde de Camus comme celle que l'on peut retrouver à la fin de La peste : chacun a de la cruauté en lui.
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