Abbé Prévost, Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut
Par Andrea • 10 Octobre 2018 • 1 263 Mots (6 Pages) • 623 Vues
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- Rapport à la problématique
1ère partie de la problématique : une société en mutation avec peut-être une perte de repère incarné par le fait qu'un aristocrate tombe amoureux d'une prostituée. Ici, le niveau politique est la régence (=gouvernement transitoire mis en place dans une monarchie pendant l'absence, l'incapacité ou la minorité d'un souverain) → instabilité (Philippe II D'Orléans) → troubles sociaux dans le pays.
2ème partie de la problématique : les notions d'héros sont en train de vaciller (le héros masculin est entaché de suspicion).
Synthèse
On a une scène d'aveu mettant en lumière la force des sentiments d'un personnage et le pouvoir de celle qui incarne une femme fatale. Un récit à la 1ère personne rapportant des paroles du discours indirect et les effets produits. On a ici un portrait indirect du chevalier et sa soumission à la passion. C'est un texte permettant une réflexion sur la notion de personnage.
I)La structure
1)Les pronoms personnels dans les 3 paragraphes
1er paragraphe : C'est la 1ère personne qui domine (« Je » et « me »)
2ème paragraphe : C'est la 3ème personne qui domine (« Elle »)
3ème paragraphe : Retour à la 1ère personne qui domine (« Je »)
2)Le lexique
Le lexique tourne autour de notions ecclésiastiques. Ce lexique permet de voir ce qui continu l'univers raisonnable de Des Grieux. Il marque aussi la confusion entre 2 domaines : le profane et le religieux.
3)Les explications de Manon
Le 2ème paragraphe est consacré au récit de la séduction de Manon par « B ». Ce récit est fait à la demande de Des Grieux et rapporté par lui. Les paroles sont exprimées au discours indirect après une première phrase qui présente la demande d'information qui suit une succession de propositions subordonnées. On a donc « une période oratoire » qui repose sur l'anaphore de la conjonction « que » ou la construction hypotaxique.
On peut décomposer le récit en 9 parties :
-les circonstances brutales du « coup de foudre » (l.15)
-la déclaration de « fermier général » avec les références précises à l'argent
-la capitulation pour des raisons généreuses et altruistes (« lui retirer quelque somme considérable » (l.18))
-l'éblouissement devant les cadeaux (l.20)
-l'affirmation des remords (l.21)
-l'affirmation de l'absence de bonheur (l.23) avec l'amant moins délicat que « B » (l.29-30)
-les informations recueillis sur le chevalier (l.37-39)
-les réactions de Manon lors de la dispute publique à Saint Sulpice
-l'allusion à Tiberge sous forme de discours narratilisé (l.31)
Dans un discours qui se veut une confession, on a la peinture du portrait de Manon ; un personnage en constant refus de responsabilité. Elle se présente toujours sous forme de victime ou bien lorsqu'elle assume ses actions, elle s'exprime de manière négative.
Tout ceci permet de comprendre l'extrême habileté de Manon prise en faute ou en défaut ; elle explique sa conduite de manière à minimiser sa culpabilité. On pourrait penser que Des Grieux a provoquer cette confusion parce qu'il en tire un certains plaisirs pervers. Après tout, les paroles de Manon comporte des éléments élogieux à son égard.
La dernière phrase du texte exprime un aveu de totale soumission du jeune homme à Manon.
II)Quelques références sur le texte / L’intérêt d'un récit à la 1ère personne
On sait que Des Grieux fait, à son retour d'Amérique, après la mort de Manon, le récit de son aventure au narrateur, « Mémoires et aventures d'un homme de qualité » (15 tomes). L'auteur à choisi une modalité particulière en faisant de Des Grieux le narrateur d'une histoire dont il est l'un des protagonistes. Il lui est facile de rapporter les faits dont il est témoin ou acteur. Cependant, lorsqu'il s'agit de faits rapportés, on n'a pas l'assurance de la garantie de vérité du récit. Le choix de la 1ère personne exprime toute la subjectivité du récit,la véracité des paroles peut être mis en doute car plus il avilit (=dégrader qelqu'un) Manon plus il brosse un portrait élogieux de sa propre personne.
Conclusion générale :
Le roman reste le lieu de l'analyse des sentiments et de la réflexion morale. Cependant, il s'ouvre sur une perspective nouvelle qui est celle de l'analyse sociale. Enfin les 2 personnages sont représentatifs d'une société en mutation puisque nous sommes dans la régence.
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