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Manon Lescaut - Prévost, 1731.

Par   •  29 Mai 2018  •  1 968 Mots (8 Pages)  •  677 Vues

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IIUne mort pathétique

- Un couple uni

Les gestes d’amour de Manon : nous avons vu la douceur et la résignation touchantes de l’héroïne. L’amour, l’abnégation ont pris possession d’elle au point que son dernier acte est un don, une preuve ultime de son attachement : « Je reçus d’elle des marques d’amour, au moment même qu’elle expirait ». La mort survient dans le calme du « silence » et dans la douceur des gestes à peine esquissés (« Le serrement de ses mains »). Les attentions réciproques sont multiples et pleines de délicatesse « Crainte de troubler son sommeil » ; « Je les approchais de mon sein » etc…L’attachement réciproque est réaffirmé, notamment par les mots « Ma chère maîtresse », « Les tendres consolations de l’amour » et les marques d’amour. Les lexiques du corps et de l’amour sont associés : « Je me soumis à ses désirs » ; « La chaleur de mes soupirs » ; « Les tendres consolations de l’amour » ; « Je reçus d’elle des marques d’amour » ; « La bouche attachée sur le visage et sur les mains de Manon » ; « L’ardeur du plus parfait amour ». Le vocabulaire des soins corporels est les signes de la souffrance sont indissociables du vocabulaire amoureux. L’amour et la mort semblent procéder des mêmes attitudes. Le corps est évoqué par les mains et la bouche, synecdoques de l’union charnelle. Les vêtements, dont des Grieux se dépouille pour réchauffer Manon puis pour l’ensevelir, sont eux aussi symboliques dans cette fusion des corps. Les expressions euphémiques et ambiguës comme « Je me soumis à ses désirs » ou « Je reçus d’elle des marques d’amour » tendent à assimiler ce contact à une étreinte amoureuse.

2. Le pathétique de la scène

Le récit d’un mort-vivant : « Un récit qui me tue » ; « Toute ma vie est destinée à la pleurer » ; « J’ai trainé, depuis, une vie languissante et misérable. Je renonce volontairement à la mener jamais plus heureuse ». Trois références temporelles se mêlent : le moment de la mort de Manon, le moment du récit à Calais et l’avenir : il permet de constater à quel point la vie de des Grieux est à jamais dévasté par la mort de Manon. Le pathétique est accentué par le sens que des Grieux donne à cette mort et au supplice supplémentaire qu’il subit en survivant, en se remémorant constamment cette scène d’agonie. En effet, il la « porte sans cesse » dans sa mémoire et le recul « d’horreur » qu’elle provoque en lui reste intact. La personnification « Mon âme semble reculer » montre la puissance du sentiment.

IIILe sens donné à la mort de Manon

- Un châtiment divin

Des Grieux voit dans la mort de Manon, avec une ironie amère, le châtiment infligé par Dieu pour ses fautes « Le Ciel ne me trouva point, sans doute, assez rigoureusement puni. Il a voulu que j'aie traîné, depuis, une vie languissante et misérable ». Des Grieux aurait préféré mourir en même temps que Manon. En le laissant vivre, le « Ciel » semble le considérer comme plus responsable qu'elle et lui réserver un éternel enfer => Châtiment. Tel est le sens du passage étudié et certainement cette explication correspond-elle à l'analyse faite par le héros sur le coup.

Sommeil « je croyais ma chère maîtresse endormie » -> Euphémisme diégétique de la mort.Simultanéité vie (amour) et mort « Je reçus d'elle des marques d'amour au moment même où elle expirait. »La passion porte en elle principe de destruction. Passion absolue, tellement exigeante -> fatale, mortelle, dangereuse.Rapprochement avec Racine ou Corneille.

Le bonheur impossible : fin paradoxale qui intervient au moment où tout semble enfin réunir les amants dans un amour reconnu.

2. Une mort rédemptrice

Des Grieux ennoblit Manon en racontant sa mort : montre son dévouement, sa tendresse. Ne cherche plus insatiablement le plaisir et le confort. Réhabilitation du personnage.Manon n'est plus dans son cadre habituel, plus tentée par me libertinage (atmosphère mondaine de Paris).Manon => véritable amante, presque une épouse.Paraît plus sympathique et spontanée.Episode Nouvel-Orléans : rupture avec le reste du roman.+ Manon meurt courageusement, sans plainte. Silence : lucidité et patience « elle se croyait à sa dernière heure. »=> Manon se rachète de tous ses pêchés par sa mort. Mort = purification.

Mort de Manon = aboutissement d'un chemin de croix : déportation en Amérique humiliante, infâme en tant que prostituée puis marche épuisante.

Manon meurt apaisée, dans le bonheur d'un amour partagé. Sa mort héroïque la rend plus sympathique.

D'autres exemples en littérature :La nouvelle Héloïse de Rousseau : mort de JulieMme Bovary de Flaubert : se rachète par la mort

La mort de Manon permet aussi à des Grieux de rentrer en France, de changer, de retourner dans le chemin de la vertu grâce à Tiberge.

Conclusion

Le récit de la mort de Manon est sobre et concis. Art de la litote et de l'ellipse : dire beaucoup en peu de mots.

Manon Lescaut : roman sur la passion :- En faveur de la passion : apologie de l'amour. Beauté du sentiment et joie enivrante.- En défaveur de la passion : démonstration de la perte d'un être soumis à la force foudroyante de la passion. Puissance destructrice. Montrer jusqu'où cela peut mener.Réflexion sur la destinée humaine. Des Grieux a été emporté malgré lui. Dimension tragique qu'ont aussi exploitée dramaturges de l'époque classique comme Racine.But du roman Manon Lescaut : instruire et faire réfléchir.

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