A une mendiante rousse - Baudelaire
Par Raze • 5 Juillet 2018 • 804 Mots (4 Pages) • 5 682 Vues
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Baudelaire semble se délécter dans le jeu qui consiste à affecter la forme et la rhétorique noble affectée à une figure qui en est à priori exclu. La rupture entre la forme et le sujet apparaît comme une espieglerie de l'auteur. Cette rupture est renforcée par l'allusion érotique : la multiplicité des amants de passage, les regards qui se posent sur elle, les vêtements de la mendiante.
Enfin, ce caractère ludique s'exprime par les mots à la rime : exalter le féminin en utilisant seulement des rimes masculines. De plus, des rimes riches sont utilisées pour évoquer la pauvreté.
Le poème rend hommage à Ronsard, Belleau, et du Bellay. Des archaismes et un style noble sont utilisés : « galamment », « maint », « galants »... On a également la présence de formules conventionelles de la rhétorique amoureuse : « Par tes galants mis au fer », « Et rangerais sous tes lois ». On remarque un contraste entre les mètres pairs et impairs utilisés qui provoque une dissonance sur le plan thématique (beauté superlative d'une pauvre mendiante). Le texte joue sur la disproportion de la strophe : on a 3 vers de 7 syllabes et 1 vers de 4 syllabes.
En conclusion, il y a dans ce poème, un éloge paradoxal de la jeune femme. La figure centrale est une prostituée mendiante et rousse qui ne correspond pas du tout aux canons de la beauté féminine et au lyrisme traditionnel amoureux. Le poème engage une nouvelle définition du beau, un beau toujours bizarre et atypique résultant de la rencontre, de la coincidence des contraires.
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