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Être jeune en France dans les années 1960

Par   •  15 Septembre 2018  •  5 135 Mots (21 Pages)  •  752 Vues

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B/ Poids du nombre et scolarisation massive

Du fait du baby-boom des années d’après guerre, jamais les adolescents n’ont été si nombreux dans les années 60 : 16 millions ont entre 15 et 20 ans, soit un Français sur trois. L’évolution de la société ainsi que cette masse de jeunes ayant l’âge d’être scolarisés vont conduire l’Etat à mettre en place des réformes favorables à la scolarisation de cette catégorie de la population. Alors que l’école était auparavant réservée à une élite sociale et que les jeunes des classes les moins favorisées n’avaient que de faibles possibilités de faire des études secondaires ; les années 60 vont être caractérisées par une ouverture importante du système éducatif, part secondaire ; à l’ensemble de la jeunesse française. C’est ce qui apparait dans l’extrait présenté ; E Morin dépeignant cette France rurale où les enfants se rendent dans les établissements secondaires, collèges et lycées. On observe alors un allongement progressif de la scolarisation, et une intégration par l’école d’un plus grand nombre de jeunes, y compris des futurs ouvriers ou futurs paysans ; notamment suite à l’adoption de la réforme Berthoin en 1959, laquelle porte l’obligation scolaire jusqu’à l’âge de 16 ans et institue la mise en place du collège. Ainsi, comme le met en avant E Morin, « Sur 250 à 300 garçons et filles de 14 à 19 ans [de la commune de Plodémet], 85 à 90% poursuivent des études secondaires, et il n’y a que 10% de jeunes travailleurs ». L'enseignement secondaire connaît une croissance imp : Collèges d'Enseignement Général (CEG) créés en 1959, et Collèges d'Enseignement Technique (CET) créés en 1963, passent ainsi de 902 000 élèves en 1945-46, à 1,8m° en 58-59 ; pour atteindre un peu plus de 3 millions en 1963-64. Les effectifs lycéens passent quant à eux de 156 000 en 1950 à 848 000 en 1970. Là encore, la commune de Plodémet décrite par E Morin est représentative d’un phénomène s’opérant à l’échelle nationale. Il souligne en effet que : « Au premier Octobre, 3 cars Poullan, remplis d’adolescents quittent Plodemet pour les lycées de Quimper. D’autres jeunes s’égaillent vers des écoles techniques du Finistère. Le reste s’engloutit dans les trois bâtiments du bourg ». Dans le même temps, les effectifs universitaires passent de quelques 140 000 à 300 000 avec, en parallèle une évolution des origines sociales de ces étudiants, favorable aux enfants originaires des classes moyennes et moins favorisées. A partir de la fin des années 1950 et plus encore tout au long de la décennie suivante, la jeunesse scolaire constitue ainsi, et ce dans un mouvement de grande ampleur et d'une rapidité étonnante, une nouvelle catégorie sociale qui n'était encore que marginale au début du siècle. Le système scolaire voit émerger de nouvelles figures du jeune, le collégien, le lycéen ; et de façon plus marginale ; celle de l’étudiant, lequel reste encore très minoritaire à la fin des années 60. En effet, bien que le niveau d'études augmente de façon continue au cours des années 60, avant 68 seulement 12-13% des jeunes obtiennent leur baccalauréat ; la grande majorité travaillant dès 16ans car les études supérieures sont encore trop coûteuses pour un nombre très élevé de familles (âge moyen fin d’études est encore

C/ Une jeunesse de plus en plus médiatisée

L’émergence de cette nouvelle génération va conduire à une médiatisation de plus en plus imp de celle-ci. En effet, longtemps ignorés par des adultes qui les assimilaient encore à des enfants, simples bouches à nourrir ou main d’œuvre en devenir, les jeunes qui grandissent dans les années 60 vont progressivement apparaitre comme une catégorie sociale à part entière, avec ses propres codes et ses aspirations ; différentes de celles des parents.

C’est sans conteste le poids démographique conséquent de cette classe d’âge qui va conduire la presse et les médias à s’y intéresser ; les uns, en s’adressant directement à eux, parce qu’ils comprennent très vite l’intérêt de le faire, notamment pour relancer des ventes médiocres par exemple, les autres, notamment universitaires, pour tenter de cerner cette nouvelle génération que beaucoup peinent à alors comprendre. Ainsi, pour la première fois émergerons des journaux consacrant assez vite des articles aux thèmes qui intéressent les jeunes ; l’amour ou la mode ou les stars du moment ; à l’instar de PM qui en 1961 publie cette photographie de JH, idole des jeunes et star montante du moment. Le groupe des jeunes se constituera par ailleurs également autour des représentations construites par les journalistes ou par les sociologues, à l’instar de Françoise Giroud, Alfred Sauvy ou bien Edgar Morin ; dont l’ouvrage, « La métamorphose de Plodémet, commune de France » paru en 1967 visera notamment à rendre compte des mutations rencontrées par cette jeunesse de la France rurale mais qui devient au fil des ans représentative de la jeunesse telle qu’elle est à l’échelle nationale. Ainsi, bien qu’encore marginalisée par le monde des adultes qui ne perçoit pas les évolutions qui l’affectent, la jeunesse prendra, en même temps qu’une place de plus en plus centrale au sein de la société, un poids de plus en plus considérable dans les média et les travaux des spécialistes en sciences humaines. On passera donc progressivement d’une jeunesse ignorée ou dépeinte sous des traits hostiles et particulièrement réprobateurs par les médias, du fait de l’incompréhension qu’elle pouvait susciter ; les jeunes étant alors associés à la délinquance, à la violence et mauvaises conduites de leur âge (blousons noirs) ; à l’émergence d’une image plus positive de la jeunesse, apparaissant alors comme une classe d’âge spécifique avec des besoins spécifiques.

II - Une jeunesse animée par des aspirations communes et unie contre le monde adulte

A/ Une jeunesse rassemblée autour d’une culture commune : « la culture jeune »

A partir de cette base démographique qui donne beaucoup de jeunes dans les années 1950 et 1960, un groupe social se constitue par autonomisation progressive et sentiment d’appartenance à une même génération : comportements spécifiques et modes de vie, mentalité et pratiques culturelle. Les jeunes existent par une panoplie vestimentaire, par un langage, par une consommation culturelle de type Mademoiselle Age tendre ou Salut Les Copains (émission d'Europe 1 lancée par Daniel Filipacchi et Franck Tenot en

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