Tenter la paix 1914-1920
Par Stella0400 • 15 Novembre 2018 • 4 318 Mots (18 Pages) • 412 Vues
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- Paix de justice ou paix de châtiment ?
- Pour ce qui est de la responsabilité de la guerre, il n’y a pas de discussion possible pour la France et la Grande Bretagne, l’Allemagne est responsable. Le traité de Versailles l’établit donc comme responsable de la guerre, et l’Allemagne doit faire un chèque en blanc (sans montant fixé par le traité) pour réparations des dégâts effectués, à tous les pays ayant subi des dommages. Pour les allemands c’est une paix de châtiment. La société allemande ne voit aucune raison d’être responsable de la guerre. Sous l’influence de Keynes, les britanniques prirent conscience que trop affaiblir l’Allemagne était une menace. Ils misèrent d’avantage sur le redressement de l’éco allemande. Lloyd George se montra favorable à un assouplissement du traité.
- Les opinions populaires sont peu consultées et on se rend très vite compte que toutes les promesses faites pendant la guerre ne pourront pas être tenues puisqu’un certain nombre d’entre elles sont contradictoires. Les pays d’Europe centrale réclament ainsi des territoires qui se chevauchent, en s’appuyant sur les promesses faites pendant le conflit Au printemps 1919, il est très clair que l’Italie n’obtiendra pas les terres que le traité de Versailles lui permettait de revendiquer. La région côtière de l’Adriatique, la Dalmatie, lui échappe notamment, ces négociations sont l’objet de vives critiques et d’une grande colère de la part de l’opinion publique italienne, qui développe l’idée de « victoire mutilée ».
Dans le Proche-Orient et le Moyen-Orient, on a également des problèmes qui se développent. Les anglais avaient promis un Etat arabe mais cultivent l’ambiguïté au sujet des frontières. Dans la conférence de la paix, plusieurs représentants arabes sont présents : un Etat arabe est immédiatement créé dans la péninsule arabique, le Hedjaz, ce qui ne pose pas de problème (les puissances occidentales avaient peu d’intérêt à l’époque dans cette région). En revanche, la question des territoires du nord-est de la péninsule (actuelles Irak, Jordanie, Palestine…) pose problème. Faysal, qui avait pris la tête des troupes pendant la guerre, n’arrive pas à s’entendre avec les anglais et français qui s’étaient déjà répartis le territoire lors des accords de Sykes-Picot et ne veulent rien céder. On choisit de remettre la solution à plus tard, ce qui excite les frustrations des différents partis.
- Une paix imposée : le « diktat »
- Le traité de Versailles signé 28 juin 1919, c’est une paix imposée, un diktat : paix pour laquelle les allemands n’eurent d’autre choix que d’accepter des closes injustes. A l’issue de ce traité : La France recouvrait l’Alsace-Lorraine ;Engagement de l’Allemagne à payer une somme non définie pour les réparations ;La rive gauche du Rhin était occupée pour une durée de 15 ans ;Démilitarisation de la rive droite du Rhin et de la Rhénanie ;Armée limitée à 100 000 hommes ; Perte de l’ensemble de ses colonies qui furent redistribuées sous forme de mandats aux puissances victorieuses. C’est un traité inacceptable pour les allemands, il favorise l’aspiration à la revanche. Il porte en germe les rivalités des années 30 et la 2nde Guerre Mondiale.
- Partout en Europe de l’est s’affrontent plusieurs armées peu définies, rendant la situation confuse. Robert Frank parle de la région comme d’un « vide juridique » : le traité de Versailles et les autres traités déclarent non-valides le traité de Brest-Litovsk. Ce qui en résulte, c’est qu’il n’y a aucune frontière officiellement délimitée en Europe de l’Est. Français, britanniques et américains vont décider de se rendre en Russie pour intervenir en soutien des « blancs », troupes armées russes luttant contre la révolution bolchevique, mais ils se retirent lors du printemps 1919. Dans les pays baltes, on assiste à des scènes de guerre civile : des corps francs (milices soutenues par le gouvernement) mènent des luttes antirévolutionnaires et nationales, aidés par des corps francs allemands. Ce vide juridique est utilisée pour modifier les frontières par la force. En Roumanie, on profite du chaos russe pour s’agrandir et repousser sa frontière vers la Bessarabie (grande surface, non reconnue comme étant à la Roumanie par le gouvernement russe). La Pologne nourrit les mêmes ambitions que la Roumanie (accroitre sa frontière à l’est), et lance en conséquence une initiative contre la Russie en 1919. Les franco-britanniques proposent une médiation avec la ligne Curzon, mais la Pologne espère obtenir mieux : elle lance une nouvelle offensive en novembre 1920. C’est le début de la guerre russo-polonaise qui la mène jusqu’à Varsovie en août 1920. Se produit alors ce qui est appelé dans l’imaginaire polonais le « Miracle de la Vistule » : les polonais repoussent les russes hors de leur territoire. Cette situation se conclut par le traité de Riga en 1921 qui donne à la Pologne une plus grande surface que celle proposée par la France et la Grande-Bretagne. Cette guerre a profité aux pays baltes et à la Finlande, qui proclament leur indépendance officielle, reconnue ensuite en 1920 lors de traités. La force a primé sur le droit dans la question des frontières, ce qui mène à des contentieux.
La dernière année de guerre est marquée par l’attente, le besoin et le rêve de la paix. - Populations épuisées
- Economies détruites,
- Pertes humaines,
- Immenses lassitude des populations, traumatisme
Ces rêves prirent pourtant une interprétation différente quand il fallut traiter et discuter les termes de la paix. La paix réelle s’illustre par la lutte des vainqueurs pour imposer des conditions draconiennes. Ils entendent par-dessus tout traîner les vaincus devant un tribunal de fait dont Angleterre et France s’octroient la présidence. Comme en témoigne l’adage Français « L’Allemagne paiera ». Certes la SDN, créée à l’initiative de Wilson peut être vu comme un moyen de conserver la paix. Mais entre injustices et contraintes, peut-on qualifier cette victoire de paix ? Si affaiblir les vaincus apparaît comme un but initial, la réorganisation du monde par les vainqueurs apparaît aussi comme un règlement de compte. A l’heure de la reconstruction, n’est-ce pas cette paix imposée terrible pour les vaincus (et pour l’Italie mise de côté) l’une des causes principales de la plus dévastatrice encore WW2 ? Il n’est en tout cas pas surprenant de retrouver
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