La révolution cas
Par Plum05 • 19 Avril 2018 • 2 451 Mots (10 Pages) • 382 Vues
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- le gvrnmt frçs : l 28 à 31. Les ministres sont nommés par le Roi ; il les choisit comme il l’entend, et certainement pas parmi ses adversaires. D’où la menace contenue ds ces lignes (« vengeance des lois », « la mort »). Idées = droit du peuple à s’insurger ctre des gouvernants qui ne respectt pas les lois (le passage peut s’inspirer de la Déclaration américaine d’indépendance de 1776) ; supériorité du pouvoir législatif sur l’exécutif.
II un patriotisme exalté
A) deux moteurs
- la supériorité de la France comme nation : lignes 1 à 8. On a là un stéréotype national (« le caractère du peuple français ») : un peuple s’attribue à lui-même des qualités éminentes. Depuis longtemps, le Frçs se dit et se veut « libre » avec un jeu sur le double sens du terme « franc » : c’est de facto le nom du peuple germain dont venait Clovis au Vème s/ franc = libre, comme ds les termes « franc-fief » (une terre sans seigneur) ou « charte de franchise » - octroyé à une ville, document qui l’exonère de tte une série d’obligations, fiscales par ex, et lui permet de s’administrer elle-même (cf les nbrses «Villefranche » sur le territoire frçs). Le XVIIIè s a pu renforcer ce sentimt de prééminence : l’influence frçse est grande ds l’Europe des Lumières - on imite un peu partout le château de Versailles, les jardins « à la française » (selon les lignes géométriques dessinées par Le Nôtre), le français est la langue de la diplomatie et des Cours (cf le roi de Prusse Frédéric II correspondant en frçs avec Voltaire)…
- la ferveur révolutionnaire : lignes 9 à 11 renvoi à la conscience d’une sorte de supériorité acquise par la F en 1789 : la DDHC se veut universelle (aucun article ne renvoie spécifiquement à la seule France), la F entend guider l’humanité. Les mots « peuple », « nation », « patrie » renvoient à l’idée affirmée depuis 1789 : le peuple est souverain ; c’est désormais lui qui est sacré et non plus la personne du monarque (cf « crime de lèse patrie » - l 14 - alors qu’on avait avant 1789 des crimes de lèse-majesté). Cette idée est discutable ds les faits car la Constitution de 1791 a instauré un suffrage censitaire à deux degrés : les citoyens dits « passifs » ne sont pas des acteurs du jeu politique - ne le deviendront qu’en sept 1792 avec l’élection de la Convention au suffrage « universel » masculin. Mais les Girondins se méfient de l’intervention des masses ds la vie publique : il n’est donc pas étonnant qu’Isnard ne s’attarde pas sur ce point.
B) une mission, convertir les peuples à la liberté: lignes 40 à 47
- Un rêve à l’horizon d’une harmonie universelle : parabole, « les peuples s’embrasseront à la face…de la terre consolée et du Ciel satisfait » (Ciel = Dieu). Rêve d’un monde libéré de tt conflit au terme de la guerre victorieuse : cet esprit d’utopie anime bien des révolutionnaires.
- L’extrait révèle la force de l’imprégnation des Lumières chez ce député (« le jour de la philosophie… » l 45 ; « la raison » l 49): cela traduit un fait général (cf référence aux idées nouvelles dans la DDHC…). Isnard incarne la génération des Lumières qui a fait la Révolution et croit en la possibilité du bonheur ici-bas, individuel et collectif.
III un morceau d’éloquence révolutionnaire
A) un style déclamatoire et épique marqué par une culture classique
- nombreuses phrases exclamatives ; fausses questions propres à l’art oratoire ; répétition des formules définitives sous forme de sentences (« l’étendard de la liberté est celui de la victoire », l 11) ou usant d’hyperboles : « toujours » (lignes 9), « tout entier », « de dessus le globe » (ligne 7) : amplification temporelle et spatiale par avance du drame qui se noue ; anaphores : cf l et 48 : « disons…. » Tt le discours a une tonalité belliciste (le champ lexical des armes est omniprésent : épée, fer, glaive, armes) ; il construit l’opposition entre deux ennemis irréconciliables : eux et nous (l 26 : on passe à la première personne du pluriel), on apostrophe l’adversaire, structure en chiasme (lignes 2 et 37-39). Il faut vaincre ou mourir (lignes 33-39) : il y a une vocation de martyr en tout militant révolutionnaire, la mort pour la cause hante l’extrait (« disparaître tout entier », « cadavres »…). L’idéal de la « belle mort » héroïque sur le champ de bataille, hérité de la noblesse, avait encore cours : on le trouve ds les chants de la Révolution, ou le récit de la mort du jeune Bara– il perdurera jusqu’en 1914-1918.
- empreinte de la culture gréco-latine enseignée alors dans les collèges ds la manière de construire les phrases (périodes des l 2, l 23-26…), le rythme ternaire fréquent en latin (l 27), les mots employés repris à l’Antiquité (« lauriers de la victoire » l 34, « glaive » l 4 et 49 , « tyran » l 46, 51), les valeurs invoquées (l’amour de la patrie, le devoir de se sacrifier pour elle , la haine des « tyrans ») : les orateurs de l’Antiquité (Démosthène, Cicéron…) st des modèles pour les députés de la Rév F, dt bcp venaient de professions à diplômes (avocats surtt). Plus généralmt, la Rév F regarde svt vers la Cité athénienne ou la Rome républicaine - par ex sur le plan artistique : Robespierre confie au grd artiste néo-classique rallié à la l’idéal révolutionnaire qu’est David l’organisation de la fête de l’Être suprême en 1794.
B) des mots pour agir et espérer
La victoire sera pour la France : lignes 48-51. La force du côté de la France : le nombre (F est alors le pays le plus peuplé d’Europe, hors la Russie), l’enthousiasme… /la faiblesse chez ses adversaires. Des images qui révèlent et/ou soutiennent l’optimisme « tyrans sur leurs trônes… » ligne 51 : opposition fer/argile, roche friable, prompte à se défaire, métaphore classique de la fragilité.
Bcp de volontarisme chez Isnard : l’enthousiasme pourrait suppléer à tout. Et bcp d’illusions aussi sur ce plan : les débuts de la guerre révéleront les faiblesses des armées frçses, avant que n’intervienne le rétablissement de Valmy le 20 sep 1792.
Conclusion : intérêt historique du document
Texte intéressant pour ce qu’il nous révèle du débat au sein des élites révolutionnaires frçses sur la question de la guerre, quelques mois
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