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La fondation de Constantinople

Par   •  26 Décembre 2017  •  2 195 Mots (9 Pages)  •  689 Vues

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voulait y construire sa « résidence impériale » (l.8). Constantin y a effectivement construit un palais alors qu’auparavant les empereurs n’avaient pas de résidence permanente. L’empereur qui s’installe à Constantinople, c’est un réel signe que la cité est considérée comme une capitale, au profit de Rome.

La ville est donc aussi destinée à rivaliser avec Rome, et si elle n’est pas considérée au début comme la capitale, son rôle politique est prépondérant, en témoigne le transfert d’institutions opéré par Constantin.

Sozomène dit que « il y établit un autre grand conseil, qu’on nomme Sénat, et lui attribua les même honneurs et les mêmes hiéroménies que ce qui est d’usage dans la Vieille Rome » (l.24-26). Progressivement, en plus du Sénat, les services administratifs sont transférés auprès de l’empereur et de sa cour. Constantin a en effet fait venir des sénateurs et des personnages influents de Rome et d’autres provinces : « il établit [...] des hommes de renom, ayant fait venir les uns de la Vieille Rome, les autres d’autres provinces » (doc. 18, l.17-18) ; « certains membres du Sénat qui l’avaient accompagné » (doc. 19, l.33). Cette volonté de « faire contrepoids » à Rome est caractérisée en outre par la construction de monuments prestigieux autour desquelles la population se réunira. Il a y notamment un « hippodrome » (doc.18, l.20), édifice de 400 mètres de long pouvant accueillir près de 40 000 personnes où l’on célébrait chaque année la fondation de la cité et où l’empereur faisait son apparition en publique.

Cela nous amène à évoquer la population de la cité, qui croit assez rapidement jusqu’à dépasser en nombre celle de Rome.

Sozomène écrit que Constantinople est « plus grande en habitants et en richesse » (l.28). Il est vrai que la ville connaît un essor démographique ainsi qu’une certaine prospérité. On estime qu’un siècle après sa création, Constantinople comptait 150 000 habitants et sous Justinien (527-567), presque 300 000 habitants pour environ 100 000 à Rome.

Dès Constantin, l’empereur favorise l’afflux de population avec des contributions apportées aux habitants. Zosime écrit qu’il « distribua au peuple de Byzance une annone publique » (l.35). Comme à Rome, des vivres sont distribués gratuitement à la population. Par ailleurs les deux auteurs expliquent qu’il attira les grandes familles romaine en leur construisant des habitations : « il fit bâtir des demeures pour certains membres du Sénat qui l’avaient accompagné » (doc. 19, l.33). Ces aides à la population témoignent d’une réelle volonté chez l’empereur de faire venir une population non seulement nombreuse mais puissante dans la ville. Cette population qui serait par ailleurs en sécurité dans une ville très bien défendue : « Aussi l’entourèrent-t-ils d’un nouveau rempart » (doc 19, l.40). Constantin avait fait construire un premier rempart, mais pour protéger une population devenue trop importante et sécuriser les citernes à l’entrée de la ville, Théodose Ier (379-395) fit bâtir une muraille longue de 7 kilomètres et haute de onze mètre. Finalement la cité va connaître assez rapidement une prospérité qui fit d’elle plus que l’égale de Rome. Selon Sozomène elle est « plus grande en habitants et en richesses » (l.28). Rome, au IVe siècle, était en déclin alors que Constantinople en pleine expansion.

Constantinople est donc la Nouvelle Rome, c’est la capitale politique de l’Empire, comme nous le suggère les constructions impériales opérées dans la ville, ainsi que l’essor de la population. Mais en plus de ce rôle politique, la ville va, comme Rome, être un centre religieux important pour devenir ensuite la capitale du christianisme.

Du temps de Constantin, il n’y a pas encore de volonté de faire de Constantinople une capitale du christianisme. Les extraits de Sozomène et Zosime divergent lorsqu’ils parlent de la religion, car nous avons affaire à un auteur chrétien et un auteur païen. Sozomène insiste sur le caractère chrétien de la ville, lui inventant même une création inspirée par Dieu : « Dieu la nuit lui apparut et […] lui révéla de fonder là sa ville et de lui donner le nom de Constantin » (l.11-13). Il explique par ailleurs que Constantin fut très actif pour la construction d’églises : « Constantin l’orna de beaucoup d’églises » (l.35-36). Tandis que Zosime affirme à l’inverse qu’il construisit des temples : « il fit édifier […] deux temples » (l.26-27). En réalité, Constantin conserva des temples païens déjà présents comme celui dédié à Aphrodite, Artémis et au Soleil. Par ailleurs, peu d’églises furent construites du temps de Constantin. Il y avait en effet peu de martyrs donc peu de reliques dans la cité, mais quelques unes furent érigées par l’empereur comme Sainte-Irène. L’opposition de ces sources nous rend compte de l’indétermination de Constantin de se consacrer à une seule et unique religion, il est chrétien, probablement après la bataille du Pont Milvius de 312, mais garde un intérêt pour le paganisme, notamment la divinité solaire.

C’est après Constantin que la ville devient une capitale chrétienne. Son siège épiscopal devient de plus en plus important. Cela nous amène au document 21, en 381, Constantinople accueille un concile œcuménique dont le second canon fait de Constantinople la seconde dans la hiérarchie ecclésiastique, derrière Rome. Le concile de Chalcédoine en 451 en est la confirmation et si Rome est toujours devant c’est par son histoire et son honneur, car Constantinople est réellement la capitale religieuse d’un Empire dont la réalité est en Orient. La ville se développe au même moment que le christianisme, si bien qu’elle ne sera que peu concernée par les cultes païens. Sozomène écrit « elle n’a fait l’expérience ni des autels, ni des temples ou sacrifices païens » (l.32-33). Sa vision catégorique est à nuancer car nous avons vu que du temps de Constantin il y avait des temples païens. Toutefois, cinquante ans après la création de la ville, les cultes païens sont exclus, lorsque Théodose Ier donna au christianisme le statut de religion d’Etat. Enfin, les empereurs dans leur ambition d’égaler la splendeur de Rome, y firent construire à partir de la fin du IVe siècle des églises, peut être celles dont Sozomène parle (« grande églises », l.36), notamment Sainte-Sophie. C’est Justinien qui refonde l’église après ses deux incendies de 404 et 532 et l’édifice est inauguré en 537. La basilique est grandiose, inspirée du Panthéon romain, sa coupole s’élève

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