Histoire de l'Europe contemporaine
Par Ninoka • 9 Octobre 2018 • 8 970 Mots (36 Pages) • 594 Vues
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Question B
Analysez de façon critique le Mouvement paneuropéen et le Mémorandum Briand dans le contexte d’intégration européenne. (2 pts)
Dès le lendemain de la guerre, l’idée est lancée que seule la coopération entre Etats européens permettrait la reconstruction rapide des économies dévastées. Très vite aussi, la coopération entre la France et l’Allemagne apparaît comme une solution alternative au paiement des réparations exigées par la France. Même si les accords sur ce point précis n’aboutissent qu’à peu de résultats, l’idée d’un rapprochement franco-allemand, aussi sur le terrain économique, n’est pas morte, comme en témoigne le comité Mayrisch, fondé par le grand industriel luxembourgeois pour promouvoir les contacts entre hommes d’affaires et intellectuels, français et allemands. La Société Des Nations de son côté, notamment ses organes économiques (comité économique et section économique du secrétariat) encouragent la coopération entre les Etats du continent et préconisent, vers la fin des années vingt, la constitution d’un vaste marché conçu sur le modèle américain mais en réaction contre la fermeture du marché américain. Dans cette perspective, le projet européen apparaît à double détente : volonté de solidarité accrue et souci de réagir contre une menace extérieure.
Cette double préoccupation inspire aussi le théoricien et propagandiste le plus dynamique de l’entre-deux-guerres, Richard Coudenhove-Kalergi. Autrichien de naissance devenu citoyen tchèque en 1919, il lance, à Vienne, le projet puis le mouvement paneuropéen. Pour l’auteur de Pan-Europa (1923), l’Europe, en déclin, doit s’unir si elle veut continuer à jouer un rôle dans le monde et sauvegarder son indépendance face aux grands Etats, Etats-Unis et U.R.S.S. et même en Angleterre qui, sans être menaçante pour le continent, n’en est pas moins, avec son empire, une puissance extérieure. Cette union doit se réaliser par étapes, commencer par une coopération intergouvernementale étroite, continuer par des accords pour généraliser l’arbitrage et créer une union douanière pour aboutir à la constitution des Etats-Unis d’Europe. Pour favoriser la diffusion de ses idées, Coudenhove-Kalergi fonde un mouvement de promotion, l’Union paneuropéenne qui s’appuie sur une revue mensuelle, sur l’action des comités nationaux organisés dans une quinzaine d’Etats et la tenue de congrès périodiques (à Vienne en 1926, Berlin en 1930, Bâle en 1932, Vienne à nouveau en 1935) auxquels participent des personnalités prestigieuses du monde politique, littéraire et scientifique.
C’est en 1929 qu’est faite la première tentative gouvernementale pour passer des rêves à la réalisation de l’unité européenne. Aristide Briand, ministre des Affaires étrangères depuis 1925 mais aussi président du Conseil depuis le retrait de R. Poincaré et président d’honneur du mouvement paneuropéen, choisit la tribune de l’Assemblée générale de la SDN pour lancer son appel, le 5 septembre. Après avoir mené pendant quatre ans une politique de réconciliation avec l’Allemagne, de Locarno (1925) aux accords de La Haye (1929), Briand propose la création d’une union régionale – européenne – dans le cadre de la SDN. Son projet sera précisé, à la demande des partenaires de la France, par un mémorandum du quai d’Orsay (1er mai 1930). Ce double projet s’enlise rapidement. Les faiblesses de la proposition française ne sont pas seules en cause : l’ambiguïté de certaines formulations juxtaposant la perspective d’une « sorte de lien fédéral » et la promesse de ne pas toucher à la souveraineté des nations, l’hésitation entre une priorité donnée à la coopération économique (en 1929) ou politique (en 1930) sont sans doute autant d’habiletés manœuvrières. Mais ce projet ne suscite pas l’enthousiasme des gouvernements européens profondément divisés et il sera finalement abandonné en 1932, dans une conjoncture marquée par la crise économique, le durcissement des protectionnismes, les visées autarciques et le triomphe des idéologies nationalistes ou fascistes dans une large partie de l’Europe.
Le développement de l’idée européenne montre que toute la problématique inhérente à la construction de l’Europe est déjà posée bien avant 1945, même si, à chaque époque, l’idée européenne est tributaire du contexte historique. Les champions de l’unité européenne, qui se veulent progressistes et souvent hommes de gauche, la justifient pratiquement toujours au nom de la sauvegarde de la paix mais aussi au nom des intérêts – y compris économiques et financiers – des Etats européens. Si les limites géographiques de cette Europe à unir restent souvent floues, certains pays sont fréquemment exclus : la Russie puis l’U.R.S.S. mais aussi l’Angleterre avec son empire. Très souvent les grands Etats sont perçus comme constituant inévitablement le cœur de l’Europe : noyau franco-anglais pour les saint-simoniens, noyau franco-allemand, jugé préférable ou incontournable, de l’époque romantique de l’ère Briand-Stresemann. Les contours institutionnels de nombre de ces projets sont, eux aussi, vagues voire ambigus ou contradictoires. La confusion – parfois entretenue sciemment ? – entre confédération et fédération n’est que l’exemple le plus typique des incertitudes du langage et des concepts comme la difficulté à définir l’articulation entre Etats-nations et organisation européenne. Reste la « foi » européenne qui fonde ses utopies et qui se réfère à des valeurs considérées comme le socle de l’unité : solidarité sinon fraternité, liberté, progrès, justice, pacifisme.
Question C
Expliquez-en quoi la Grande Dépression a bouleversé l’ordre économique et politique en Europe et en quoi le New Deal a pu servir d’inspiration pour le redressement de l’Europe après la Seconde Guerre mondiale ? (1 pt)
Une crise économique mondiale s'est déclenchée aux États-Unis le 24 octobre 1929 (« jeudi noir ») par le krach boursier de Wall Street. Sa propagation a été rapide, ce qui a plongé le monde dans la récession pendant les années 1930. De profonds bouleversements sociaux et politiques engendrés ont favorisé l'arrivée au pouvoir en Europe des partis fascistes. Ce qui a amené à une politique expansionniste, la cause directe de la Seconde Guerre mondiale.
Le déclenchement de cette crise se justifie par de multiples raisons : malgré la bonne santé affichée par l'économie américaine à la fin des années 1920, les bases
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