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Concentration de Mauthausen

Par   •  28 Février 2018  •  1 749 Mots (7 Pages)  •  521 Vues

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et des Tziganes. C’est à ce moment-là qu’apparaît

l’expression « devoir de mémoire ». On assiste alors à un véritable tournant de l’histoire officielle ; un décret du 3 février 1993

instaure une journée nationale à la mémoire des victimes des persécutions racistes et antisémites commises par le

gouvernement de Vichy ; cette journée est fixée au 16 juillet. Puis cette tendance est confirmée par le discours prononcé par

Jacques Chirac lors de la commémoration de la rafle du Vel’ d’Hiv le 16 juillet 1995 (discours évoqué par Denis Salas) dans

lequel il reconnaît la responsabilité de la France dans la déportation des Juifs. Le devoir de mémoire s’inscrit alors dans

l’opinion. Enfin, en 2002, le 27 janvier devient la Journée de mémoire de l’Holocauste et de prévention des crimes contre

l’humanité, dans toute l’Europe à l’initiative conjointe de la France et de l’Allemagne. Ainsi, cette évolution montre une prise de

conscience tant au niveau de l’État que dans l’opinion des différentes formes de la déportation.

On peut se demander quel rôle les historiens, les témoins et les juges ont joué dans cette prise de conscience officielle et

collective. On doit rappeler même si ce n’est pas dit dans ces deux extraits que le mythe résistancialiste a volé en éclat en 1973

lors de la publication en France du livre de l’historien américain Robert Paxton, "La France de Vichy". Ce livre a provoqué un

choc en France puisqu’il démontre que la collaboration a été une initiative française et dévoile une image moins glorieuse de la

France occupée. Le rôle des historiens est largement évoqué dans le premier extrait avec notamment le souci des survivants

de "mettre à la disposition des chercheurs et des historiens toutes les ressources" […]" par le croisement des documents et des

témoignages". On est passé à la troisième phase de la mémoire évoquée par Jean Gavard, "la mémoire historique". On voit

bien ici le lien étroit entre mémoire et histoire. La mémoire repose sur les souvenirs et le vécu de personnes qui peuvent en

témoigner. Les témoignages deviennent un matériel de recherche pour les historiens. Le souci des survivants s’exprime

également dans la suite du texte : "la nécessité de conserver des traces exploitables par l’historien de la "mémoire du crime".

Cette expression est marquée par un vocabulaire de juriste. On peut alors parler du passage de relai des témoins aux

historiens pour que la mémoire de la déportation survive à la disparition des témoins. Denis Salas s’interroge en effet sur la

"contradiction entre une mémoire nourrie par un devoir de fidélité aux morts et l’histoire liée à ses sources par un contrat de

vérité." Par définition en effet la mémoire est peu fiable, on peut oublier, on peut insister davantage sur tel fait plutôt que tel

autre. "Le devoir de fidélité aux morts" par son caractère sacré religieux ou patriotique est peu compatible avec une recherche

historique dont la première qualité est d’être distanciée et qui doit rechercher la vérité dans les sources et les documents qu’il

faut nécessairement croiser et en avoir une approche critique.

Le croisement des documents et des sources est d’autant plus facile aujourd’hui que désormais les témoins sont écoutés ; ils

témoignent dans les écoles ou auprès d’un plus large public et sont pour la plupart d’entre eux très conscients de la nécessité

de leur témoignage.

Quel va être alors le rôle des juges dans la préservation de la mémoire de la déportation ? Nous avons une partie de réponse

dans la dernière phrase du deuxième extrait : "Le droit va prêter son langage à ces nouveaux porteurs de mémoire." Les

nouveaux porteurs de mémoire sont les témoins ou les descendants de la déportation de persécution et de l’extermination des

Juifs et des Tziganes. C’est par le biais de la justice qu’ils vont être entendus. Ainsi, à la fin des années 1980 et dans les

années 1990, plusieurs procès sont intentés à des responsables de crimes contre l’humanité. En ce qui concerne la

déportation, le premier a condamné Klaus Barbie, chef de la Gestapo de Lyon pour crime contre l’humanité en 1987 ; Ce

dernier était notamment responsable de la déportation des quarante-quatre enfants juifs de la colonie d’Izieu. Ce procès a

donné l’occasion aux témoins de prendre la parole. Dès 1981, une plainte pour crime contre l’humanité avait été déposée

contre Maurice Papon, haut fonctionnaire à la préfecture de la Gironde entre 1942 et 1945 et responsable de la déportation des

Juifs bordelais. Ce procès s’est tenu en 1997 et Maurice Papon a été condamné. Lors de ces procès, le travail des juges s’est

révélé important pour la transmission de la mémoire des déportations.

Ainsi, comme nous l’avons dit, la reconnaissance officielle de la mémoire de la déportation raciale s’est progressivement

imposée, à tel point que la place de la Shoah est devenue centrale dans le paysage mémoriel français aujourd’hui. Il s’en est

suivi une compétition des mémoires entre les deux formes de la déportation. Par ailleurs, à la fin des années 1970, l’émergence

du

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