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Charles V, un roi sage

Par   •  17 Août 2018  •  4 539 Mots (19 Pages)  •  547 Vues

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Robert Knowles, à la tête d'une chevauchée de 2 500 archers et 1 600 hommes d'armes, part de Calais fin juillet 1370 et pille les campagnes contournant Amien, Noyon Reims et Troyes. Le calcul du roi de France est que les chevauchées ne permettent pas de tenir le terrain et attisent l'anglophobie dans les territoires pillés. Charles V continue de miser sur une guerre de siège et de propagande, qui lui permet de reprendre du terrain, ville après ville, le plus souvent sans combat. Il renforce le prestige de la couronne de France par ces victoires, malgré les souffrances engendrées par la tactique de la terre déserte (il laisse les chevauchées anglaises piller les campagnes dont la population s'est réfugiée dans les forteresses qui ont été reconstruites dans tout le royaume) et par le retour de la peste. Ainsi la chevauchée de Knowles est refoulée de Bourgogne. Charles V doit montrer que les impôts prélevés pour conduire la guerre sont utiles, d'autant que la nouvelle du sac de Limoges vient d'arriver : les esprits s'échauffent.

Pour rassurer le pays mis à feu et à sang par la chevauchée de Robert Knolles, Charles V fait connétable le très populaire Bertrand du Guesclin, qui vient de rentrer victorieux de Castille ayant vaincu Pierre le Cruel, l'allié des Anglais à Montiel ; il lui confie une armée levée grâce à un emprunt forcé pour harceler les Anglais. Du Guesclin harcèle Robert Knowles et le bat à Pontvallain. La zizanie ayant gagné les capitaines anglais, la chevauchée se désagrège arrivée en Bretagne.

En mars 1373, c'est une véritable armée qui débarque à Saint Malo : 2 000 hommes d'armes et 2000 archers sous les ordres du comte de Salisbury , William Montagu. Pour une telle opération, l'accord du duc est indispensable. C'est un casus belli, et Charles V donne l'ordre d'attaquer. Son armée entre en Bretagne avec l'appui d'une bonne partie de la noblesse qui s'enrôle massivement sous la bannière de Bertrand du Guesclin. En deux mois, la quasi-totalité du duché est occupée : à la Saint-Jean, les Anglais ne tiennent plus que Brest, Auray, Bécherel et la forteresse de Derval. Jean IV quitte la Bretagne dès le 28 avril.

N’ayant pas les moyens logistiques et financiers de soutenir la guerre de siège que lui impose Charles V et qui semble conduire à la reconquête progressive de toute l’Aquitaine, Édouard III tente d’affaiblir l’effort français en Guyenne par l’ouverture de nouveaux fronts.

Édouard III tente une chevauchée censée ruiner la France dans ses forces vives. Le 12 juin 1373,le duc de Lancastre, Jean de Gand, lieutenant spécial et capitaine général dans le royaume de France conduit à travers la France une chevauchée des plus dévastatrices. Mais celle-ci reste sous contrôle : Philippe le Hardi tient les ponts et les châteaux sur son aile droite, du Guesclin la suit et empêche tout repli vers Calais. Battu par Clisson à Sens, le duc de Lancastre ne peut rejoindre la Bretagne, il tente donc de rallier la Guyenne en traversant le Limousin. Ses hommes sont affamés, les chevaux crevés (ou mangés), la fin de l’expédition se fait à pied et perd la moitié de ses effectifs (les défections sont nombreuses).L’arrivée piteuse du résidu des troupes de Jean de Lancastre à Bordeaux brise le moral des fidèles au roi d’Angleterre. Au total, entre 1369 et 1375, les Français reprennent aux Anglais la quasi-totalité des concessions faites et des terres possédées par l’ennemi avant même le début de la guerre, exceptions faites de Calais, Cherbourg, Brest, Bordeaux, Bayonne, et de quelques forteresses dans le Massif Central. Mais parvenu à ce point Charles V sait ne pouvoir reprendre plus de terrain, les Bordelais étant trop anglophiles du fait des liens commerciaux (ils exportent massivement leur vin vers l’Angleterre). Toute sa stratégie étant fondée sur la reconquête des cœurs avant celle des territoires, il ne souhaite pas s’encombrer d’une ville prête à se rebeller à la première occasion. Tout est ouvert pour finalement négocier, à Bruges, un traité mettant fin à la guerre en reconnaissant la souveraineté des Français sur les territoires reconquis.

En 1375, Jean IV débarque à Saint-Mathieu-de-Fineterre avec 6 000 hommes sous le commandement du comte de Cambridge. Le succès est rapide mais éphémère : à peine la Trêve de Bruges signée entre Français et Anglais que les troupes anglaises quittent la Bretagne et que les places bretonnes retournent françaises. Jean IV doit retourner en Angleterre.

II/ Une administration nouvelle (unité) :

a- Un nouveau mode de gouvernement :

Témoin des malheurs causés par la captivité de son père, Charles V se fait une loi de ne point commander ses troupes en personne et dirige tout du fond de son cabinet. Il a pour généraux Olivier de Clisson, Bertrand Du Guesclin, et Jean de Boucicaut, lesquels l'aident à reconquérir la quasi-totalité du royaume. Charles V tiens notamment sa réputation de roi sage du fait de ses capacité à être un bon un gestionnaire, un diplomate et un juriste.

La politique des apanages a été imaginée comme une décentralisation pour améliorer la gestion des provinces éloignées de la capitale. Ces dernières sont possédées par la famille proche du roi, et reviennent à la couronne en l'absence d'héritier mâle, ce qui évite d'en perdre le contrôle après un mariage. Les princes reçoivent leurs finances des impôts permanents récoltés par le roi, ce qui permet à celui-ci de les garder théoriquement sous contrôle. Chaque apanage lève une armée comprenant chevaliers et troupes envoyées par les villes, voire des paysans, et peut ainsi chasser les Grandes Compagnies qui ravagent le pays et relancer l'économie. Dans un deuxième temps, les impôts rentrant, ces armées sont professionnalisées et soldées en permanence, ce qui permet la reconquête des terres concédées au traité de Brétigny. L'autorité du roi et des princes en sort donc renforcée et les levées d'impôts sont justifiées auprès des populations.

Comme la stabilité monétaire, la Justice est l'un des points marquants du règne de saint Louis, qui est la référence pour l'époque. Charles V remet donc le droit au centre de son mode de gouvernement : il s'entoure de juristes et fait appel à la Cour de Justice pour rendre certaines décisions. Il garantit ainsi l'équité à ses sujets, et restaure l'autorité royale.

Il matérialise la séparation des pouvoirs entre gouvernement et administration

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