Gouverner la France depuis 1946 : une érosion du pouvoir de l’Etat ?
Par Andrea • 24 Septembre 2018 • 1 532 Mots (7 Pages) • 633 Vues
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occuper les fonctions ministérielles. On trouve ici un exemple de la volonté qu’a l’Etat de renforcer son pouvoir sur les services publics. Les trois premiers présidents de la Cinquième République que sont Charles De Gaulle, Georges Pompidou et Valery Giscard d’Estaing profiteront de l’essor économique hérité des Trente Glorieuses pour diriger les investissements étatiques dans des projets liés au transport, à la recherche, à la santé, à l’enseignement supérieur et à la culture. C’est ainsi que seront créés et développés les autoroutes, les Lignes à Grande Vitesse et les Centres Hospitaliers Universitaires. Cette politique mettant volontairement l’accent sur la République et sur l’omniprésence de l’Etat dans la société lui vaudra d’être qualifié d’ « Etat-Providence ».
Les premières années de la Cinquième République, sous influence gaulliste semblent avoir trouvé le bon compromis entre interventionnisme de l’Etat et pouvoir décisionnel citoyen. Pour autant, les événements de Mai 1968 constitueront une première tâche qui viendra assombrir un bilan relativement positif.
Si les années soixante ont vu l’Etat s’imposer comme point central de la vie politique française, la démission du président De Gaulle après un référendum perdu sur la régionalisation en 1969 ouvre la voie à des réformes qui vont trancher avec la politique appliquée jusqu’alors. En termes économiques, le premier choc pétrolier de 1973 sera à l’origine d’un début de remise en question de la place prépondérante de l’Etat dans la société et par extension d’une remise en cause de la politique économique keynésienne pour laisser peu à peu place à un néo-libéralisme critiquant des dépenses étatiques trop importantes. C’est ainsi que débuteront les premières formes de politique d’austérité visant à réduire les dépenses de l’Etat durant le mandat présidentiel de Valery Giscard d’Estaing que nous retrouvons actuellement dans beaucoup de pays européens.
Le tournant de la Cinquième République, si l’on peut le désigner ainsi, serait l’élection de François Mitterrand en 1981, devenant ainsi le premier président socialiste de la Cinquième République. Si son mandant s’accompagne de nombreuses avancées sociales et sociétales comme la cinquième semaine de congés payés, la semaine de 39 heures, l’abolition de la peine de mort ou encore la dépénalisation de l’homosexualité, c’est surtout en terme d’administration de la vie politique française que les réformes sont les plus intéressantes dans notre cas. Ainsi, cette première phase d’alternance sera à l’origine d’une importante vague de nationalisation en 1982 et de décentralisation l’année suivante. On peut désormais parler d’une phase de perte partielle de pouvoir de la part de l’Etat qui accepte dès lors de céder une partie de ses pouvoirs aux collectivités régionales et territoriales afin de rapprocher encore un peu plus le peuple de la gouvernance. Si dès 1983, les difficultés économiques de la France poussent François Mitterrand et son gouvernement à instaurer une politique d’austérité imposée par la Communauté Economique Européenne, ce n’est là que le début d’une délégation de certaines responsabilités économiques à Bruxelles.
Enfin, si la fin des années quatre-vingt puis quatre-vingt-dix est marquée par une première cohabitation entre François Mitterrand (président de la République) et Jacques Chirac (Premier Ministre) en 1986, suivie d’une seconde entre François Mitterrand et cette fois Edouard Balladur comme Premier Ministre en 1993 qui donnent lieu à des processus de privatisation c’est une perte voulue de prise en charge de l’économie qui s’opère. La création de l’Union Européenne et sa part grandissante de prises de décisions politiques tant sur le plan économique qu’environnemental avec la création de l’Euro et la multiplication des normes environnementales dans les domaines de l’industrie et de l’économie tendent à renforcer cette impression de perte de pouvoir de l’Etat.
En conclusion, si la Quatrième République a permis un rétablissement de l’ordre et une récupération du pouvoir politique par l’Etat en France, c’est la Cinquième République initiée par De Gaulle en 1958 qui renforcera réellement le pouvoir exécutif français. De la même manière, s’il est indéniable que l’on ne peut plus parler d’Etat-Providence comme il a été mis en place à cette période, le terme d’érosion du pouvoir de l’Etat peut sembler fort. En effet, si une partie de ses responsabilités a été déléguée aux collectivités locales et à l’Union Européenne, l’implication de l’Etat français dans le domaine économique est encore très importante puisque la dette publique représente actuellement quasiment 95% du PIB national. De plus, même s’il elle est allègrement critiquée par certains partis politiques, l’Union Européenne permet encore une réelle protection environnementale nécessaire au développement actuel mais surtout futur de nos sociétés.
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