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HISTOIRE VIE POLITIQUE

Par   •  17 Août 2017  •  27 675 Mots (111 Pages)  •  668 Vues

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2.2. La liberté de vote : la délibération, et donc l’éloquence, sont la source de toute légitimité politique

2.2.1. La fabrique des coalitions gouvernementales : celles-ci se font indépendamment du résultat des élections mais cela ne devient problématique qu’avec la IVe République, lorsque les deux partis les plus importants (le PCF et le RPF) sont systématiquement exclus des coalitions (« double oppositions des extrêmes »)

2.2.2. Des élus indépendants de leurs partis : dans un régime de consensus politique (et non de majorité politique), la liberté de vote des parlementaires est nécessaire et normale

2.3. La dispersion de l’autorité entre les pairs : faible autorité du Président du conseil sur son gouvernement, la crise gouvernementale (souvent provoquée par un ministre) est en fait une « méthode de gouvernement » qui sert de substitut à la dissolution et permet d’ajuster les coalitions gouvernementales en fonction des projets de lois

Section 3 – L’échec des tentatives de réformes avant 1958

3.1. Les tentatives de l’entre-deux guerres : l’échec des tentatives de rationalisation du régime parlementaire (ex : commission Marchandeau de 1934) conduisent à la loi du 10 juillet 1940 et à la Révolution nationale du gouvernement de Vichy qui remet en cause les principes les plus forts de la Révolution française (principe d’égalité des citoyens)

3.2. L’échec de la rationalisation du parlementarisme sous la IVe République : la « coutume de la double investiture » met à mal dès 1947 l’autonomie du chef de gouvernement

Conclusion 1958 : le renforcement du pouvoir exécutif conduit au déclin du Parlement

TITRE II

La République des « profanes »

Si la démocratisation de la vie politique est limitée, l’autonomisation du champ politique l’est tout autant. D’abord, parce que cet espace de l’activité sociale a ceci de particulier que la conquête des positions de pouvoir en son sein dépend en grande partie de la mobilisation de soutiens qui lui sont extérieurs. Si elle dépend aussi – et de plus en plus – de l’investiture accordée par les partis politiques sur la base de critères internes, et même si la constitution de « fiefs électoraux » assure une « prime aux sortants » qui augmente leurs chances de succès aux élections, la mobilisation des « profanes » lors des campagnes électorales reste néanmoins décisive pour conquérir le pouvoir ou s’y maintenir. Et cette ardente obligation empêche d’autant plus la fermeture du jeu politique sur lui-même qu’avec la médiatisation de la vie politique les hommes et les femmes politiques sont désormais constamment en campagne1.

Inachevée, l’autonomisation l’est ensuite parce que la construction du champ politique est hautement conflictuelle : d’une part, la différenciation des activités politiques ne se fait pas sans réaction ni résistance du côté des groupes et organisations que les professionnels de la politique cherchent à exclure du champ politique ; d’autre part, la démocratisation de la vie politique provoque la mobilisation de nombreux acteurs qui opposent chacun à leur manière les « lumières » de leur « compétence » ou encore leur autorité « morale » à « la force du nombre ». Nombreux sont ceux qui récusent ainsi ces deux croyances fondatrices du champ politique que la « grandeur originelle » du pouvoir politique (i.e. sa supériorité supposée, fondée sur le suffrage universel) ainsi que sa « grandeur fonctionnelle » (i.e. sa capacité à garantir le bon fonctionnement de la société). Considérant que le suffrage universel n’est pas le fondement exclusif ni même supérieur de l’autorité symbolique et/ou que l’action politique peut poser plus de problème qu’elle n’en résout, ces groupes s’érigent alors en porte paroles de l’opinion publique concurremment aux professionnels de la politique. De sorte que si ces derniers parviennent à imposer durablement certaines règles, le fonctionnement interne du champ politique – y compris son contrôle – leur échappe finalement pour partie. Bien plus, ces mobilisations multisectorielles2 s’accompagnent de nombreux discours sur la « crise de la représentation » qui discréditent les professionnels de la politique au profit des forces centripètes qui les véhiculent. Régulièrement activée – par les Ligues de droite, l’Eglise, les intellectuels, les juristes, les « non-conformistes » de l’entre-deux-guerres, puis des économistes, la « deuxième gauche », et de plus en plus aujourd’hui les journalistes – cette construction sociale de la réalité est consubstantielle à la vie politique démocratique. Mais s’il s’agit avant tout d’une croyance, elle n’est pas sans avoir des effets de réalité : outre les nombreux indices qui attestent de la « crise » à la fin du 20e siècle – l’abstention et la volatilité électorales, le succès des partis extrémistes, les « mauvais » sondages, etc. –, le pouvoir symbolique se décentre progressivement du Parlement vers des « arènes » exogènes (médias, justice) à la fin du 20e siècle.

Ainsi, le champ politique, tout en s’autonomisant, connaît-il simultanément un mouvement de balancier inverse. Et c’est cette tension inhérente au champ politique – entre forces centrifuges et centripètes, entre l’institution parlementaire et les autres, entre le « nombre », la « compétence » (ou depuis peu la « proximité »), entre modèles légicentriste et présidentialiste – que décrivent les deux chapitres suivants au travers des multiples luttes indissociablement sociales et politiques, parfois religieuses, qu’engendre la construction du champ politique.

Chapitre 3 : La porosité des frontières

Section 1 – La subversion du mouvement ouvrier

1.1. L’instauration d’un « protectorat » symbolique autour du champ politique par la loi de 1884 : Malgré ses nombreuses divisions, le mouvement ouvrier, organisé en syndicats clandestins, est porteur d’une conception alternative de la démocratie (une démocratie plus directe que représentative, plus économique que politique). Il fragilise (notamment par la grève) l’instauration de la République. D’où la légalisation des syndicats qui vise à contrôler le mouvement en limitant l’action des syndicats au monde du travail

1.2. Un pari partiellement réussi : la naissance en 1920 du PCF qui s’érige

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