Philosophie: Le Travail
Par Plum05 • 14 Mars 2018 • 5 167 Mots (21 Pages) • 677 Vues
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Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique (1789).
La thèse du texte est la suivante : travailler est un devoir. Ou, si l'on préfère, travailler est conforme à la nature et à notre nature. On peut du coup de cette thèse déduire une réciproque : ne pas travailler serait un péché, une faute contre la nature. Le rêve d'une vie sans travail est donc dépourvu de sens.
La problématique pourrait donc se formuler de la manière suivante : pourrait-on vouloir ne pas travailler ?
L'argumentation centrale du texte est de type métaphysique : inspirée de l'observation du vivant, elle en dégage des conclusions qui certes vont bien au-delà de l'expérience, mais prétendent néanmoins en rendre compte : la nature nous a fait tels que nous devions travailler. Toutes les autres espèces naissent dotées des moyens de leur adaptation, nous devons pour notre part, les produire.
Kant donne ici sa version du mythe de Prométhée (tel que le raconte Platon dans Protagoras) selon lequel deux titans,Prométhée et Epiméthée ont été chargés de doter les espèces vivantes des avantages nécessaires à leur adaptation. Distrait, Epiméthée a doté toutes les espèces sauf l'espèce humaine : son frère Prométhée doit donc se glisser dans l'atelier d'Héphaistos, le dieu forgeron, pour voler le feu et le ramener aux hommes. Le mythe décrit donc l'espèce humaine comme une espèce inachevée , qui doit compenser son inadaptation native par la technique. Ici, Kant n'évoque guère que la raison, le libre-arbitre et la main ; muni de ces seules dispositions l'homme doit tout tirer de lui-même et de la nature
Une argumentation métaphysique se distingue d'une argumentation religieuse en ce qu'elle ne se contente pas de s'en remettre à dieu ou aux dieux, mais qu'elle cherche des preuves ou plutôt des indices pour justifier ses thèses. Ici l'indice c'est que l'homme n'a rien quand les autres ont tout...
(Bien entendu, rien n'oblige à souscrire à ces thèses, ni même à la distinction du métaphysique et du religieux : la nature dont parle Kant, personnifiée à tous les traits ou aspects d'un dieu créateur...)
Les enjeux de la thèse sont considérables : du travail dépend la culture tout entière (lignes 8 à 12 sont évoqués les moyens de survie, les moyens de défense, les arts et le jeux, l'intelligence, la prudence et la bonté du vouloir, c'est-à-dire la vie morale). Mais du travail dépend aussi l’histoire et le progrès humain (ligne 15) : travailler c'est s'élever de la rudesse vers la perfection.
Enfin, ce n'est pas le moindre enjeu, du travail découle la possibilité même du bonheur, défini non comme bien-être mais comme estime raisonnable de soi. (cf cours sur le bonheur)
Il est donc inconcevable de ne pas travailler et selon ce texte les enjeux du travail sont fondamentaux : progrès de la société, de la culture, de la morale commune et individuelle et même bonheur.. ;
3/ le travail essence de l'homme, Marx.
Cette apologie du travail se rencontre encore dans l’œuvre de Marx, qui, sous un autre aspect développera une critique radicale de la forme que prend le travail dans la société capitaliste.
Dans la lignée des penseurs de l'idéalisme allemand, Marx voit dans le travail l'expression fondamentale de l'essence humaine, ce qui caractérise l'humanité en propre
Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l'homme et la nature1. L'homme y joue lui même vis-à-vis de la nature le rôle d'une puissance naturelle. Les forces dont son corps est doué, bras et jambes, tête et mains, il les met en mouvement afin de s'assimiler des matières en leur donnant une forme utile à sa vie. En même temps qu'il agit par ce mouvement sur la rature extérieure et la modifie, il modifie sa propre nature et développe les facultés qui y sommeillent. Nous ne nous arrêterons pas à cet état primordial du travail où il n'a a pas encore dépouillé son mode purement instinctif. Notre point de départ c'est le travail sous une forme qui appartient exclusivement à l'homme. Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules de cire l'habileté de plus d'un architecte. Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche. Le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur. Ce n'est pas qu'il opère seulement un changement de forme dans les matières naturelles ; il y réalise du même coup son propre but dont il a conscience, qui détermine comme loi son mode d'action et auquel il doit subordonner sa volonté. Et cette subordination n'est pas momentanée. L’œuvre exige pendant toute sa durée, outre l'effort des organes qui agissent. une attention soutenue, laquelle ne peut elle-même résulter que d'une tension constante de la volonté. Elle l'exige d'autant plus que par son objet et son mode d'exécution, le travail entraîne moins le travailleur, qu'il se fait moins sentir à lui comme le libre jeu de ses forces corporelles et intellectuelles ; en un mot, qu'il est moins attrayant.
Voici les éléments simples dans lesquels le procès de travail se décompose : 1° activité personnelle de l'homme ou travail proprement dit ; 2° objet sur lequel le travail agit ; 3° moyen par lequel il agit.
Le Capital, Livre premier.
Ce texte de Marx développe une thèse simple : il n'y a de travail qu'humain parce que seul le travail humain, par ce qu'il implique la conscience d'un but et la mise en œuvre de moyens adaptés à la réalisation de ce but un savoir-faire ou une technique)
la première partie du texte explique que contrairement à l'activité animale, instinctive le travail humain n'est pas une simple modification de la nature ; il s'agit plutôt d'une modification concertée et volontaire de la nature. Elle engage donc tout autant la raison et la volonté de l'homme et se présente donc, par excellence comme l'expression de la liberté humaine (si par liberté on entend l'action conjuguée de la raison et de la volonté ou si l'on
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