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Dossier de pratique professionnelle

Par   •  19 Juin 2018  •  5 866 Mots (24 Pages)  •  596 Vues

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Par cette particularité, cette structure propose un accompagnement différent des autres structures que j’ai pu rencontrer. En effet, j’ai pu repérer deux effets majeurs à cette « permanence ». De par cette présence continue, les permanents permettent, avec l’équipe éducative, d’avoir une très grande présence pour chacun des usagers, y compris pour les tâches quotidiennes. Ces tâches sont particulièrement utiles afin de créer des liens avec les jeunes. Comme l’explique Paul FUSTIER dans sa théorie sur le don et la dette et dans son livre « les corridors du quotidien » chapitre 6 intitulé « Le don et la position énigmatique ». Dans ce paragraphe, Fustier explique que lors d'actions telles que préparer un repas, mais également venir travailler chaque jour, il se fait un don. Ce don n'est en réalité, pour le travailleur social, qu'un don de son temps. Mais la personne le recevant le perçoit, selon Fustier, comme « un don d'amour ». Toujours selon Fustier, cela permet deux choses étroitement liées. Tout d'abord, cela permet de faciliter la création d'un lien entre l'éducateur et le jeune, mais également de travailler sur les affects. En effet, ce travail devient possible car l'usager peut ainsi placer l’éducateur à différentes places et, de par la confiance établie par ces nombreux moments passés ensemble, le jeune peut jouer ou rejouer des affects, avec un sentiment de sécurité par la confiance établie, en vivant une expérience rendue nouvelle, grâce à cette situation. Cependant, Fustier met en garde sur l'importance du positionnement de l'éducateur dans cette relation. En effet, il prévient que l'éducateur sera remis systématiquement à une place qu'il doit éviter en gardant la relation dans la réalité. C'est à dire rappeler les places de chacun, l'éducateur n'est pas un parent et ne doit pas se retrouver dans une bienveillance absolue ni, bien sûr, dans le rôle de persécuteur.

Le deuxième point que j’ai repéré est relatif à la mise en place du projet. En effet, chaque membre de l’équipe éducative participe à l’élaboration et la mise en place du projet personnalisé. Toutefois, ce sont les permanents qui permettaient une cohérence dans la mise en place du projet malgré les différents intervenants. Ce sont également eux, qui de par leurs omniprésences étaient le plus au fait de l’histoire de chaque usager et de ses ressentis. Cette présence renforcée autour de l’usager permet de proposer un projet personnalisé très adapté avec un accompagnement qui peut être individualisé.

Cet accompagnement très particulier est proposé à des adolescents qui en ont exprimé l’envie et dont l’établissement qui en avait la charge, en avait jugé l’utilité. Après cette étape préalable, le jeune doit écrire une lettre de motivation. Son dossier et cette lettre sont soumis à l’ensemble de l’équipe du lieu de vie, qui après une décision commune, décide de proposer plusieurs séjours de plusieurs semaines afin de vérifier si l’accompagnement proposé correspond à l’envie et au besoin du jeune, et si ce dernier arrive à s’intégrer au groupe. Je pense aujourd’hui, que cette rigueur dans l’accueil s’explique de par l’accompagnement spécifique proposé.

C’est dans ce cadre que j’ai pu accompagner une jeune fille que nous nommerons Perrine. Elle avait 15 ans, 1 frère et 1 sœur, et parmi ses parents elle n’avait de contact qu’avec sa mère. Elle bénéficiait d’une mesure de protection administrative. Perrine avait été confiée à l’A.S.E. après avoir fait une tentative de suicide dans son établissement scolaire. Avant même de la connaître elle m’avait été décrite comme une jeune fille ayant besoin d’un cadre sécurisant et apaisant, où elle puisse gérer ces nombreuses angoisses et peurs. Tout au long de son accompagnement, j’ai pu faire le même constat. Effectivement, Perrine avait de nombreuses angoisses dans différents domaines, parfois assez commun tels que l’arachnophobie (peur des araignées) et Achluophobie (peur du noir) qui peuvent prendre des proportions démesurées. Mais Perrine était également envahie par des sentiments entravant sa vie et notamment sa vie sociale, comme la peur de l’échec scolaire, et une agoraphobie [3] qui avait été diagnostiquée par un médecin psychiatre. Perrine avait un grand nombre de peur qui lui générait une grande angoisse permanente. Elle peut arriver à gérer une partie de ces angoisses par le contrôle, par exemple le ménage excessif pour les araignées. Cependant, certaines de ses peurs ne peuvent pas être contrôlées comme son agoraphobie qui entrave grandement sa scolarité. Nous avons travaillé avec Perrine dans le but qu’elle puisse poursuivre sa scolarité.

J’ai commencé par accompagner Perrine dans ses activités en prenant progressivement de plus en plus de place. J’ai commencé par seulement assurer les trajets en véhicule, puis progressivement, j’ai pu créer une relation de confiance. Cette relation a pu se créer grâce à cette espace et ce temps qui lui était dédier au moins une fois par semaine. Le verbe « éduquer » vient (du latin ex-ducere), au sens étymologique signifie « conduire hors de… ». La notion de passage d’un état à un autre est donc au cœur de l’acte éducatif. L’éducateur est un accompagnant dans la socialisation de la personne. La socialisation est définie comme un processus d’intégration des normes et valeurs de la société, dans une interaction entre l’individu et son environnement. Les temps de trajet en voiture avec le jeune peuvent alors être perçus comme une matérialisation de l’acte éducatif : « amener vers un autre ». Et par la répétition, la stabilité dans cette accompagnement, Perrine dans une certaine mesure, m’a fait confiance dans ce domaine. De par ce thème, il a été décidé en équipe que je me chargerai de son accompagnement dans la reprise de sa scolarité, qui s’effectuait dans un nouvel établissement.

Avant même de reprendre les cours, l’équipe et moi avons essayé d’échanger au maximum sur ses craintes et ses angoisses vis-à-vis de cette nouvelle phase de scolarisation, par rapport à ses futures camarades, les professeurs, les évaluations, etc. Perrine avait une grande envie de reprendre une formation, mais n’a jamais exprimé de craintes particulières, contrairement à d’habitude sur une nouvelle activité par exemple. Toutefois, nous espérions lui permettre par ces échanges de se projeter afin de pouvoir gérer au mieux ses angoisses futures. Perrine a commencé à exprimer des craintes, la veille de la reprise des cours. Toutefois ses propos était modérés,

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