Marcel Gauchet, Les ressorts du fondamentalisme islamique

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La mondialisation : un moiuvement irrésistible, d’une grande puissance, car il est porté par une logique économique.

3/ Et qu’est-ce que cette mondialisation amène pour les sociétés, y compris les sociétés aujourd’hui gouvernées par l’islam ?

La diffusion des modes de pensée et des modes d'activité développés initialement en Occident, en particulier dans le domaine économique, mais pas exclusivement. Derrière le calcul économique de type capitaliste, il y a la pensée scientifique et, plus largement, le rationalisme occidental, il y a la technique et l'univers industriel avec l'ensemble de ses corrélats, et, couvrant l’ensemble, bien-sûr, le principe d’autonomie, y compris sous sa forme, exacerbée, l’individualisme.

4/ Quel est, de plus, selon l’auteur, le facteur caché dont héritent , avec la mondialisation, mais de manière inaperçue, les sociétés non occidentales ?

Précisément la sortie de la religion (telle que l’entend Gauchet = un religion désarmée politiquement) le principe d’autonomie évoqué plus haut.

V/ Le défi des sociétés non occidentales (en particulier islamiques) face à la mondialisation.

1/ Quel est ce défi ?

Asumer le hiatus ou la brèche entre une histoire encore marquée par le principe religieux d’organisation sociale, et une histoire qui s’ouvre à peine portée par le principe d’autonomie que véhiculent implicitement les instruments de la mondialisation.

2/ Quelles sont les conséquences possibles à court terme d’un tel hiatus ?

Des réactivations radicales (qui remontent aux racines) du religieux, tentatives plus ou moins violentes pour rendre à la religion sa place de fondement de l'organisation collective.

3/ Et les deux traits de ce fondamentalisme ?

Passéime (reactivation massive d’un passé originel) et identitarisme (reactivation dure d’une identité), le tout créant une rupture explosive avec le présent. (le fondamentalisme cherche toujours un sur-musulman, un musulman plus musulman que le musulman existant, le muslman d’aujourd’hui ou le musulman de toujours).

4/ Son rapport à l’ennemi occidental mondialisé ?

Une incorporation des outils modernes de la mondialisation, et détournement identitaire et religieux de leur finalité.

5/ Qu’est-ce qui rend ce phénomène d’appropriation-rejet-détournement particulièrement aigu pour les sociétés islamiques ?

La proximité de l’Islam avec les deux précdentes : judaïsme et christianisme. L’islam apportant le “sceau de la prophétie” : le prophète qui clôt ou achève un cycle de prophétie entamée dès Adam, puis Noé, Abraham, Moïse, Jésus etc.

Une prédisposition au littéralisme de lislam, c’est-à-dire à une lecture littérale du texte religieux.

Mais aussi le ressentiment potentiel des sociétés musulmanes par rapport à la supériorité économique des sociétés occidentales.

Le prosélytisme guerrier qui est dans l’AND de l’islam et qui lui avait fait connaitre de si belles conquêtes et réussites.

Plus le projet politique de l’islam, le projet politique que représente l’islam.

6/ Pourquoi le retour fondamentaliste du religieux creuse sa propre tombe ?

Elle s’ancre dans un type d’homme et d’engagement de plus en plus individualisé qui marque la percée de la démocratie : principe d’autonomie et sortie de la religion. Les djihadistes, par exemple, ont un mode d’existence et d’action tout à fait conforme à l’individualisme regnant au sein des sociétés modernes : individualisme des trajectoires, liens en réseau, communication internet etc.

7/ En quoi le djihadiste contemporain illustre cette religiosité paradoxalement démocratisée ?

Le rejet de toute autorité, et en particulier de l’islam traditionnel et paisible, un mode d’action sauvage et anarchique. L’individualisme voire le narcissisme de leur trajectoire (cf. l’auto-radicalisation sur internet en quelques semaines !).