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Les évolutions de la théorie de la valeur constituent

Par   •  27 Février 2018  •  2 713 Mots (11 Pages)  •  486 Vues

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2°) L’analyse de Ricardo sur la théorie de la valeur

► Pour Ricardo, la valeur d’échange d’un bien est proportionnelle à la quantité de travail nécessaire à sa production : c’est la notion de « valeur-travail-incorporé ».

exemple : 1 heure de travail pour fabriquer une chaise[pic 1][pic 2]

valeur d’une table = valeur de 2 chaises[pic 3][pic 4][pic 5]

2 heures de travail pour fabriquer une table[pic 6]

valeur du bien = nombre d’heures de travail nécessaires à sa production

→ définition objective de la valeur

remarque : le travail pris en compte est non seulement le travail direct dépensé pour produire les marchandises, mais aussi le travail indirect nécessaire à l’obtention des moyens de production ( temps de travail consacré à la production des bâtiments, des outils, des machines…)

► salaires ( subsistance du travailleur ), profits ( résidus ) et rentes versées pour la production du bien se partagent la valeur, déterminée par la quantité de travail incorporé.

C'est Ricardo qui pointera les contradictions de la théorie du travail « commandé » de Smith : selon cette théorie, la valeur d'un kilo de blé dépendrait en effet de la quantité de travail que le blé permet d'acheter. Mais cette quantité de travail est elle-même fonction du salaire... dont le montant est lui-même fonction du prix du blé, puisque les travailleurs consacrent une part importante de leur budget à acheter du pain. Le raisonnement présente donc une grave erreur logique : il est circulaire (familièrement, on dirait qu'il se mord la queue). Il n'est donc pas acceptable.

David Ricardo et le travail incorporé

Ricardo reprend et affine donc la théorie esquissée par Smith à propos de la détermination de la valeur par le travail incorporé, en soulignant un certain nombre de points essentiels :

- la théorie de la valeur n'est valable que pour les marchandises produites, et reproductibles par le travail humain. Un bien non produit (l'air, la terre en tant qu'espace géographique) ou non reproductible (la Joconde) n'entre pas dans le champ d'application de la théorie de la valeur

- la quantité de travail incorporé qui fixe la valeur d'une marchandise est une quantité de travail social, et non de travail individuel. Si un artisan maladroit met deux jours pour fabriquer des chaussures que les autres artisans assemblent en une journée, il ne les vendra pas deux fois plus cher. Sur un marché donné, la valeur d'une marchandise est unique, et elle est le résultat d'une moyenne entre les temps de fabrication des différents producteurs.

- le temps de travail qui intervient dans la création de valeur est un temps total, qui inclut aussi bien le travail directement dépensé dans la production que le travail indirect, passé, qui a servi à fabriquer les bâtiments, machines, matières premières, utilisés. Si pour produire une hache, les forgerons emploient 2 kg de fer ayant nécessité 4 jours de travail, et qu'ils mettent eux-mêmes 3 jours à la forger, celle-ci aura pour valeur l'équivalent de 7 jours de travail.

- C'est la valeur ainsi déterminée par le temps de travail consacré à la production qui règle le rapport d'échange d'équilibre entre les marchandises. S'il faut 7 jours pour fabriquer une hache et 14 jours pour fabriquer un chariot, un chariot s'échangera idéalement contre deux haches (il « vaudra » deux haches). Si l'on prend comme référence non le troc, mais une monnaie, on dira par exemple que si la hache a pour valeur 100 euros, alors le chariot aura quant à lui pour valeur 200 euros. Ricardo emploie le terme de prix naturel pour désigner cette valeur (ce prix d'équilibre) exprimé en monnaie.

- Ce prix naturel est un prix d'équilibre, car si à un moment donné tous les prix correspondaient effectivement aux prix naturels, cela voudrait dire d'une part que pour chaque marchandise, l'offre est égale à la demande, et que d'autre part, aucun travailleur n'aurait intérêt à changer de métier, chaque journée de travail dans les différents métiers étant rémunérée de la même manière. J'ai développé ce dernier point, qui mérite qu'on s'y arrête plus longuement, dans le chapitre appelé la gravitation ricardienne

L'idée que les classes sociales étaient en lutte pour le partage de la richesse, que leurs relations étaient loin d'être harmonieuses, et que leurs inérêts étaient au moins en bonne partie opposés, apparaît très nettement chez Ricardo. Si celui-ci ne parle pas d'exploitation des salariés, et s'il ne la conçoit pas clairement, il établit en revanche avec une grande netteté que la relation entre salaires et profits est une relation antagonique : ce que les uns gagnent, les autres le perdent. Ricardo voit cet antagonisme en quelque sorte comme un état de choses nécessaire, et le rôle dirigeant des capitalistes comme quelque chose qui, d'une certaine manière, bénéficie à tous : les industriels sont des entrepreneurs qui gèrent leurs entreprises, développent la production, et qui contribuent donc à accroître la richesse globale, même s'ils ne la produisent pas directement eux-mêmes.

Mais Ricardo est avant tout, en tant que théoricien de l'économie, un militant des intérêts des industriels face aux propriétaires fonciers. Ricardo n'a rien d'un socialiste. Il conçoit le capitalisme comme l'aboutissement ultime de l'histoire économique humaine : il ne lui viendrait pas à l'idée d'imaginer qu'il puisse, ou doive, être remplacé par une autre organisation. Son problème est donc de favoriser le développement de ce système qui apporte la croissance économique, et de lever les obstacles qui pèsent sur son essor. Or, au premier rang de ces obstacles se trouvent les prélèvements effectués par les propriétaires fonciers, la rente qu'ils ponctionnent étant autant de fonds retirés aux profits des capitalistes. Or, étant donné la nature de leur propriété, les propriétaires fonciers peuvent dépenser intégralement leurs revenus sans se soucier du reste et sans créer ainsi la moindre croissance, alors que les capitalistes, eux, se doivent d'investir, d'augmenter et d'améliorer l'appareil productif, et par contrecoup la richesse de toute la société.

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