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JEC-Educateur Spécialisé.

Par   •  30 Mai 2018  •  3 734 Mots (15 Pages)  •  1 198 Vues

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II - La situation socio-éducative

Lorsque j’arrive au foyer, mon premier jour de stage, une femme joviale m’accueille avec un « Bonjour ma petite dame ! Vous cherchez quoi ? ». En échangeant avec elle, et en nous présentant l’une à l’autre, j’apprends qu’elle s’appelle Silvia[2], et est âgée de 50 ans. Plus tard, mes collègues éducateurs m’expliquent que Silvia présente un retard intellectuel léger associé à une encoprésie. Mascotte du foyer d’hébergement, elle apprécie être en relation avec les autres résidents et les éducateurs. Cependant, elle peut aussi avoir des moments d’énervements lorsque l’équipe éducative ne va pas dans son sens.

En prenant connaissance de son dossier, j’apprends que sa mère est décédée en 1984, que son père a été tuteur mais actuellement c’est une association tutélaire qui est responsable. Après un parcours en divers établissements, elle intègre en 1989 le foyer d’hébergement ainsi que Service d’Aide par le Travail (ESAT) gérés par la même association.

Depuis quelques temps, Silvia n’arrive plus à se laver seule, et doit être accompagnée par une éducatrice à chaque toilette. Lorsque je suis en formation, l’équipe prend connaissance en réunion du mardi de l’hospitalisation du père de Silvia qui est due à son état de santé. L’équipe m’en fait part lors de mon retour sur le foyer, et il est décidé de mettre à l’ordre du jour la situation de Silvia sur le temps de réunion d’analyse des pratiques professionnelles. Le psychologue nous fait part de son point de vue sur la situation de Silvia. Pour lui, sa régression est due à la maladie du père. C’est-à-dire que l’hospitalisation de monsieur et son état de santé préoccupant est l’explication de la régression de Silvia.

Après avoir discuté de la situation de Silvia qui devenait de plus en plus contraignante et préoccupante sur un temps informel, l’équipe éducative prend la décision d’en parler au sein de la réunion du mardi, où la chef de service, la directrice, l’infirmière et l’assistante sociale sont présentes en plus de l’équipe éducative afin d’apporter leurs avis singuliers. Ensemble, nous faisons part du possible parallèle avec l’état de santé du père de Silvia et du fait que cet état de santé serait peut-être la cause de la régression de son propre état.

Après un échange sur cette théorie psychologique, la directrice exige que l’on prenne rendez-vous avec le médecin traitant de Silvia. L’infirmière approuve les propos de la directrice. Il semble que cette seule explication ne leur soit pas suffisante. Une des référentes de Silvia a donc pris un rendez-vous pour la semaine suivante avec le médecin.

Deux jours avant son rendez-vous médical, le lundi soir, Silvia doit mettre la table. Lors de ce temps, Silvia a ingurgité du liquide-vaisselle qui est en libre-service dans la cuisine attenante au réfectoire. Une éducatrice aperçoit la scène alors qu’elle se rend au réfectoire pour ranger les piluliers dans le chariot des traitements. J’étais dans la lingerie, en train d’accompagner un résident à faire une lessive, et je l’entends crier « Silvia ! Arrête ! Mais qu’est-ce que tu fais ! ». En sortant de la lingerie pour vérifier si tout va bien, je vois une autre collègue arriver en courant vers la cuisine. Je me retourne vers le résident que j’accompagne et lui dit que je vais juste vérifier ce qui se passe dans la cuisine, et que je le rejoindrai après. En arrivant dans le réfectoire, la première éducatrice ayant vu Silvia boire le liquide-vaisselle est en panique totale. Je retourne donc vers mon autre collègue qui me demande de prévenir l’éducateur qui était dans le bureau pour qu’il appelle les urgences. Je me rends dans le bureau, prévient mon collègue, qui appelle ensuite le SAMU. Pendant ce temps, je préviens le cadre d’astreinte de la situation, puis je me rends dans la lingerie afin d’expliquer la situation à la personne que j’accompagnais et de la rassurer. Je rassure ensuite les autres résidents présents et les préviens que la SAMU va venir chercher Silvia car elle doit être soignée. Le SAMU prend en charge Silvia, et la transfère à l’hôpital le plus proche. La seconde éducatrice fait une note de situation sur ce qui s’est passé ce soir-là afin que les autres collègues non présents soient au courant. La note a aussi été envoyée à la chef de service, cadre d’astreinte lors de l’incident.

Une consultation des médecins durant son hospitalisation a permis de déceler des pertes de repères spatio-temporels, un déséquilibre et ralentissement moteur, un trouble de l’alimentation ainsi qu’une perte de l’hygiène et de raisonnement.

Avec l’accord et le souhait de Silvia, celui de son père et de sa tutrice, les deux référentes de Silvia ainsi que l’assistante sociale ont envoyé des dossiers de candidatures dans des Foyer d’Accueil Médicalisé (FAM). Les réponses étant toutes négatives, et la situation étant urgente, la directrice en accord avec l’ensemble des professionnels du foyer envoie un signalement à la tutrice, à la cellule des personnes vulnérables du Conseil Départemental, à la cellule des événements indésirables du Conseil Départemental et de l’ARS, à la CHL de la circonscription, à la CDAPH et MDPH du département, ainsi qu’au Procureur de la République afin de leur faire part de l'urgence de la situation.

Suite à ce signalement, les FAM de toutes la France ont donc répondu en nous envoyant des dossiers de candidatures. Cependant, n’ayant pas de place de libre, Silvia est sur liste d’attente. Elle est sortie de l’hôpital après un peu plus de deux semaines d’hospitalisation.

Un soir, vers 18h, j’accompagne Silvia dans sa salle de bain pour lui faciliter l’accès à sa douche qui n’est pas une douche italienne. Ce soir-là, tout se passe bien.

Le soir suivant, une des référente de Silvia, un éducateur et moi-même échangeons dans le bureau sur le fait d’accompagner Silvia lors des toilettes. Pour nous trois, Silvia pourrait essayer de prendre sa douche seule ce soir, en sachant que la douche de la veille s’était bien passée. Cela lui permettrait de retrouver un peu d’autonomie. Par ailleurs, ayant un manque de personnel ce soir-là, nous ne pouvons pas l’accompagner comme tous les autres soirs. Quelques minutes plus tard, une autre résidente arrive dans le bureau en hurlant pour dire que Silvia crie dans sa douche. Je m’y rends avec son éducatrice référente, afin de constater l’urgence de la situation. Arrivées dans la chambre de Silvia, la

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