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Homère cas

Par   •  7 Mai 2018  •  1 647 Mots (7 Pages)  •  420 Vues

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me supplie pas », « pour te pleurer ». Face à cette exhortation à la pitié, Achille se révèle être « d’un cœur de fer dans l’âme ».

Mais cet extrait ne se contente pas de décrire la « belle mort » d’Hector. Il s’attache aussi à décrire le processus de la mort d’un homme dans toute sa singularité.

Enfin, ce texte présente l’intérêt de tenter de saisir au plus près l’instant de la mort qui est l’instant ultime de la vie, instant d’autant plus difficile à saisir, parce que cet instant est un « presque-rien » situé, comme l’affirme V. Jankélévitch, entre le « pas encore » de la vie et le « déjà plus » du néant mortel. Les différentes étapes de la mort d’Hector sont ainsi présentées de manière succincte, avec une gradation notable des adjectifs au fur et à mesure des paragraphes. Il est d’abord présenté comme « défaillant », puis comme « mourant », et enfin « la mort l’enveloppa », si bien qu’il ne possède plus un corps mais un « cadavre ». L’expression « la mort l’enveloppa » est selon nous un tour de force pour décrire le processus de mort, qui intervient, comme le veut la conception grecque, aussi bien au niveau du corps qu’au niveau de l’âme : l’idée d’enveloppement englobant aussi bien le niveau spirituel que le niveau corporel. En effet, Homère ne décrit pas l’immobilisation du corps sous l’effet de la mort, qui reviendrait à décrire la mort sous un angle uniquement corporel. Homère sait sans doute, ou du moins il pressent, que l’instant de la mort est insaisissable. C’est ainsi qu’il nous décrit l’état physique d’Hector avant l’instant mortel, ce qui se révèle à travers son dernier discours : « il dit » et son état après : « Il était déjà mort, et le divin Achille lui dit : Meurs ». L’injonction de mourir adressée par Achille à Hector contribue à donner un aspect duratif à la mort, qu’elle ne possède que dans l’esprit de ceux qui voient les autres mourir. C’est ainsi qu’Homère semble contrevenir au principe d’Epicure, selon lequel : « la mort, n’est rien pour nous, puisque, tant que nous existons nous-mêmes, la mort n’est pas, et que, quand la mort existe, nous ne sommes plus. Donc la mort n’existe ni pour les vivants ni pour les morts, puisqu’elle n’a rien à faire avec les premiers, et que les seconds ne sont plus»( Lettre à Ménécée). La mort, chez Homère, possède au contraire une grande importance, et c’est pourquoi elle dure plus longtemps qu’un simple instant. L’entre-deux de la mort est décrit à travers l’expression : « Son âme, s’envolant de ses membres, alla chez Hadès, déplorant son sort, laissant la virilité et la jeunesse. » En une simple phrase se trouve énoncée la transmigration de l’âme vers le royaume des morts.

Nous pouvons dire que cet extrait illustre à merveille la conception que les Grecs de l’Antiquité pouvaient se faire de la mort, à savoir une mort sans aucun salut ni résurrection possible. Jean-Pierre Vernant a montré de manière superbe comment celle-ci était indispensable au héros qui voulait être digne de cette élite des áristoï (les "meilleurs"), hommes valeureux à qui est promis un indéfectible renom. C’est dans le cadre de cette culture aristocratique de l’honneur et de la mort héroïques que les Grecs répondent à l’angoissante question du sens de la vie. Dieux et mortels évoluent dans le même monde mais il existe une frontière infranchissable entre eux. Achille n’a pas vraiment à choisir entre une vie brève et glorieuse et une vie longue et obscure puisque tout compromis, toute offense lui sont insupportables, ce qui le destine, par avance, à la belle mort. À travers Achille, l’héroïsme parle son langage le plus pur. Sa volonté d’outrager le cadavre d’Hector vise à déposséder ce dernier de la belle mort et, ainsi, à le faire disparaître de la mémoire des hommes : "Non, je n’entends pas mourir sans lutte ni sans gloire, ni sans quelque haut fait, dont le récit parvienne aux hommes à venir", s’insurge Hector. En ce qu’ils veulent laisser une trace de leur passage sur Terre, les héros homériques, tels qu’Achille et Hector peuvent être rapprochés de la figure de l’artiste, qui recherche souvent, à travers ses œuvres , l’immortalité. Mais il faudrait, pour que ce rapprochement puisse réellement être établi, que les actes de bravoure du héros homérique puissent être comparés à des œuvres d’art, ce qu’il n’est pas forcément évident de montrer, sauf si l’on considère que le grand point commun entre l’art et le combat guerrier est le dépassement de soi.

Bibliographie(webographie) :

http://classes.bnf.fr/heros/arret/02.htm

http://www.fabriquedesens.net/L-ideal-heroique-avec-Jean-Pierre

http://books.openedition.org/pur/7316?lang=fr

http://philo.pourtous.free.fr/Articles/A.Perrin/ameetcorps.htm

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