Commentaire composé "J'ai un amant", Madame Bauvary, Flaubert
Par Ramy • 28 Septembre 2018 • 1 308 Mots (6 Pages) • 6 120 Vues
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Premièrement, Emma a un amant (Rodolphe) et veut le faire savoir. Celle-ci rentre dans une expression de ses sentiments tant poussés que l’on sait que Gustave Flaubert a voulu exagérer ces derniers. Le but est de rendre l’attitude d’Emma ridicule auprès des lecteurs : effectivement, cette dernière croit subir une métamorphose de son corps causée par sa relation adultère (« Jamais elle n’avait eu les yeux si grands, si noirs, d’une telle profondeur »), alors qu’il n’en est probablement rien.
De plus, les sentiments et sensations de Mme Bovary sont exacerbés à outrance alors qu'il s'agit d'un adultère. Emma semble idéaliser sa relation amoureuse avec Rodolphe (le narrateur omniscient le sait), alors qu’il s’agit tout de même d’un adultère, faute contre-nature : «Elle se répétait « J’ai un amant ! J’ai un amant ! », se délectant à cette idée comme à celle d’une autre puberté qui lui serait survenue ». Flaubert semble en effet vouloir « salir » l’idéalisation d’Emma avec des mots à connotation péjorative : « immensité bleuâtre », « passion, extase, délire » (champ lexical de la drogue, ayant par définition des effets néfastes sur le corps humain). La belle expression des sentiments d’Emma est pour ainsi dire discréditée, car malgré ses belles paroles, des éléments montrent que l’amour de l’héroïne est irrationnel. Flaubert dénonce par ailleurs les lectures d'Emma, qui l'ont conduite à avoir une relation adultère et à admirer des femmes trompant leur mari (« ce type d’amoureuse qu’elle avait tant envié »), comme le summum du romantisme : « et réalisait la longue rêverie de sa jeunesse ». La naïveté de cette dernière est ainsi montrée. De plus, des expressions dénoncent l'attitude d'Emma : « sans remords », « sans inquiétude », « sans trouble ». Le narrateur laisse entendre que la suite de « cet amour qui jaillissait avec des bouillonnements joyeux » ne va pas être joyeuse car Emma est trop insouciante. C’est là la définition du bovarysme : un trouble de la personnalité dont souffrent parfois les personnes insatisfaites, et qui le seront éternellement. C’est ainsi que Flaubert satire le romantisme, se rapprochant donc davantage du réalisme, bien que le genre littéraire de Madame Bovary reste ambigu. Ce romancier en a d’ailleurs subi les conséquences : un procès de son livre, qui exhibe trop les mœurs de la société, dont il a été acquitté par la suite.
En guise de conclusion, nous pouvons clairement affirmer que l’auteur entreprend une description lyrique d’Emma Bovary qui mène au final à une expression de sentiments ambigus de cette dernière : alors que celle-ci est heureuse, elle va tout de même s’avérer naïve et fière du fait de tromper son mari Charles. Le bovarysme, son éternelle insatisfaction, est également dévoilé. Flaubert, adaptant Madame Bovary à l’image de sa société, va ainsi montrer les mœurs de la société en ne voulant pas l’embellir, donc en s’opposant au romantisme.
Pour chlore, nous pouvons nous poser la question suivante : Est-ce Emma ou le narrateur qui exalte l'adultère et offense la morale publique ?
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