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Commentaire, "Comme une main à l'instant de la mort", Robert Desnos, Corps et Biens, 1930.

Par   •  18 Avril 2018  •  1 715 Mots (7 Pages)  •  1 872 Vues

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Robert Desnos manifeste également l’association de l’amour et de la mort de par la structure et la syntaxe de son poème. On va ainsi pouvoir relever dès le début du poème le déploiement d’une syntaxe très ample, très rhétorique, et donnant comme un effet d’étirement de la temporalité : les phrases sont longues comme en témoignent les vers 1 à 3 (constituants une seule et même phrase), 10 à 14… Cependant, plus l’on avance dans le poème et plus les phrases ont tendance à diminuer : une phrase s’étendant sur trois vers au début du poème puis une phrase sur un seul vers et enfin, les six vers finaux constituent un enchaînement bref et rapide de phrase courtes et simples. Le rythme accélère tout au long du poème, parallèlement au ‘mouvement’ traduit par « la feuille qui tombe » ou encore « la roue qui tourne », la « valse », l’image de la mer au travers du naufrage. Celui-ci va quant à lui se figer progressivement avec la « main qui se crispe » et enfin la fixité du « tombeau » à la fin du poème. Ce poème est donc formé sur un véritable équilibre instable tout comme l’instabilité de l’être, et on relève même une ‘symétrie’ du « je » et du « tu » notamment au dernier vers : « Toi et moi », où le poète exprime leur proximité à tout deux de la mort. Seuls l’amour et la mort illustrent donc une certaine stabilité, l’un dans la vie, l’autre après.

Un autres aspect de ce poème est que Robert Desnos l’a structuré autour d’un ‘jeu’ de comparaisons et d’images. Ainsi, le poète commence son poème sur l’imbrication de deux comparaisons (qui allongent d’ailleurs singulièrement la phrase comme on l’a vu précédemment). Les « regards » qui jaillissent sont donc comparés à « une main [qui se dresse] à l’instant de la mort et du naufrage », on retrouve à travers cette comparaison l’association de l’amour et de la mort. Ensuite, c’est la main qui cette fois-ci est comparé aux « rayons du soleil », en effet ces derniers sont comme des doigts pointés vers le ciel (lorsqu’une personne se noie, son premier réflexe est de lever les mains). Ils connotent donc la mort ou l’agonie (du soleil se couchant : la lumière qui disparaît). Enfin, c’est le « cœur » qui cette fois-ci est comparé à la main : « Comme une main à l’instant de la mort se crispe, / mon cœur se serre ». Encore une fois, le poète relie la mort et l’amour au travers d’une comparaison. Il est tout de même bien de savoir que ces images ont des significations très importantes et chacune, très spéciales.

Nous allons donc pouvoir étudier la symbolique de la main puisque tout paraît s’y rattacher ici. Tout d’abord, la main est une des extrémités du corps (on retrouve d’ailleurs le titre du recueil Corps et Biens à travers la présence de parties du corps justement, dans ce cas-là la main mais également le « regard » donc les yeux), c’est grâce à elle que nous pouvons toucher, prendre… Elle représente dans le poème un lien avec la femme aimée mais aussi la sensualité puisque le toucher permet à l’Homme ‘sentir’ un corps, ses formes… et symbolise donc principalement l’amour. Cependant, comme nous l’avons dit précédemment, Robert Desnos l’associe également à la mort : elle est signe d’adieu lorsque le poète dit « une main à l’instant de la mort ». On pourra donc dire que la main est ici la représentation de l’association de la mort et de l’amour.

En conclusion, nous sommes ici devant un intermédiaire entre le vers libre et la prose, le poète dispose ses vers par unités très souples de sens ou de rythme dans lesquels il a pu faire ressortir un lyrisme élégiaque affirmé et ainsi faire entendre la particularité de sa voix tout en exprimant son amour pour sa « mystérieuse » qui n’est autre que Yvonne George. On aura pu voir que Robert Desnos associe la mort à l’amour aussi bien dans la structure que son poème, que dans sa syntaxe et que ce dernier s’emploi énormément à utiliser des images évocatrices dans son poème.

« La poésie c’est de savoir dire qu’il pleut quand il fait beau et qu’il fait beau quand il pleut. »

- Raymond Queneau –

Plan du commentaire :

Partie 1 : L’association de l’amour avec la mort

Partie 2 : Jeux de structure et de syntaxe et utilisation d’images.

- Le thème de l’amour (à sens unique, registre lyrique…).

- Le thème de la mort (registre élégiaque, naufrage, nature...).

- La fuite du temps.

- Instabilité du poème et de l’existence, rythmes.

- Jeu de comparaisons et d’images.

- Symbolique de la main

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