Baudelaire

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Baudelaire invente un tableau à la manière de Eugène Delacroix.

- Des femmes nues vers 5 et 6, comme les nombreux tableaux de femmes dénudées de Delacroix

- décors surchargés, énormément de personnages présents dans des poses diverses

Cependant Baudelaire peint ici un tableau en noir et blanc contrairement aux tableaux de Delacroix qui sont en couleur → prépondérance du noir et du blanc :

- vers 1, « descendit vers l'onde souterraine » le verbe descendre et l'adjectif souterraine insistent sur l'obscurité

- vers 6, « sous le noir firmament » !

- vers 12, « son front blanc »

- vers 13, « la chaste […] Elvire » Chaste peut faire ici écho à la couleur blanche symbole de pureté

- vers 18, « le flot noir »

C'est pourtant une ekphrasis étrange avec la négation du verbe, mais bien un tableau de Delacroix revisité par Baudelaire.

III- Un plagiat par anticipation ? Don Juan ou la figure du dandy

A- Don Juan, un mythe revisité par les romantiques

1- Une identité criminelle

Don Juan est un criminel.

Pour les romantiques, un criminel est un homme qui s'oppose à la morale établie, c'est donc un révolutionnaire, un révolté. Don Juan provoque l'effroi et la fascination car il fait acte de liberté et est ainsi traité comme un libertin.

Ainsi, à travers son rôle de criminel, Don Juan incarne aussi la figure du romantisme.

2- L'incarnation du dandy

voir définition du dandysme sur le document complémentaire

Le dandy a une attitude exceptionnelle devant l’événement, tout comme Don Juan dans la pièce de Molière. Il est raffiné, possède une élégance physique et revendique une étique anti-conformiste et non-bourgeoise (voire cynique).

- Position du dandy et non-réaction avec l'épithète de nature « calme » vers 19 et 20. Le « mais » montre l'étonnante réaction « ne daignait rien voir » vers 16.

- Indifférent, ne se laisse pas toucher vers 16 avec l'imparfait du subjonctif. Mais pas une marque de mépris.

De fait, Don Juan peut aussi être vu ici comme l'incarnation du dandy par sa singularité.

On observe ensuite une transformation du registre tragique, épique à celui du comique.

B- Une parodie cynique : le rôle du rire grinçant dans l'esthétique baudelairienne

1- Cynisme par rapport aux valeurs religieuses

- Figure religieuse interprété dans le poème par Don Luis.

- Dans la 3eme place, il y a deux personnages, Sganarelle et Don Luis, mais ce dernier est relégué au second plan par rapport à Sganarelle qui apparaît en tête de strophe. → dévaluation du personnage et de ce qu'il représente, la religion.

- Don Luis a un « doigt tremblant » vers 10 = métonymie du grand âge en opposition avec le « fils audacieux » vers 12 accentué par une diérèse. La figure du fils est valorisé par rapport au père qui est perçu comme trembleur et au « front blanc » vers 12, donc maladif, faible.

- Le commandeur représente aussi la religion dans la dernière strophe, il est « droit » vers 17 et fait figure de justice divine à la fin de la pièce. Pourtant, « pierre » au vers 17 va rimer avec « rapière » une épée de bandit à connotation négative. Sa grandeur et donc dévalué en une simple rime, par une épée.

2- Place du comique dans le poème

- Sganarelle est le premier personnage à rire dans le poème vers 9 → « Sganarelle en riant [...] », « en riant » fait étendre son rire sur tout le discours.

- Les femmes vers 5 et 6 sont caricaturés, reléguées au simple rang de troupeau sans intelligence individuelle, alors qu'elles sont normalement des victimes de Don Juan. C'est une animalisation cynique.

- Vers 13 « chaste » est accolé à « maigre » dans un oxymore implicite en parlant d'Elvire, elle est impudique dans le système de valeur baudelairien si on peut voir qu'elle est maigre avec ses vêtements, elle est donc presque assimilé aux autres femmes aux seins pendants de la deuxième strophe.

Le rire dans le poème est lié à l'opposition et aux valeurs détournés des personnages.

Conclusion :

Le mythe de Don Juan a été modernisé et intégré à une réécriture de la catabase et on se demande l'objectif définitif. Don Juan est un dandy et peut être associé à l'esthétique des Fleurs du Mal. On peut voir dans ce poème une possible distanciation d'avec la religion, qui possède un système de valeur dont il est imprégné.

Ouverture : - Cynisme du dandy

- Comment réécrire une catabase après Baudelaire ?

Lexique :

Mythème : (pour Levi-Strauss) : élément principal, principe dont sont composés les mythes.

Ekphrasis : description très précise d'un tableau, jusqu'à pouvoir l'imaginer en image