Analyse de pratique
Par Orhan • 20 Octobre 2017 • 1 655 Mots (7 Pages) • 890 Vues
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du prolapsus mais la patiente a recommencé de plus belle et cette fois, l’infirmière s’est exaspérée et lui a tendu les compresses imbibées d’eau en lui rétorquant : « Et faites-ci et faites-ça ! Tenez, faites-le vous-même ! »
Par ailleurs, elle s’exprimait à l’aide-soignante qui était de l’autre côté du lit en lui disant : « Et après elle va dire qu’elle ne l’ouvre jamais ! »
J’étais debout au pied de la patiente et je n’ai pu que lui dire : « Rassurez-vous Mme I. l’infirmière à l’habitude, elle sait ce qu’elle fait. »
Elle m’a répondu : « Vous êtes si gentille, ne devenez jamais comme elle.»
En effet, la veille, je l’avais aidée à faire sa toilette, j’avais vidé sa poche qui est vidangeable et je lui avais même lavé les cheveux.
Elle s’est laissé faire en continuant à parler et à rétorquer à l’infirmière qu’elle était étroite d’esprit.
L’infirmière a cependant continué en ôtant le support de la stomie qui heureusement n’a pas saigné ce jour-là.
Elle a nettoyé la colostomie avec les compresses en la tamponnant, vérifié l’aspect cutané qui était bon. Elle a ôté ses gants qu’elle a jetés, s’est désinfecté les mains par friction hydro-alcoolique et a remis des gants pour sécher la stomie avec des compresses aussi par tamponnement puis elle a replacé le nouveau support et fixé la nouvelle poche sur le support.
L’infirmière : « Voilà, j’ai terminé Mme I. » Puis elle est sortie de la chambre avec son chariot en soufflant et en levant les yeux au ciel.
Ensuite L’aide-soignante et moi sommes restées pour changer la protection de la patiente puis nous avons pris congé d’elle.
Questions/ Analyse
Avant ce stage, j’ignorais l’existence de la colostomie.
Pour parler de ce dispositif en lui-même, j’ai été assez impressionnée par l’aspect du prolapsus assez important et aussi par l’aspect des selles. Mais cela ne m’a pas rebutée.
J’ai été déstabilisée et je me suis sentie mal à l’aise pendant toute la durée du soin plus par apport au contexte du déroulement du soin. Je crois même que mon attention a été détournée du soin en lui-même. Je me suis retrouvée à la place de cette patiente avec qui j’avais commencé à tisser un lien, puisque je conversais avec elle dès que je le pouvais dans sa langue maternelle : l’italien.
Certes, j’observais le soin que l’infirmière était en train de réaliser cependant, je ne pouvais m’empêcher de penser à ce que pouvait ressentir cette patiente face à l’attitude de l’infirmière. Mais j’ai aussi pensé dans le sens inverse en me mettant à la place de cette infirmière qui subissait les directives de la patiente pour un acte qui entrait dans son champ de compétences.

Une colostomie représente un grand bouleversement pour les personnes touchées qui craignent pour leur qualité de vie. De plus elle provoque une altération e l’image corporelle chez le porteur.
Cette patiente avant sa dernière cure de chimiothérapie qui l’a beaucoup affaiblie, prenait soin de sa stomie seule : elle changeait tout le dispositif.
Depuis, une infirmière passait à domicile les mardi et vendredi pour la changer. Toutefois, elle continuait à la vidanger seule. Sa fille m’a rapporté que sa mère en prenait un soin extrême.
Mon plus grand questionnement s’est porté sur ma posture en tant que soignante face aux différents comportements des différents patients que j’aurai à prendre en charge et à qui je devrai prodiguer des soins.
Cette patiente à son arrivée était très anxieuse face à sa prise en charge étant consciente que la chimiothérapie a été un échec et que son cancer progresse puisqu’elle a des métastases pulmonaires mais hépatiques récemment.
« Vous êtes hospitalisé(e) dans notre unité, et toute l’équipe prend à cœur le bien-être des patients et souhaite être là pour vous aider à mieux vivre votre hospitalisation. » Telle est l’inscription que l’on peut lire sur la plaquette d’information concernant le service.
J’ai donc été interloquée face à l’exaspération de l’infirmière dès le début du soin. Prendre le temps de rassurer la patiente aurait peut-être suffit à atténuer les inquiétudes de cette dernière. Puisque celle-ci était déjà anxieuse face à la progression de son cancer et sa dyspnée.
Prendre le temps de trouver les mots pour l’apaiser pour que le soin se passe au mieux et qu’elle puisse lâcher prise pour ce soin qu’elle exécutait elle-même auparavant.
Le soin aurait alors peut-être pu se passer dans de meilleures conditions aussi bien pour le soignant comme pour le soigné.
Je me suis alors demandé si cela pouvait être lié au nombre d’années de pratique de cette infirmière qui exerce depuis environ 15 ans.
Devient-on moins patient, moins délicat avec le temps ? Alors que le patient doit être au cœur du soin et que la pratique doit être axée autour du bien-être, du confort et de la sécurité des patients.
Le temps peut-il avoir une influence aussi flagrante sur la pratique soignante et impacter nos réactions face aux patients ?
J’ai pu découvrir un soin nouveau mais en parallèle, j’ai pu apprécier la singularité de chaque soin.
En effet, ce soin qui paraissait anodin de prime a soulevé des interrogations par rapport à l’aspect relationnel que peut revêtir un soin.
Et surtout qu’une communication adaptée et une posture d’écoute active et de réassurance peut influencer le contexte de soin et la relation entre le soignant
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