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Les enjeux entre image, architecture et narration

Par   •  7 Avril 2018  •  2 148 Mots (9 Pages)  •  688 Vues

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Ces trois œuvres n’étant pas de la même époque possèdent toutes des éléments propres à chacune, mais on remarque que leurs supports restent à toutes les trois l’architecture. Les fresques de la chapelle Sixtine ont été peintes dans le but de raconter l’histoire de Dieu, permettant au public religieux de se rapprocher de cet être tant vénéré et adoré. Comme l’a également fait Giotto en peignant les fresques de la vie de saint François dans la nef de l'église supérieure de la basilique Saint-François de la ville d’Assise. Et de même pour les œuvres qu’elles y côtoient, les Épisodes de la vie et de la passion du Christ de Simone Martini et La Madone, les saints et les Stigmates d'Ambrogio Lorenzetti. L’architecture de la Renaissance met en valeur les notions de symétrie, de proportions, de régularité, et d’équilibre de motifs, de sculptures modelées avec une extrême précision. Durant des siècles l’architecture obligeait le décor des édifices. Cette notion de contrainte peut aussi être affirmée par le style roman. Ce dernier ne souhaitant pas posséder la même naturalité des œuvres grecques, décroit ou agrandit les figures animales et humaines afin d’intégrer les sculptures et les peintures à l’édifice, de manière à narrer l’histoire du Christ, des saints, et des apôtres. Comme on peut le voir sur la façade de l’église Saint-Nicolas de Civray, la première voussure, entourant le tympan, représente en son centre le Christ entouré des symboles des Évangélistes: l'ange pour Matthieu, le lion pour Marc, l'aigle pour Jean et le taureau pour Luc. De part et d'autre, des anges adorateurs le célèbrent.

Mais l’architecture a évolué, et n’a plus le même but. Le XIXème siècle marque une rupture dans la tradition, de nouveaux matériaux, de nouvelles techniques, de nouvelles formes, l’apparition de nouveaux moyens de communication sont utilisé grâce à la révolution industrielle qui rendra les constructions plus résistantes à l’aide de la fonte et de l’acier. La solidité des structures permet aux architectes de proposés de nouvelles compositions faites de verres et de métal. C’est pour l’Exposition Universelle de 1851 à Londres que Joseph Paxton réalise une serre gigantesque de 3 800 tonnes de fonte et 700 tonnes de fer, le Crystal Palace.

Pour les architectes il n’est plus question de Dieu, il s’agit maintenant de valoriser la fonction de l’architecture plutôt que de la décorer, c’est le rationalisme. La société a également changé, les rapports sociaux et la place de l’artiste ne sont plus les mêmes. Il n’y a pas que l’architecture qui voit naître une évolution et un changement au sein de la société, le dessin n’est plus une simple ébauche, ou une esquisse, il devient l’une des formes des arts visuels qui va pouvoir s’adapter au mieux aux évolutions. Les affiches, les publications à large diffusion font sortir l’art des musées et apparaissent dans nos rues, et dans la presse. C’est le cas pour Ernest Pignon et ses sérigraphies, cette méthode d’art a été créée par les Chinois durant la dynastie Song (960-1279). La forte émigration chinoise vers les États-Unis au XIXème siècle marqua l’entrée de la sérigraphie dans l’ère moderne, la technique se modernisa, sous l’impulsion d’une industrie américaine très performante. Plus récemment, Bansky inspiré par Blek le rat qui est un autre pionner du street art, combine les techniques de Warhol et l'œuvre in situ comme moyen de communication afin de provoquer et de pousser le spectateur à la réflexion mêlent souvent politique, humour et poésie.

Le XXe siècle est une époque riche en évènements historiques qui ont marqué profondément le destin de la planète, avec les progrès de l’hygiène et les grandes découvertes scientifiques, la population explose. Les architectes vont donc réfléchir à de nouveaux types de bâtiments pour accueillir le plus de famille possible. L’école de Chicago créé aux Etats Unis les gratte-ciels à la fin du XIXème siècle, mais rapidement la tendance conquis les autres pays et cela devient un style international. Ces bâtiments par leurs aspects massifs et imposants délaissent et salissent le style de la Renaissance. Mais à côté de cela, les architectes ne cessent d’établir de nouvelles réflexions, tel que Frank Lloyd Wright et son architecture organique, ou Muthesius inspiré par les Arts & Crafts, mais encore Gropius créant le Bauhaus en 1919, puis les architectes modernes créateurs du style international. Mais durant les années 60 ce style est critiqué, et remodelé, il aura fallu attendre les années 70 et 80 pour que l’architecture et la création en général deviennent des moyens d’expressions permettant à l’artiste de s’exprimer mélangeant les styles et les époques, c’est le postmodernisme. De nos jours, cela à encore changé, les artistes sont libre pour leurs créations, ils puisent leurs idées ou bon leur semble et ne suivent plus que leurs propres style, c’est la notion de « liberté créatrice ». Les architectures deviennent des œuvres en elles même, ce sont leurs formes, leurs courbes, leur matières et le jeu de lumière qui leurs servent de décors.

L’art a longtemps été étouffé par certains principes, mais de nos jours elle est complétement libre, permettant une vision beaucoup plus large et mondial. Une image peut être représentée sur différents supports, pas uniquement sur une toile ou une feuille de papier. Elle peut également être appréhendée sous différents angles, interprétée de différentes manières en fonction des jeux d’ombres, de matières, de lumières et de la sensibilité artistique du spectateur comme pour la bibliothèque d’Eberswald. L’art a longtemps servit à véhiculer la narration de l’histoire sainte, à enseigner également, mais de nos jours elle sert à révéler, et interpeller comme les œuvres de Ernest Pignon-Ernest.

Dans son ensemble, la représentation picturale est intemporelle et intimement liée à l’architecture. Dans les œuvres que l’on a étudiés, les images sont effectivement liées à l’architecture par l’utilisation de ce dernier comme du support de l’œuvre mais elles sont absolument opposées dans la volonté de la durée dans le temps. La fresque de Michel-Ange, et la bibliothèque de Herzog et de Meuron sont faites pour durer, alors que les œuvres de Ernest Pignon-Ernest sont volontairement éphémères. L’architecture d’Herzog et De Meuron est plus particulièrement caractérisée par une recherche artistique, concernant l’aspect visuelle, par le choix des matériaux et leur mise en œuvre afin de mettre en relation l'intérieur avec l'extérieur.

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