La musique au coeur de nos émotions corporelles

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La culture humaniste se nourrit des apports de l'éducation artistique et culturelle. Cette ouverture à l’art dans l’éducation comme enseignement pluridisciplinaire a orienté mon projet : raconter par un travail de mime, d’imitation et d’expression corporelle mené en musique, l’histoire du Carnaval des Animaux à partir d’une « version peu conventionnelle du classique de Saint-Saëns qui restitue intact l’humour caustique de l’œuvre originale ». Dans cette réinterprétation ludique et pleine d'humour enregistrée en octobre 2015 par The Amazing Keystone Big Band : « Lion, Poules, Kangourous, Éléphant, Tortues et autres Cygnes prennent vie sous la plume de l’auteur (…). (…) ça caquette côté trompettes, ça rugit côté trombones et ça piaffe côté saxophones. (…) enfants comme adultes découvrent le jazz dans toutes ses expressions. (…) du Blues au BeBop en passant par le Swing et le Free Jazz, des fanfares de La Nouvelle Orléans à la Bossa Nova en passant par le Funk et le Jazz Rock : l’hémione fait du bebop, les poules et le coq sont funky, les lapins plutôt groovy, les oiseaux dansent une samba et les fossiles un lindy hop...

En associant à chaque fois un instrument de musique à un animal, le spectacle fait découvrir au public les instruments du Big Band… ». (The Amazing Keystone Big Band Dossier pédagogique Carnaval jazz des Animaux 2 octobre 2015 http://www.keystonebigband.com/telechargements/carnavaljazz/Dossier_pedagogique_Carnaval_jazz_des_Animaux_maj_02-10-15)

Prolongement : l’exploration de cette forme musicale et la comparaison avec la composition originale sera prétexte à un temps d’écoute attentive et réfléchie pour opérer des distinctions entre le répertoire classique et jazz (entre les instruments, rythmes, variations de tempo…)

Pour se faire, je choisis de m’entourer d’enfants scolarisés en maternelle (un cycle 1 à niveau multiple) qui participent régulièrement à des ateliers d’écoute et de pratique vocales et musicales avec un intervenant extérieur et professionnel en la matière.

Ainsi exercés et habitués à chanter, jouer (on dira manier) un instrument (comme les percussions), je chercherai à éveiller chez eux d’autres sensations en lien avec le son, le sonore, à développer leur curiosité expressive et l’envie de faire évoluer leurs savoirs et connaissances…

Ensemble, lors d’ateliers de motricité quotidiens, nous allons analyser le rapport de la musique au/sur le corps, l’influence d’une mélodie, chanson, de sonorités instrumentales diverses et variées sur notre comportement et notre gestuelle, décrire (décoder), exprimer les émotions suscitées par l’écoute d’un thème musical et en signifier l’impact dans la (re)production de nos mouvements corporels…

Pour mener à bien ma réflexion et la réalisation de cette « mission », je me suis tournée vers des références bibliographiques, sitographiques et autres supports abordant chacune la relation « musique et mouvement » :

- le livre de Simonne MARQUES, Musique et Mouvement à l’école (Décembre 90) qui introduit ainsi son Avant-propos : « Pourquoi une pédagogie Musique et Mouvement ? Parce que la musique est mouvement et qu’il ne peut y avoir de musique sans geste. »

- les recherches de Claire NOISETTE concernant « La musique et la danse sont une même chose pour les enfants de 5 à 7 ans. » où elle démontre l’intérêt des enfants pour le geste et le son et exploite la piste d’une initiation commune à la danse et la musique :

- la position de Monique FRAPAT qui dans « L'invention musicale en maternelle » (CRDP Versailles - 1990) préconise une pédagogie des conduites : « La simple imitation permet de prendre conscience de certaines caractéristiques des sons. Cela conduit à explorer les instruments ou sa propre voix pour s’approcher du modèle, ce qui exige une écoute très précise ».

- Le regard de Claire RENARD qui évoque dans Le geste musical (1982), l’union du geste corporel et du geste musical pour évoquer des émotions : "sans geste, sans mouvement, il n’y a pas de son vivant ». Le jeune enfant passe du geste expressif au geste musical. A l’âge de l’école maternelle, en jouant avec des mouvements sonores, l’enfant expérimente diverses façons de se déplacer, d’utiliser son corps (pieds, mains, voix), de frapper, de frotter des objets.

- L’ouvrage de Joëlle ZARCO, professeur en formation musicale spécialisé en éveil et La Musique par le mouvement dont « la démarche privilégie l’expérience corporelle subjective avant le codage, l’expression du fait musical avant l’écriture, avant le symbole, avant l’abstraction ».

- Les travaux de François DELALALANDE dans La musique est un jeu d'enfant (1984) soulignent le parallèle entre le jeu de l'enfant et le jeu du musicien : « Dès l'enfance, le son évoque et induit le mouvement, et ceci aussi trace le chemin de la pédagogie : l'expérience sensori-motrice, dans laquelle son et geste ne font qu'un, fonde le symbolisme sonore le plus universel, celui du mouvement. »

- La pédagogie Jacques DALCROZE qui repose sur une méthode d'éducation musicale mettant en relation les liens naturels entre le mouvement corporel et le mouvement musical pour conduire au développement des facultés artistiques que sont la rythmique, le solfège et l’improvisation.

- Le concept de « Musicotricité » élaboré par Serge BOESCH pour les classes de maternelle ayant pour principe de mettre en relation l'éducation musicale et l'éducation : le corps est habité par une musique qui lui est propre, une "musique du mouvement" dont la forme est liée à l’originalité de la personne et du moment.

Conclusion générale

Les langages du corps et de la musique continuent d’interroger et d’intéresser bon nombre de spécialistes, pédagogues, artistes, professionnels du corps médical et de l’enseignement…

En témoigne le module consacré à ce thème conçu par le réseau en ligne « l’école d’aujourd’hui.fr » qui invite élèves et professeurs à se pencher sur les liens qui existent entre le corps et la musique en étudiant grâce et par le chant et la production de bruitages vocaux et corporels, toutes les possibilités musicales.

Il est ici question de penser la musique en termes de conduites et non de savoir, enseignement qui a et conserve toute sa place et sa légitimité dans le système éducatif et les nouveaux programmes du Socle commun de connaissances, de compétences et de culture prochainement en vigueur (dès septembre