La Trahison des images - 1929 - René Magritte

...

des images » apporte le premier élément de réponse au spectateur. Ainsi, d’après l’auteur, il faut se fier au texte et non à l’image.

Pour l’auteur de l’œuvre, c’est l’image qui trahit. Magritte a voulu rappeler que, même peinte de la manière la plus réaliste qui soit, une pipe représentée dans un tableau n’est pas une pipe. Elle ne reste qu’une « image » de pipe. Le tableau représente une image de pipe réaliste et simple. Une lumière venant de la gauche l’éclaire, mais aucune ombre portée n’est visible, et elle semble flotter. L’artiste montre ainsi que l’image de cette pipe n’a pas de réalité physique dans notre monde et cette idée est renforcée par la structure particulière du tableau qui ne possède aucun point de fuite.

Magritte a peint ce tableau pour faire prendre conscience de la relation existante entre les objets, leurs représentations et leur identification. Bien qu’il s’agisse d’une représentation d’une pipe, le message verbal nous rappelle que non, que cette image nous trompe. Lors d’une interview Magritte dit : « La fameuse pipe, me l’a-t-on assez reprochée8 Et pourtant pouvez-vous la bourrer ma pipe ? Non, n’est-ce pas, elle n’est qu’une représentation. Donc si j’avais écrit sous mon tableau « ceci est une pipe », j’aurais menti ! ». L’artiste nous amène à considérer le rapport entre l’objet, son identification et sa représentation. .

« La trahison des images » s’inscrit dans une série réalisée par Magritte dont la réflexion porte sur les rapports entre mot et représentation commencée en 1928 avec « La clé des songes » et s’achevant en 1966 avec « Les deux mystères ». Magritte a beaucoup investi le thème des mots et des images comme sa publication dans le N° 12 de la Révolution surréaliste en décembre 1929 peut en témoigner.

Cette œuvre a suscité de nombreux commentaires et interprétations dont l’un des plus célèbres est celui de Michel Foucault, Ceci n’est pas une pipe : sur Magritte, en 1973.

III/ Regard sur l’oeuvre

Cette œuvre m’a interpellé lorsque je l’ai vue pour la première fois. « La Trahison des images » a attiré mon attention par le mélange de simplicité et de complexité qui découle de ce tableau. D’apparence simple, voire simpliste, cette œuvre a piqué ma curiosité, m’invitant à mieux la regarder et à essayer de percer son mystère. Je voulais donc en apprendre plus et c’est pourquoi j’ai choisi cette œuvre.

La démarche de l’artiste essayant de représenter une pensée est un exercice difficile et ce tableau peut paraître déroutant. Représenter une pipe et nous amener nous spectateur, à nous interroger sur la réalité de ce que nos yeux voient a demandé en amont beaucoup de travail, de réflexion. Il me semble que l’artiste a souhaité que à son tour, celui qui observe ce tableau, s’interroge. Les objets d’interrogation sont multiples : la banalité des objets du réel qui nous entourent, leur représentation, leur identification, quel rapport entre l’objet et sa représentation, son identification? Magritte nous invite à une remise en question de ce qui nous est présenté comme une évidence. L’image peinte, est une pensée, il existe un écart entre l’image, la chose et leur mise en valeur par un mot. C’est cette mise en abyme, non picturale mais intellectuelle, qui m’a le plus fortement impressionné.