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Philo - Concilier la foi et la raison

Par   •  4 Juillet 2018  •  2 917 Mots (12 Pages)  •  804 Vues

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Dans ce premier paragraphe, l'auteur formule sa thèse sous la forme d'un théorème. En science, toute loi doit être démontrée et toujours s'appliquer lorsque les conditions nécessaires sont réunies. On s'attend ainsi à ce que Averroès démontre sa thèse dans la seconde partie.

Dans la première phrase de la seconde partie, l'auteur reformule sa thèse en introduisant les notions de rationalité et d'approfondissement dans l'étude de l'univers. Désormais, il parle plus précisément de « Loi divine » au lieu de « Loi religieuse ». Ce changement est important puisque dorénavant c'est Dieu lui-même qui souhaite que le foi et la raison se concilient. Averroès va ainsi essayer de prouver ceci en citant le « Livre de Dieu ». Le terme « clairement » utilisé relève également de la persuasion. Il n'a aucune valeur argumentative, mais ne sert qu'à insister sur le caractère logique et « évident » de la thèse. Le philosophe veut illustrer et prouver sa thèse à travers des exemples et des citations. Cependant, il s'éloigne du coup de la démonstration et s'appuie sur des procédés d'argumentations utilisés dans l'art oratoire pour convaincre l'auditoire. On remarque que l'auteur use de nouveau des parenthèses pour indiquer un commentaire personnel. Cette fois-ci, cette remarque n'a pas un objectif explicatif, mais n'est qu'un moyen pour l'auteur de rappeler sa foi. Il cherche ainsi à rappeler au lecteur que c'est en tant que croyant qu'il a étudié ce livre et en a conclu sa thèse. Il n'est donc pas un athée ou un hérétique qui veut réfuter les fondements de la religion, mais il parle en tant que fidèle qui étudie la religion afin de mieux comprendre ce que Dieu attend des Hommes. Averroès cite par la suite un verset du Livre Saint et désigne cette citation de Dieu comme une « énonciation formelle ». L'adjectif « formelle » signifie : Qui est formulé avec précision, excluant toute incertitude, toute ambiguïté. Ce mot est ainsi associé au au terme « obligatoire » qui suit. L'auteur ne laisse pas le lecteur comprendre lui-même l'enseignement qu'offre la citation et ne se contente pas de simplement l'expliquer, mais il impose sa conclusion. À travers la seconde citation, le narrateur fait de nouveau appel à l'expression d' « énonciation formelle ». Il complète ainsi ce que la citation précédente à permet de prouver. Non seulement il est du devoir de tout Homme de faire preuve de « raisonnement rationnel », mais cette réflexion doit de plus porter sur « tout l'univers ». L'auteur continue en qualifiant indirectement, à travers l'enseignement de Dieu, la réflexion comme un « privilège » dont a bénéficié Abraham. Abraham est un personnage majeur du livre de la Genèse, reprit dans le Coran. Il est l'un des prophètes de l'islam, et il joue un rôle essentiel dans la foi musulmane. Le philosophe musulman tente alors une fois de plus de persuader le lecteur en faisant appel à sa foi. Abraham est un modèle, en tant que prophète, pour les musulmans, en disant que ce-dernier était un penseur, il encourage le lecteur croyant à l'être également. Cependant, cette notion de « privilège » relève d'un paradoxe. En effet, d'un côté l'auteur indique que tout Homme est « doué d'intelligence » et peut donc faire preuve de réflexion. Mais de l'autre, il présente cette réflexion comme une science dont seuls quelques privilégiés ont reçu de Dieu. Suite à l'évocation d'Abraham, Averroès manifeste de nouveau sa foi à travers une remarque personnelle balisée par des parenthèses. La fin de son argumentation devient de moins en moins rigoureuse puisque l'auteur substitue ses explications à un enchaînement de citations. Il devient alors plus distant avec le lecteur. Ces mêmes citations ont d'ailleurs un aspect répétitif puisqu'elles tournent autour de l'existence et de la création « des cieux et de la terre ». Le philosophe semble manquer d'arguments et la distanciation devient complète lorsqu'il utilise l'expression « dans des versets innombrables ». L'hyperbole « innombrables » montre la limite de son argumentation. C'est là la faiblesse de son raisonnement par rapport à une démonstration. En mathématiques, pour prouver qu'une loi est vraie, il faut prouver qu'elle est toujours vraie. S'il y a une exception, cette loi est fausse. Pour démentir la véracité d'une chose, il suffit ainsi de trouver un contre-exemple, c'est-à-dire un exemple où cette chose est fausse. Cependant, prouver la véracité d'une chose est beaucoup plus compliquée puisqu'il faut prouver qu'elle est toujours vraie. Il est ainsi nécessaire de passer par une démonstration. Or, Averroès tente de prouver la véracité de sa thèse en citant des exemples qui l'affirment. Scientifiquement, sa thèse ne peut donc pas être validée.

Dans cette seconde partie, ce texte d'Averroès prend la forme d'un apologue, c'est-à-dire d'un texte à visée argumentative. À défaut de démonstration, l'auteur cherche à faire adhérer le lecteur à sa thèse par la persuasion. Nous verrons si l'auteur a réussi à concilier la foi et la raison à travers ce texte.

Étymologiquement, la foi (du latin fides) est confiance. Le fidèle s'en remet intégralement à Dieu, même s'il ne peut prouver son existence ni déchiffrer sa volonté. Par exemple, dans la Bible, Abraham obéit lorsque Dieu lui demande de sacrifier Isaac, son fils unique, même s'il ne sait pas quelle sera l'utilité de son acte. On peut donc voir que la croyance s'oppose à la raison, qui a besoin de preuves et d'explications. Cependant, certains philosophes défendent une vision où la raison éclaire la religion. La philosophie, par la raison, veut comprendre ce que la religion impose, au lieu de l'accepter aveuglément. Dès le Moyen-Âge, des philosophes théologiens, comme Averroès, ont voulu mettre la philosophie « au service de la théologie ». La raison serait comme la « lumière naturelle » donnée aux hommes par Dieu pour comprendre les mystères de la religion. D'autre part, il semble nécessaire que la science éclaire la religion à cause du danger que l'inverse représente. On peut le voir dans le cas des fondamentalismes religieux qui rejettent le progrès et la science. Les croyances religieuses s'imposent donc parfois aux dépens de la santé. Ce type de comportement est vu comme une folie voire une bêtise par les scientifiques comme Albert Einstein. Il conduit à une

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