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Le savoir humain

Par   •  29 Mars 2018  •  4 813 Mots (20 Pages)  •  516 Vues

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Illustration : Texte d’Emile Benveniste sur le langage des abeilles. / Résultats de recherches récentes sur la communication des animaux.

Conséquence : a) Le mot langage est à réserver à l’homme. Le terme de communication est commun à l’homme et à l’animal.

b) Le langage humain manifeste l’existence d’une intelligence ABSTRAITE, et pas seulement concrète. Il est le signe essentiel de la sociabilité humaine, comme l’a établi Aristote au livre I de la Politique, chapitre 2.

b) Le langage humain manifeste l’existence d’une intelligence ABSTRAITE, et pas seulement concrète. Il est le signe essentiel de la sociabilité humaine, comme l’a établi Aristote au livre I de la Politique, chapitre 2.

Ce texte montre que l’existence du langage humain est finalisé par la nature en tant que rendant possible la vie sociale, c’est-à-dire le besoin connexe de partager des valeurs morales et un désir de justice.

Pour cela, Aristote distingue la voix (phonê) que l’homme partage avec de nombreux animaux, et qui est un son inarticulé. Avec la voix, on peut communiquer des sentiments, des affects, des intentions concrètes, et la parole (logos) qui est propre à l’homme et qui, par l’articulation, transmet un sens abstrait pouvant désigner le juste et l’injuste.

Transition : si le langage humain est le fruit d’un apprentissage, il a bien fallu le mettre au point. Mais quelle est donc l’origine des langues et comment ont-elles pu apparaître ?

II- L’Origine des langues.

Ce problème est redoutable et n’a pas reçu de réponse vraiment satisfaisante aujourd’hui. C’est ce qu’on appelle, en philosophie, une aporie.

Aporie : problème philosophique sans solution.

Il a bien fallu mettre au point le langage humain à partir d’un état où il était absent. Comment dès lors le mettre au point sans pour cela disposer de langage ? C’est un problème anthropologique.

Anthropologie : science qui étudie les comportements expliquant l’homme.

En outre, il semble bien que toutes les langues (environ 6000, vivantes ou mortes) procèdent les unes des autres à partir d’une source originelle unique, comme le montre l’arbre suivant.

1-) L’invention des noms et l’hypothèse du législateur.

Platon, dans le Cratyle, s’interroge, à travers la bouche de Socrate, sur l’origine des noms : est-ce une invention arbitraire ou bien une source naturelle ?

a) Hermogène : les noms sont une pure convention entre les hommes ; ils ne viennent pas de la nature mais de l’usage forgé par l’habitude (384c). Les choses pourraient donc changer de nom à tout moment, selon l’utilité (conventionnalisme).

b) Cratyle s’oppose à Hermogène : pour lui, les noms relèvent de la nature des choses, dont la prononciation révèle la parenté. Le sens propre vient de la nature. (383b) C’est la nature qui impose la désignation.

c) Socrate : il intervient et arbitre l’opposition entre Cratyle et Hermogène. Il faut amender selon lui la thèse de Cratyle. Les mots sont plutôt conventionnels, mais, si c’est le cas, alors il faut faire remonter l’origine du langage à une convention originelle, invention devant alors se passer de langage pour s’établir. C’est là une difficulté redoutable. Socrate imagine alors un « législateur des noms » qui aurait donné à toute chose un nom correspondant.

2-)Rousseau et le problème de la mise au point du langage.

Rousseau (1712-1778) a écrit un traité sur l’origine des langues et montre, dans son Discours sur l’origine des inégalités, pourquoi l’approche théorique d’une mise au point du langage est un problème quasi insoluble.

NB : le présupposé de Rousseau est inverse de celui d’Aristote : l’homme n’a pas de sociabilité naturelle et ne vit pas naturellement en cité. Il est par nature un animal solitaire et asocial. C’est dans ce contexte particulier qu’il faut comprendre l’origine des langues selon lui. L’Etat de nature n’est pas selon lui réel, mais fictif. De fait, l’état dit « naturel » de l’homme le dispense totalement d’utiliser un langage. Comment dès lors celui-ci peut-il apparaître ?

1) Première difficulté : si l’homme vit seul, il n’a pas besoin de parler, pas même pour se perpétuer. Si on suppose une famille constituée et qu’on suppose le langage inventé par le bébé, aucun dialecte ne survivra à la dissolution de la famille, sans compter la multiplicité de « proto-langues » ainsi constituées. Aucune ne peut durer ainsi.

2) Deuxième difficulté : même si on suppose la possibilité de former une langue, un cercle logique se forme, car il faut penser pour former un langage, mais le langage en retour est nécessaire pour penser. En outre, comment nommer ce qui ne se voit pas ?

Conséquence : ce problème de l’origine des langues est bel et bien une aporie, mais en même temps il pose une autre difficulté : celle du rapport entre penser et parler. Une pensée sans parole est-elle concevable ? Peut-on penser sans parler ?

III- Penser, est-ce parler ?

Pour reformuler le problème plus clairement, réfléchir (comprendre + raisonner), est-ce déjà parler (à soi-même ou aux autres) ? On peut distinguer ici deux camps opposés, dont il faut examiner les arguments respectifs avant de trancher.

A- Arguments en faveur de l’identification pensée/parole, dont les tenants principaux sont Hegel, Sartre, Merleau-Ponty ou encore Humboldt.

1) Il est difficile, voire impossible, de penser sans former intérieurement des mots. Sans eux, la pensée est floue, indicible : autant dire qu’elle n’existe pas. La pensée n’est vraiment achevée qu’avec le mot, lorsqu’elle est verbalisée.

2) C’est le mot qui forme la pensée. La structuration du monde dépend en grande partie de la structuration du langage. Pour Humboldt, « les mots précèdent la pensée » et il n’existe pas de pensée sans mot.

3) Dès que la pensée s’efforce de s’exprimer, elle se cristallise dans des mots et fait corps avec eux. Penser n’est rien d’autre que parler en silence, et lorsque la langue est maîtrisée, l’acte de pensée donne des mots sans effort. D’après Hegel, « le mot donne à la pensée son existence

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