Le désir cas
Par Raze • 11 Mai 2018 • 3 307 Mots (14 Pages) • 425 Vues
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D'autre part, l'homme est contradictoire car par nature, il désire, sauf que le désir est infini.
La philosophie platonicienne compare la partie de l'âme qui éprouve des désirs à un tonneau troué que l'homme dépourvu de sagesse consacre sa vie à remplir sans naturellement y parvenir : l'intempérance, loin de connaitre le bonheur, se condamne à poursuivre inlassablement la satisfaction de son désir, et à ne rencontrer que l'insatisfaction. Ainsi, le désir ne peut pas pleinement être satisfait. A la différence du besoin, il est illimité, insatiable, et sans cesse guetté par la démesure. Socrate, par le relais de Platon, nous dit "L'homme qui est dans ce cas, quiconque éprouve désir de quelque chose, désire ce dont il ne dispose pas et qui n'est pas présent; et ce qu'il n'a pas, ce qu'il n'est pas lui même, ce dont il manque, tel est le genre de choses vers quoi vont son désir et son amour": ainsi, la vie d'un être de désir oscille entre la souffrance, quand le désir n'est pas satisfait et que le manque se fait douloureusement sentir, et l'ennui, lorsque le désir est provisoirement satisfait. On ne désire réellement uniquement ce que l'on a pas . Il y aurait donc au cœur de l'homme une absence de plénitude et un inachèvement qui aspireraient à se combler et qui seraient à l'origine de la dynamique même de l'existence. Le désir peut donc être la cause de la souffrance et alors nous pouvons nous interroger sur la réelle utilité de désirer. Comme le dit Epicure, une partie des désirs sont "vains". Ainsi, ces désirs ne connaissent pas de véritable satisfaction car leur objet n'est pas clairement déterminé: alors que l'on ne désire plus manger lorsqu'on est repu, la richesse, par exemple, n'a pas de limite et il est fréquent que ceux qui sont riches le veuillent être encore davantage. Avoir des désirs, n'est ce donc pas finalement en être l'esclave? Or être l'esclave d'une entité, n'est-ce pas opposé à la sagesse? Celui qui désire se trouve en effet sous la loi de son objet désiré qui lui fait perdre le contrôle qu'il a de lui même si les désirs peuvent etre dangereux, c est parce qu ils marquent la soumission de l homme à l'infini, l'illimité, et non sa condition d'être fini.
De plus, Kojève, nous dit que "Désirer le désir d'un autre, c'est donc en dernière analyse désirer que la valeur que je suis ou que je "représente" soit la valeur désirée par cette autre: je veux qu'il "reconnaisse" ma valeur comme sa valeur, je veux qu'il me "reconnaisse" comme une valeur autonome". L'auteur souligne ici que le désir risque d'engendrer du malheur lorsqu' on arrive à satisfaction. Le désir est infini: et le désir humain doit porter sur un autre désir. Désir qui porte sur le fait que d'autres hommes identiques à moi dans leur nature me reconnaissent: les autres me procurent une sorte de satisfaction. La société engendre le désir d'être apprécié, d'être aimé: l'homme a le désir d'être l'objet du désir de l autre. Ce ne sont donc pas que des besoins physiologiques que l'homme nécessite mais aussi des besoins moraux, intellectuels: je veux exister dans l esprit de quelqu'un d'autre. Or être considéré par quelqu'un d'autre est une tâche difficile car signifie avoir prise, contrôle, sur le désir de l autre. Le désir est alors emporté dans un mouvement infini donc il n'est jamais satisfait ou partiellement. L'homme est donc contradictoire car l'homme est un être de désir donc son désir est infini mais comme le désir est infini, l'homme se dirige vers une fin qu' il n'atteint jamais. Or se diriger vers une fin qu'il n'atteint jamais c'est le contraire de la sagesse. Par excès de désir et de jouissance, l'homme peut devenir un risque pour lui même. Ainsi, l'homme peut pas s empêcher de s' imaginer des fins hors de portée car ne se croit pas prêt à quitter le monde cosmique sans avoir satisfait tous ses désirs or il n'en sera jamais comblé. En effet, parce qu'à un désir succède toujours un autre, le désir risque de n'être jamais comblé. C'est pourquoi il occupe tant de place dans notre esprit et s'oppose alors à la raison: dans ce cas, ne serait-il pas judicieux de le borner, dans une perspective d'empêcher le malheur de l'homme dû à l'échec de la quête du désir. Par exemple, celai qui aime l'argent n'est pas rassasié par l'argent. Le désir infini provoque donc des souffrances: une thèse appuyée par Schopenhauer, qui nous dit "le désir est long, et ses exigences tendent à l'infini": une fois la longue et fastidieuse quête du désir finie, une autre la substitue. Borner le désir mènerait alors à une vie avec moins de désirs, c'est à dire une vie moins désirable et donc source d'un bonheur amoindri. Borner le désir revient donc à vouloir poser quelque chose à l'extérieur du mouvement du désir qui vient arrêter ce dernier, le réduire, une réduction ayant des conséquences absolues sur le bonheur des individus. N'est-ce pas tout au contraire en soumettant ses désirs à une discipline rigoureuse, la morale, qu'il est possible d'être heureux? ? Il faut rappeler à ce propos la distinction stoïcienne concernant les choses qui dépendant de nous et celles qui n'en dépendent pas. Jugements, tendances, désirs, aversions: ce qui dépend de nous. Corps, richesse, célébrité, pouvoir: ce qui nous appartient pas. Qui recherche le bonheur serait donc insensé de consacrer sa vie à poursuivre la richesse ou la célébrité dont la possession risque fort de lui échapper car ne dépend pas de lui. En revanche, il lui est toujours possible de mettre fin à sa fascination pour la richesse ou la célébrité en découvrant précisément que l'acquisition de ces faux biens non seulement ne dépend pas de lui mais ne saurait en outre le satisfaire. C'est donc en étant un être raisonnable moral que l'on peut se fixer des limites par soi même, c'est à dire contenir le désir de l'intérieur de son mouvement au lieu de le réduire arbitrairement, qui permettent à l'homme de s'approcher de la sagesse.
Enfin, nous allons étudier le fait que l'homme soit un être moral, ce qui lui permet de mettre en ordre ses désirs.
En effet, la morale a une action sur notre conduite. L'homme, être moral, peut donc par lui même
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