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Toute prise de conscience est-elle libératrice ?

Par   •  27 Juin 2018  •  1 504 Mots (7 Pages)  •  945 Vues

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De même, selon les travaux de Donald W.WINNICOT, psychanalyste britannique, la folie n’est en effet qu’une sorte de « refuge » pour le malade qui ne veut pas affronter une situation psychique qu’il suppose ingérable. Réciproquement, la prise de conscience d’une réalité intolérable pour le surmoi ou douloureuse pour le moi, peut nous rendre « fou »

D’autre part, la prise de conscience peut aussi être source d’obsession et de culpabilité. Celui qui revient sur ses actes passés y trouvera sans doute quelques défauts. Ainsi, regrets et remords découleront de ce regard rétrospectif. Et ce sentiment de honte ou de culpabilité va devenir une véritable torture pour celui qui est incapable d’oublier ; il ne pourra envisager aucun avenir et restera bloqué sur son passé. Et avec le temps, ce sentiment peut devenir une véritable source d’autodestruction.

Enfin, on peut affirmer que la prise de conscience n’est pas automatiquement libératrice car elle ne suffit pas à changer l’individu pour le rendre plus libre. Par exemple, même si les avertissements de mes proches me font prendre conscience de mon éternelle insatisfaction, est-ce que ceci suffit pour que je sois défait de ces défauts ? Au contraire, j’aurai peut-être plus tendance à m’en servir comme excuse « Vous savez bien comment je suis », au lieu d’y réfléchir et me remettre en question. La conscience apparait donc ici comme une fausse liberté puisque je serai toujours dépendant d’une image fausse.

Il nous faut donc bien admettre que la prise de conscience n’offre pas une vraie liberté. Mais quelles sont alors les conditions pour qu’elle soit effectivement source de délivrance dans tous les cas ?

Pour qu’une prise de conscience soit pleinement libératrice, il ne suffit pas qu’elle démasque une illusion. En ce sens, pour qu’elle le soit, elle doit d’abord impliquer l’acceptation de ce qui nous déplait ou nous effraye, nos défauts, par exemple. Cet effort, épreuve positive et constructive, impliquerait d’accepter la souffrance et la surmonter surtout. Certes, la prise de conscience cause du déplaisir souvent, mais c’est au profit d’une satisfaction plus grande de l’esprit, un chemin vers la liberté.

En outre, pour assurer cette liberté dont il est question, une prise de conscience doit impliquer un travail sur soi même pour se détacher de ce qui nous accable. C’est une première étape, nécessaire mais non suffisante d’une délivrance, qui doit être confirmée par l’action.

Par ailleurs, la libération, ou pas, causée par la prise de conscience, dépend de la définition que chaque individu donne à l’expression « prendre conscience ». S’il s’agit de réaliser les faits et prendre conscience des situations seulement, cela ne suffit pas. L’expression a plutôt un sens plus fort, plus profond. Elle signifie que je réalise, certes, ce qui se passe, mais que je dois aussi être en mesures d’analyser cette information pour trouver les raisons ainsi que les solutions à mon problème. Ceci rejoint d’ailleurs les pensées de SPINOZA et PLATON. Lorsque le premier critique les illusions de la conscience et donc de la liberté, il ne renonce pas pour autant à l’idée de liberté. Il invite plutôt les Hommes à développer leurs réflexions sur le sujet, ce qui les rendra véritablement libres.

Enfin, pour que la prise de conscience soit véritablement source de liberté, il est nécessaire de ne pas confondre le court terme et le long terme. En effet, à court terme, la prise de conscience d’une situation psychique refoulée peut être très douloureuse et traumatisante. On pense par exemple à la première année de « ramonage psychique» d’Anna O (période où elle prend conscience de l'origine de ses symptômes). D’ailleurs les analyses préconisées par FREUD sont toujours dans un premier temps traumatisantes, car le retour de refoulé se paye au prix fort (crises d’angoisse, mélancolie…). Mais, au fond, ces accès d’angoisse, de dépression sont un passage nécessaire vers une guérison non pas assurée, mais possible, à long terme.

Ainsi, il faut joindre, conscience et raison pour accéder à la liberté.

Pour conclure, nous pouvons bien affirmer qu’une prise de conscience n’est pas toujours libératrice. Lorsqu’un fils apprend que son père est un tueur en série, lorsqu’un peuple comprend qu’il a remis son destin entre les mains d’un tyran, ce type de conscience est plus traumatisant que libérateur. Néanmoins, nul ne peut nier que toute libération commence par une prise de conscience, à condition que cette dernière permette une réflexion constructive et un travail sur soi-même.

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