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La conscience de soi est-elle une connaissance de soi ?

Par   •  30 Mai 2018  •  2 000 Mots (8 Pages)  •  1 230 Vues

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Enfin, le savoir de la conscience est extrêmement limité car tout fait psychique n'est pas nécessairement conscient, comme le montre Freud, en mettant en lumière l'existence de désirs refoulés. Ceux-ci ne sont pas conscients, car ils choquent les exigences de la conscience, et sont par conséquent censurés par elle ; de plus, le sujet ne peut y avoir un accès direct car une résistance s'oppose à leur retour à la conscience. C'est donc sous une forme symbolique (rêves, symptômes, actes manqués...) qu'ils se manifestent. Dans ce cas, l'introspection et la réflexion ne suffisent pas à prendre conscience des désirs refoulés : c'est par un tiers (le psychanalyste) que je vais pouvoir, au cours de la cure analytique, prendre connaissance de ce qui se trouve dans mon inconscient.

Transition : On le constate, la conscience de soi ne semble guère être une connaissance de soi. Non seulement ses données sont extrêmement partielles et confuses, mais elles sont souvent elles-mêmes trompeuses. Cela signifie-t-il que la conscience de soi n'ait aucune part dans la connaissance que le sujet prend de soi ? Quelles sont les relations exactes de la conscience de soi et de la connaissance de soi ?

III. La conscience de soi, condition nécessaire mais non suffisante de la connaissance de soi

A. Nous pouvons affirmer que la conscience de soi est la condition nécessaire de la connaissance de soi. En effet, de quoi le sujet pourrait-il partir sinon de la conscience qu'il a de lui-même, aussi fragmentaire et superficielle soit-elle ? Que chercherait-il sinon à prendre la pleine conscience de ses déterminations, aussi cachées et inconscientes soient-elles ? Même dans le travail analytique, le point de départ se situe bien dans les données de la conscience : il faut bien commencer par raconter le souvenir conscient du rêve, évoquer donc son contenu manifeste (celui qui apparaît à ma conscience) avant de pouvoir le déchiffrer et mettre à jour son contenu latent. De plus, ce que vise la cure analytique, c'est la prise de conscience des déterminations inconscientes et le renforcement du moi « Là où était le Ça, il faut que le Moi advienne écrit Freud dans le Nouvelles Conférences de Psychanalyse. Il est donc impossible d'éliminer la conscience de soi du processus de connaissance de soi.

B. Toutefois, la conscience de soi n'est pas, comme nous l'avons montré précédemment, une condition suffisante de la connaissance de soi. La lucidité sur soi est par conséquent non pas quelque chose qui me serait donné mais bien plutôt quelque chose qui se construit, et qui se veut, contre les certitudes immédiates de la conscience .

Comment gagner en objectivité sur soi-même?

Tout d’abord par l’expérience et la confrontation de soi-même et du monde.

Je puis bien m’illusionner sur moi-même et me raconter que j’ai telle qualité ou telle incapacité, c’est en fait dans l’épreuve des choses que je pourrais en prendre connaissance.

Ensuite par le dialogue et l'échange avec autrui. Car enfin comment pourrais-je accéder à une connaissance objective sur moi-même en restant enfermé dans ma seule introspection ?

Je n’accéderai à une connaissance objective de moi-même que par la médiation des autres, qui peuvent me dire sur moi ce que je suis incapable de voir. Encore faut-il que je puisse l’entendre.

En ce sens la cure analytique peut servir de modèle : celle-ci part bien évidemment des données de la conscience mais ne s'y arrête pas. Ce qui en révélera le plus long sur le sujet n'est pas ce que celui-ci choisira consciemment de dire mais ce qui lui échappera, ce que précisément il ne voulait pas dire. Dans ce cas, la médiation de l'autre (le psychanalyste) est essentielle : non seulement parce qu'elle permet le transfert mais parce que le psychanalyste m'aide à lever ma résistance pour que puisse dépasser ce qu'a de partiel ma conscience et accéder à mon inconscient.

Mais le rôle essentiel des autres dans la connaissance que je peux prendre sur moi-même ne s’arrête pas là.

Pourquoi des poètes, des romanciers, des cinéastes sinon pour ressentir qui je suis et me trouver ou me retrouver dans ce qu’ils disent d’eux-mêmes donc de nous tous.

Et il en est de même des connaissances que peuvent délivrer les sciences humaines, sociologie, ethnologie, histoire. En prenant connaissance de ce que font, de ce que sont les hommes, je puis mieux me comprendre et me juger.

Et pourquoi lire les penseurs, sinon pour comprendre ce qu’être humain veut dire , et donc apprendre qui je suis, non par la simple conscience de moi-même, mais par l’intelligence des concepts et des analyses de ceux qui humains comme moi ont pensé l’humain avant et mieux que moi. Se connaître soi-même reviendra alors à devenir pleinement soi-même.

Conclusion

La conscience de soi n'est donc pas suffisante pour constituer une connaissance de soi. Certes, la connaissance de soi débute toujours avec la conscience de soi, et nul ne saurait se dispenser du cogito. Mais cette conscience ne me donne accès qu'à des données fragmentaires et souvent douteuses. Se connaître implique que nous prenions conscience justement des limites et des illusions de la conscience et que nous dépassions le pur rapport de soi à soi. La connaissance de soi n'est jamais directe, elle suppose l'aide de l'autre et elle suppose la critique de la conscience par soi-même. Elle suppose de se quitter pour aller à la rencontre des penseurs . Par ce travail, par cette recherche, par cette étude, le sujet pourra accéder à une lucidité sur soi, dans un processus de connaissance de soi qui n’est rien d’autre que la découverte et l’apprentissage de soi . La durée de cette quête sera celle de notre vie.

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