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Suis_je_ce_que_j_ai_conscience_d_etre ?

Par   •  12 Octobre 2017  •  2 056 Mots (9 Pages)  •  484 Vues

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données seront très diverses. Par

exemple, un médecin répondra de manière très précise, en invoquant ses connaissances en

biologie, alors qu’un féru littéraire répondra de manière très abstraite. Certains comme nous

l’avons vu diront qu’ils sont une « âme ». Il se peut que tous aient raison et soient

effectivement différents, mais cela semble improbable. De plus, les réponses qu’ils donnent à

un certain âge n’ont pas été telles toute leur vie. Ainsi, le médecin n’était au départ qu’un

écolier, et ne disposait à l’époque pas de toutes ses connaissances. Si on lui avait demandé

dans son enfance : « qu’es-tu ? », sa réponse aurait très certainement été différente de celle

prononcée à l’âge adulte. Or, il est bien certain que nous nous représentons le « moi » comme

non-changeant, puisque nous avons toujours le sentiment d’être « le même ». Considérons à

présent le cas d’un homme malade (au sens d’une maladie passagère) : si on lui demandait ce

qu’il est, il évoquerait sans doute sa maladie, qui fait partie du « moi » dont il fait

l’expérience. Or, une semaine plus tard, une fois guéri, il n’en fera plus mention car il fera

alors l’expérience d’un « moi » en bonne santé. Cela est aussi valable pour les sentiments :

nous avons une expérience différente de nous-mêmes lorsque nous sommes en colère et

lorsque tout va bien. Nous faisons donc l’expérience d’un « moi » changeant, et non toujours

identique, contrairement à ce que nous pouvions penser avec Descartes.

C’est de cet argument que Hume se sert pour remettre en question la doctrine cartésienne du

« moi », dans son Traité de la nature humaine. Descartes affirme en effet que la vérité sur le

« moi » se découvre par expérience : lors du cogito, alors qu’il doutait de tout, il a fait

l’expérience qu’il pensait, qu’il existait et qu’il était une substance dont la nature n’est que de

penser. Or, si l’on fait attention aux expériences que l’on fait du « moi », on découvre tantôt

que l’on est frustré, tantôt que l’on a faim, chaud, etc. L’Homme s’éprouve ainsi toujours de

façons diverses. C’est pourquoi le « moi » n’est pas trouvable à l’état pur dans notre

expérience. Nous pouvons aussi noter que, si Descartes avait raison, il devrait en permanence

faire l’expérience de cette « âme », or il semble qu’il ait dû déployer des efforts certains pour

découvrir cette « vérité ». Si nous faisions vraiment l’expérience de la « substance » en tout

instant, chacun ne devrait-il pas répondre qu’il est une âme ?

On ne peut que suivre Hume lorsqu’il écrit que « le moi, […] ce n’est pas une impression

particulière, mais ce à quoi nos diverses idées et impressions sont censées se rapporter ». En

effet, lorsqu’on a une impression, c’est l’impression de « moi ». On ne peut se passer du

« moi », mais le « moi » tel qu’on l’éprouve, soit le « moi » empirique, est différent du moi tel

qu’on le suppose, et dont on ne peut se passer, le « moi » transcendantal (en utilisant les

termes de Kant). Ce moi, tel qu’on le suppose est ce qui fait que nous avons conscience d’être

toujours, au fond, le même depuis notre petite enfance. Nous avons donc montré que le

« moi » tel qu’on le suppose ne peut être associé à l’expérience, vu que le « moi » dont nous

faisons l’expérience change sans cesse. Nous avons conscience de ce dont nous faisons

l’expérience, or cela ne peut pas être le « moi ». Il semble donc que nous ne sommes pas ce

que nos impressions, ou l’expérience que l’on fait de nous, nous indiquent. Mais alors

comment savoir ce que nous sommes ? Et quand bien même nous aurons l’impression d’être

conscients de ce que nous sommes, le sera-t-on pleinement ?

Il est parfois des phénomènes que l’on ne peut expliquer en puisant dans notre

conscience. Par exemple, certains troubles psychiques comme les phobies ne peuvent être

expliqués par ceux qui en sont victime. Or, ce sont bien eux qui devraient être conscients des

raisons de la phobie dont ils souffrent. Dans un autre registre, les lapsus sont également

inexplicables en se bornant aux données de notre conscience : si après avoir prononcé un

lapsus on se demande pourquoi on a prononcé un mot à la place du mot que, consciemment,

on aurait voulu prononcer, on ne trouvera pas de réponse. On pourrait penser que ces lapsus

s’expliquent par la ressemblance entre les mots, mais alors comment expliquerait-on les

phobies ? Il arrive même que parfois nous éprouvons des émotions : de la joie, de la colère,

sans raison apparente, ou consciente. On pourrait alors penser que la cause de tous ces

phénomènes est neurologique, et que donc notre

...

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