Pourrions-nous être nous-même sans autrui?

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une conscience empirique qui est marqué par la conscience de ce qui nous entoure.

La société crée beaucoup de contraintes, plus le groupe dans lequel nous sommes est grand, moins on se distingue des autres. La société ne retient que ce que nous avons en commun, donc c’est-à-dire le contraire même de notre personnalité authentique. Plus la société est nombreuse, plus elle est fade.

Dans un premier temps, le monde qui nous entoure nous pousse à ne pas être nous-même. Schopenhauer a dit que nous sacrifions notre individualité, notre singularité à la société. En effet, nous avons tendance à ne pas vouloir se faire remarquer, à faire en sorte de plaire à autrui en jouant le rôle qu’on nous a donné pour être conforme à une certaine image et ne pas sortir de la normalité, on peut observer ceci dans La Comédie Humaine de Balzac où il décrit la complexité des rouages de la société. Pour ne pas blesser les personnes nous entourant, on ne peut affirmer ceux que nous pensons. Ceci nous empêche d’être sois-même. Comment pouvons nous être nous même si un regard constant pèse sur nos épaules? Comment se distinguer dans une société pareille? Pour pouvoir être sois-même il faudrait donc ne plus sentir le regard pesant d’autrui, il faudrait donc être seul. Nous sommes donc tenu à porter des masques pour masquer ce que nous pensons et ressentons vraiment devant autrui, tenu à cacher la conscience qui fait de nous des Hommes. Jean Jacques Rousseau affirmait, dans Discours sur les sciences et l’art: "Il règne dans nos mœurs une vile et trompeuse uniformité, et tous les esprits semblent avoir été jetés dans le même moule".

De plus, seule la solitude permet de se retrouver. Plus un individu a une personnalité forte, plus il cherchera à s’isoler pour ne pas être obligé de se conformer avec la société. Seul avec moi-même je peux me connaître tel que je suis. Cette connaissance me permet d’exister, non en fonction des autres, mais par rapport à ma nature profonde et véritable. Épictète va dire "Homme, si tu es quelqu’un, va te promener seul, converse avec toi-même et ne te cache pas dans un chœur" dans son ouvrage Entretiens. Descartes pense aussi qu’on peut penser seul, on n’a pas besoin d’autrui pour avoir conscience de soi. Dans le solipsisme cartésien, le “moi” est plus certain que le monde, qu’autrui.

On peut rajouter à cela qu’autrui empêchent également l’homme d’être lui même car il ne peut pas le comprendre. Gaston Berger disait “Les autres ne peuvent pas me violer ma conscience, je ne peux pas leur en ouvrir l’accès”. La personne que je suis vraiment ne peut pas être comprise, elle est trop différente et trop complexe pour être saisie. Il est parfois difficile à un individu de se comprendre lui-même; pour comprendre l’autre c’est encore plus difficile, c’est pour cela qu’être sois-même se simplifie si nous sommes seul.

Il faut donc trouver un moyen d’être sois-même dans la société. Il faut penser par sois-même pour réaliser ceci, cela qui implique de se méfier de l’opinion d’autrui, d’en douter, et d’apprendre à se connaître. C’est ainsi qu’Alain écrit dans Mars ou la Guerre jugée "chacun a pu remarquer, au sujet des opinions communes, que chacun les subit et que personne ne les forme". Pour être sois-même, nous devons nous méfier de l’opinion publique qui nous conduit à penser, non pas par soi-même, mais à se conformer à l’avis général. Il faut toujours se remettre en question pour être sois-même. Descartes, par exemple, décrit dans le Discours sur la méthode comment il prit un jour le parti de rejeter tout ce qu’on lui avait enseigné. Il pouvait ainsi entreprendre la construction de sa propre réflexion et en être sûr, car il ne subissait plus l’influence de connaissances mal assurées. Enfin, pour être soi-même, il faut apprendre à savoir qui l’on est. Socrate a repris à son compte l’adage populaire "connais-toi toi même". C’est donc en descendant au plus profond de soi même que l’on peut saisir sa véritable nature tout en comprenant l’Homme en général.