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L'étranger, Albert Camus, le procès

Par   •  8 Octobre 2018  •  2 195 Mots (9 Pages)  •  727 Vues

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Conclusion

Ce plaidoyer se révèle en effet caricatural en raison de la stratégie de défense choisie par l'avocat ,En conséquence, Meursault se sent étranger à son propre procès, comme dépossédé de sa propre histoire par son avocat, ce qui justifie son désintérêt grandissant et l'entraine dans la nostalgie d'une vie qui ne lui appartient désormais plus. Le personnage évolue : étranger à lui-même et à sa propre existence au début du roman, il gagne en épaisseur psychologique, en intériorité, comme si les épreuves accumulées l'aidaient à devenir pleinement lui-même, homme.

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L'excipit

I - Un passage lyrique

- La quiétude enfin retrouvée

- En cette fin de roman, M semble livrer pleinement ses sentiments et sensations personnels au lecteur, comme le montrent les expressions « montaient jusqu’à moi » (l. ), « rafraîchissaient mes tempes » (l. ), « entrait en moi » (l. ), « je me suis senti » (l. ), « j’ai senti » (l. ), dans une sorte de monologue où la première personne est associée à des verbes de perception.

- Le premier sentiment qu’il exprime est alors un sentiment d’apaisement, dû au départ de l’aumônier, et au fait qu’il se soit retrouvé seul : « Lui parti, j’ai retrouvé le calme » (l.1). Le déchainement verbal et pulsionnel auquel il s’est livré semble l’avoir vidé de toute animosité (« j’étais épuisé », l. ; « Comme si cette grande colère m’avait purgé du mal, vidé d’espoir » l. ), de sorte qu’il s’endort (« Je crois que j’ai dormi », l. ). On a l’impression que ce sommeil, en plus d’être réparateur, symbolise une sorte de renaissance du personnage, qui se réveille calme et tous les sens en éveil, dépourvu de toute crainte liée à sa mort prochaine.

- Le cadre temporel est d’ailleurs favorable à cette quiétude : il fait nuit («étoiles », l. ; « à la limite de la nuit », l. ; devant cette nuit chargée de signes et d’étoiles », l. ), et M, lorsqu’il parle de sa mère, présente ce moment comme celui privilégié d’« une trêve mélancolique » (l. ).

- La fusion lyrique avec le monde

- Bien qu’enfermé dans sa cellule, Meursault semble entrer en communion avec la nature, comme le montre le fait que chaque évocation de la nature est rattachée à la personne de M, à son corps (« avec des étoiles sur le visage », l. ; « Des bruits de campagne montaient jusqu’à moi », l. ; « Des odeurs de nuit, de terre et de sel rafraîchissaient mes tempes », l. ; la comparaison l. ). L’attachement du personnage aux sensations transparaît bien ici : on note la référence à des sensations visuelles (l. ), auditives (l. ) et olfactives (l. ), comme si, au moment de mourir, la vie prenait une importance inédite, comme si chaque chose acquérait une certaine valeur.

- Il semble ne faire plus qu’un avec le monde, et se livre entièrement pour la première fois, comme le souligne l’emploi du verbe pronominal « s’ouvrir » : « je m’ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde » (l. ). L’oxymore « tendre indifférence » signale que le personnage accepte l’absence de sens, l’absurdité de l’existence et qu’il l’envisage comme salvatrice.

- Le lyrisme de l’écriture

- Le lyrisme est renforcé par le style de Camus qui, aux nombreuses comparaisons (l. , , …), allie des répétitions (« pourquoi », l. et ; « si pareil… si fraternel », l. et ) et des anaphores (« Là-bas », l. ; « Personne », l. ; « pour que », l.), ce qui accentue l’intensité des sentiments exprimés par M.

- En outre, l’usage dominant de l’imparfait semble faire durer de manière indéterminée ce sentiment de plénitude (l. , , , …). L’instant présent s’étire pour Meursault, voire se mêle au passé (souvenirs de la fin de vie de sa mère).

Ainsi, ce monologue lyrique témoigne de l’apaisement de Meursault, ce qui va transparaître dans l’évocation de sa mort et de celle de sa mère.

- L’acceptation de la mort et la revendication de son étrangeté

- Le détachement par rapport à la mort

- Un bruit rappelle l’imminence de la mort (« des sirènes ont hurlé », l. ). Mais M ne perd pas son calme (qui m’était indifférent », l. ). D’ailleurs, la mort est évoquée à l’aide de périphrases (« Elles annonçaient des départs pour un monde », l. ) et d’euphémismes (« où des vies s’éteignaient », l. ), qui peuvent signifier qu’elle a perdu son caractère effrayant pour M et qu’il l’accepte, voire qu’il lui trouve une dimension bénéfique.

- Cette mort, tout d’abord, réveille en lui le souvenir de sa mère : ce fait exceptionnel est souligné par l’expression « pour la première fois » (l. ).En effet, c’est la première fois que M l’évoque longuement, après l’annonce froide de sa mort dans l’incipit et le refus d’en parler au procès. L’épilogue du roman fait donc écho à l’incipit.

- L’expérience imminente de la mort en prison rapproche enfin M de sa mère, qui a connu l’attente de la mort à l’asile (« là-bas aussi », l. ; « moi aussi », l. ). L’incompréhension cède la place à la compréhension (« je comprenais pourquoi à la fin d’une vie elle avait pris un « fiancé », pourquoi elle avait joué à recommencer », l. ; « Si près de la mort, maman devait s’y sentir libérée et prête à tout revivre », l. ). Ainsi, M laisse entendre que c’est la vie terrestre seule qui importe, que la proximité de la mort l’avait fait comprendre à sa mère et que c’est pour cette raison qu’elle avait décidé de profiter de tous ces instants de bonheur qui s’offraient à elle (fiancé). C’est donc la mort qui donne, rétrospectivement, toute sa valeur à la vie.

- Cette pensée du bonheur de sa mère le déculpabilise, de sorte qu’il délivre son propre sentiment sur la question de sa culpabilité concernant la mort de sa mère et son insensibilité : elle avait été heureuse avant de mourir, de sorte que « personne n’avait le droit de pleurer sur elle » (l. ). Ce mot « personne » englobe les autres, mais aussi M lui-même, qui se révèle alors comme un bon fils, puisqu’il n’a pas pleuré.

- Un homme étranger

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