ALBERT CAMUS EPILOGUE ETRANGER
Par Andrea • 27 Avril 2018 • 1 329 Mots (6 Pages) • 765 Vues
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II° L’absurde paradoxe de la condition humaine :
Le narrateur imagine une forme de futur qui aurait pu se passer autrement. Cela traduit un paradoxe puisqu’il se trouve à quelques heures de son exécution. Au moment de mourir, sa vie prend tout à coup une importance dans le temps « prêt à tout revivre » (l.69). Il a une prise de conscience paradoxale dans les derniers moments de sa vie.
a) La disparition de la linéarité du temps
Tout au long du roman, nous avons vu que Meursault était sans arrêt prisonnier d’un temps isolant : son champs d’action et de pensées semble se limiter au temps présent et au passé ou futur très proche.
Dans la première partie de notre extrait, la temporalité semble particulièrement importante : « J’avais eu raison, j’avais encore raison, j’avais toujours raison. J’avais vécu de telle façon et j’aurai pu vivre de telle autre. J’avais fait ceci et je n’avais pas fait cela ». L’utilisation du plus-que-parfait, de différents futurs, est ici novatrice. Pour la première fois, le narrateur envisage sa vie dans un champs temporel beaucoup plus large, et pire encore, n’hésite pas à imaginer un nouveau futur : « J’aurai pu vivre », ou encore « du fond de mon avenir… les années pas plus réelle que je vivais ». C’est éminemment paradoxal, étant donné que seules quelques heures le séparent de son exécution ! Or, au moment de mourir, sa vie prend une importance dans le temps encore inédite, voire même fantastique : voir image du « souffle obscur » qui « remonte » du futur.
b) un extrait absurde
-Il semble qu’un « nouvel homme » renaît à quelques heures de sa mort, ce qui peut sembler absurde. Alors que tout au long du roman, Meursault semble prisonnier du temps, il envisage, à l’approche de sa mort, son existence dans un champ temporel plus large (plus-que-parfait (l.3-16) et conditionnel (l.15)).
-Il semble que cette mort soit une libération et un apaisement pour Meursault. On note un certain lyrisme avec l’expression des sentiments du héros. Une allitération en « m », sonorité douce, traverse tout le deuxième paragraphe.
-L’instant présent est même valorisé (l.76 et 78).
-Il réutilise le vocabulaire du prêtre « destin » (l.29), « frère » (l.32), « privilège » (l.33). Cette réalité permet au héros de s’affirmer pleinement et lui procure même un sentiment de puissance.
-Le dernier mot du roman est « haine ». Il annonce peut-être la révolte dans la suite de l’œuvre de Camus. La dernière phrase a plusieurs explications, la révolte de Meursault, l’ironie « accueillent »/ »haine », le sarcasme.
c) La condition humaine :
-Chaque personnage est cité dans l’extrait mais il semble équivalant et interchangeable. Ce constat de Meursault est établi quelques heures avant sa mort. Il ne dévoile pas les bons moments passés avec eux. Ses proches semblent sombrer dans l’indifférence. Ils appartiennent au passé. L’être humain se retrouve donc seul face à sa propre mort, face à une multitude de détail.
-Le héros perd toutes ses certitudes. Tout est remis en cause. Les questions ont de l’importance « comprenait-il ? » (l.33), « n’est ce pas ? » (l.27). La seules chose qui compte et qui enlève toute valeur aux évènements de la vie est la mort « j’était sûr de moi, sûr de tout, plus sûr que lui, sûr de ma vie et de cette mort qui allait venir » (l.10). La mort devient finalement son destin.
-Meursault fait partie intégrante du monde « étoile-visage » (l.53), « nuit-temps » (l.56), (odeur-rafraîchit » (l.55), il s’agit d’une véritable communion entre l’homme et le monde qui l’entoure.
CONCLUSION :
Dans ses Carnets, Camus écrit « la mort ! A continuer ainsi je finirai bien par mourir heureux. ». C’est ce paradoxe que l’on retrouve de manière évidente dans l’épilogue. « Pessimiste quant à la condition humaine découvre l’absurdité de la condition humaine » c’est à travers révolte et colère que l’homme découvre l’absurdité de la condition humaine. Il faut d’abord renoncer à l’espoir, se retrouver face à la mort, pour comprendre quel est le salut de l’être humain. Ce salut, c’est à travers le stoïcisme et l ‘épicurisme. Reste à apprécier le lyrisme extrêmement efficace du dernier mouvement, d’autant plus touchant qu’il est le dernier cri de cet homme, la dernière « sirène », et que c’est, paradoxalement un cri d’amour et de vie.
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